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À BOUT DE SOUFFLE


de Jean-Luc Godard



PROGRAMMATION FEVRIER 2011

France, 1959, 1h29
Avec Jean-Paul Belmondo, Jean Seberg,Daniel Boulanger
RÉÉDITION

L'itinéraire d'un jeune délinquant qui, après avoir volé une voiture et tué un policier, est traqué par la police... Le premier Godard est d'abord un hommage aux petits polars secs importés de Hollywood. Il marqua également un renouvellement du style cinématographique, devenant le film phare de la Nouvelle Vague française.

« « Après tout... j'suis con », dit le jeune homme au tweed et au chapeau. Michel Poiccard vole une voiture à Marseille, tue un motard, cherche à Paris un type qui lui doit de l'argent. Mufle charmeur, il drague assidûment Patricia, oiseau des Amériques qui vend des journaux sur les Champs...
Le premier Godard est d'abord un hommage aux petits polars secs importés de Hollywood. Mais ce qui le singularise a posteriori, c'est le succès qu'il remporta, critique et commercial. À bout de souffle exprime l'illusion collective de la Nouvelle Vague : Truffaut scénarise, Chabrol supervise, ça sent le tournage entre copains, presque potache, et il faut cette légèreté au bord de la parodie pour que l'affaire se tienne. Mais l'essentiel est ailleurs.
Dans le «renouvellement du style cinématographique», comme on disait dans Radio-Cinéma. Godard, et lui seul, marque à ce point son territoire : montage, bande-son, et ce n'est que le début. Ce grand coup de neuf demeure un moment de rupture. Difficile pourtant de lui attribuer le charme spécial de À bout de souffle, manifeste moderne et truc à la mode, source d'éternel malentendu autour de son auteur. On ne cessera de reprocher ensuite à JLG son trop d'intelligence, alors qu'il avait su bricoler ce drôle de film, beau et (un peu) con à la fois. Qui trouve, de scènes de rue en scènes de chambre, la veine d'un documentaire sur son duo de jeunes acteurs. Belmondo et Seberg démodent instantanément tout ce qu'on voit autour d'eux. Avec le recul du temps, on les croirait découpés dans un magazine et collés sur une époque indifférente à ces gamins idéaux. La vie est pourtant de leur côté, c'est un souffle qui passe encore deux générations après. »

François Gorin

« Cette révolution technique, guidée par le refus de la syntaxe, le goût de l’audace et de la provoc, donnera aux cinéastes de la Nouvelle Vague les moyens de leur ambition : une idée par plan. A bout de souffle impose aussi une insolence de ton (…). Un film sur la lâcheté, le pressentiment, la trahison, la mort qui rôde. Sur la difficulté à être ce que l’on prétend, à savoir ce que l’on est. Godard y prône l’Amour, seule solution de rechange au Néant dans lequel baignait la jeunesse de l’année où fut tourné le film. Poicard, rebelle, censeur d’un monde « dégueulasse », est ici l’héritier du Gabin du Jour se lève et le grand frère des casseurs de 68. »

Jean-Luc Douin, Télérama

Séances

vendredi 4 février à 18h30

samedi 5 février à 15h
dimanche 6 février à 14h30
jeudi 10 février à 20h30
dimanche 13 février à 20h30