PROGRAMMATION FÉVRIER 2007
USA, 1979, 3h22, VOSTF, interdit -12 ans
Avec Martin Sheen, Marlon Brando, Frederic Forrest
Avec Martin Sheen, Marlon Brando, Frederic Forrest
Pendant la guerre du Vietnam, le lieutenant Willard se voit confier une délicate mission : éliminer un colonel des Forces Spéciales. Une épopée guerrière et philosophique emportée par le souffle opératique des grands drames shakespeariens. Vainqueur de la Palme d’or en 1979 avec cette transposition pendant la guerre du Vietnam du roman de Joseph Conrad, le cinéaste américain en présente une nouvelle version remontée et augmentée de 53 minutes, qui renforce l’encrage historique et mythique du film.
« Film événement sur la guerre du Vietnam, Palme d’or à Cannes en 1979, Apocalypse Now reste, plus de quinze ans après sa sortie, un monument du cinéma. Toutefois, il est intéressant de le replacer dans la série de films que suscita l’enlisement américain en Extrême-Orient. Certain, comme Platoon plus tard, traiteront de la guerre dans toute son horreur ; d’autres, comme Voyage au bout de l’enfer, en montreront plutôt les conséquences, ses séquelles physiques et morales. Le film de Coppola est une synthèse de ces deux tendances. À travers le portrait de Bill Kilgore, c’est la folie de la guerre et la suppression des interdits moraux qui permettent tous les excès que Coppola dénonce. En suivant les destins croisés de Benjamin Willard et Walter Kurtz, il analyse la prise de conscience et les réactions de deux êtres aux antipodes, jetés dans un même cataclysme. Remontée dans le temps et la barbarie, Apocalypse Now est, sous des aspects hollywoodiens parfois pesants, une œuvre très personnelle, une réflexion profonde sur l’homme et son évolution. La confrontation finale dérisoire avec Kurtz, illuminé et lucide, prouve que l’utilisation de la violence ne résout rien. Le danger demeure, la folie des hommes aussi. »
Gérard Camy, Télérama
« La ressortie du film de Coppola, dans une nouvelle version rebaptisée Apocalypse Now Redux, remixée et augmentée de 53 minutes sous la supervision du réalisateur et de son monteur, Walter Murch, sa présentation à Cannes, permettent de découvrir un film plus riche, plus romantique, dense, précis, et contemplatif. Un film que son auteur aura mis vingt-deux ans à dompter pour en trouver la forme finale. (…) Les 53 minutes rajoutées par Francis Coppola donnent à la fois un encrage historique et mythique à son film. (…) Une séquence de vingt-cinq minutes, dans une plantation, montre une vieille famille française, les De Marais, refusant de quitter son domaine. (…) [et] permet d’offrir un vision plus distanciée de l’engagement américain au Vietnam, perçu comme une répétition des erreurs françaises en Indochine. Cette séquence rétablit aussi, de manière plus nette, le lien entre le capitaine Willard et le colonel Kurtz, par un thème emblématique du cinéma de Coppola : la famille. (…) De Marais (Christian Marquand) justifie la présence de son pays au Vietnam par l’argument de la famille : "Pourquoi restons-nous ici ? Notre famille reste unie, nous nous battons pour ça." Cette scène, la seule du film qui pose ouvertement la question du colonialisme et d’une occupation étrangère dans le Sud-est asiatique, illustre également le dilemme récurrent des personnages de Coppola, Al Pacino dans Le Parrain en tête : comment garder une famille unie dans un univers corrompu ? Enfin, le seul ajout significatif dans les passages avec Marlon Brando se trouve dans une scène où Willard, prisonnier, est accueilli par le colonel Kurtz, entouré d’enfants. Celui-ci s’assoit, et lui lit calmement des extraits d’un article du Time daté du 12 décembre 1969, sur l’intervention américaine au Vietnam. Kurtz y voit – sa démonstration est brillante – l’un des nombreux exemples de la propagande américaine et de sa manipulation des médias. Au début du tournage d’Apocalypse Now, Francis Coppola affirmait que l’action de son film se plaçait en 1968. La première version d’Apocalypse Now éliminait finalement toute référence au temps, ce qui fit écrire que Coppola utilisait le Vietnam comme une métaphore et décrivait une guerre abstraite, dans la lignée de Cote 465 (Men in War) d’Anthony Mann, et anticipait Full Metal Jacket , de Stanley Kubrick (1987). Le rétablissement d’un espace-temps dans Apocalypse Now Redux est capital. On a souvent assimilé, avec raison, la vision du Vietnam de Francis Coppola à un gigantesque spectacle dont les différents épisodes composaient un vaste opéra (…). Cette vision fantasmatique du Vietnam se révèle l’une des plus justes jamais vue au cinéma. Le Vietnam de Coppola anticipe admirablement la guerre du Golfe, une autre guerre mise en scène, au sens propre du terme, où la grandeur de l’engagement américain, orchestré comme un spectacle, masquait les enjeux véritables du conflit. (…) Cette précision historique et la réintégration des séquences coupées rendent à Apocalypse Now sa dimension mythique. La remontée du fleuve par le capitaine Willard est aussi une remontée dans le temps. Apocalypse Now commence dans les années 1960 avec les surfers du colonel Kilgor, revient sur les années 1950 avec la plantation française, et se termine à l’aube des temps, dans le sanctuaire de Kurtz, où des guerriers barriolés se battent avec des flèches et des lances. C’est ce que Coppola entendait par "Cœur des ténèbres" : un Vietnam qui remonterait à la préhistoire. »
Samuel Blumenfeld, Le Monde
« Film événement sur la guerre du Vietnam, Palme d’or à Cannes en 1979, Apocalypse Now reste, plus de quinze ans après sa sortie, un monument du cinéma. Toutefois, il est intéressant de le replacer dans la série de films que suscita l’enlisement américain en Extrême-Orient. Certain, comme Platoon plus tard, traiteront de la guerre dans toute son horreur ; d’autres, comme Voyage au bout de l’enfer, en montreront plutôt les conséquences, ses séquelles physiques et morales. Le film de Coppola est une synthèse de ces deux tendances. À travers le portrait de Bill Kilgore, c’est la folie de la guerre et la suppression des interdits moraux qui permettent tous les excès que Coppola dénonce. En suivant les destins croisés de Benjamin Willard et Walter Kurtz, il analyse la prise de conscience et les réactions de deux êtres aux antipodes, jetés dans un même cataclysme. Remontée dans le temps et la barbarie, Apocalypse Now est, sous des aspects hollywoodiens parfois pesants, une œuvre très personnelle, une réflexion profonde sur l’homme et son évolution. La confrontation finale dérisoire avec Kurtz, illuminé et lucide, prouve que l’utilisation de la violence ne résout rien. Le danger demeure, la folie des hommes aussi. »
Gérard Camy, Télérama
« La ressortie du film de Coppola, dans une nouvelle version rebaptisée Apocalypse Now Redux, remixée et augmentée de 53 minutes sous la supervision du réalisateur et de son monteur, Walter Murch, sa présentation à Cannes, permettent de découvrir un film plus riche, plus romantique, dense, précis, et contemplatif. Un film que son auteur aura mis vingt-deux ans à dompter pour en trouver la forme finale. (…) Les 53 minutes rajoutées par Francis Coppola donnent à la fois un encrage historique et mythique à son film. (…) Une séquence de vingt-cinq minutes, dans une plantation, montre une vieille famille française, les De Marais, refusant de quitter son domaine. (…) [et] permet d’offrir un vision plus distanciée de l’engagement américain au Vietnam, perçu comme une répétition des erreurs françaises en Indochine. Cette séquence rétablit aussi, de manière plus nette, le lien entre le capitaine Willard et le colonel Kurtz, par un thème emblématique du cinéma de Coppola : la famille. (…) De Marais (Christian Marquand) justifie la présence de son pays au Vietnam par l’argument de la famille : "Pourquoi restons-nous ici ? Notre famille reste unie, nous nous battons pour ça." Cette scène, la seule du film qui pose ouvertement la question du colonialisme et d’une occupation étrangère dans le Sud-est asiatique, illustre également le dilemme récurrent des personnages de Coppola, Al Pacino dans Le Parrain en tête : comment garder une famille unie dans un univers corrompu ? Enfin, le seul ajout significatif dans les passages avec Marlon Brando se trouve dans une scène où Willard, prisonnier, est accueilli par le colonel Kurtz, entouré d’enfants. Celui-ci s’assoit, et lui lit calmement des extraits d’un article du Time daté du 12 décembre 1969, sur l’intervention américaine au Vietnam. Kurtz y voit – sa démonstration est brillante – l’un des nombreux exemples de la propagande américaine et de sa manipulation des médias. Au début du tournage d’Apocalypse Now, Francis Coppola affirmait que l’action de son film se plaçait en 1968. La première version d’Apocalypse Now éliminait finalement toute référence au temps, ce qui fit écrire que Coppola utilisait le Vietnam comme une métaphore et décrivait une guerre abstraite, dans la lignée de Cote 465 (Men in War) d’Anthony Mann, et anticipait Full Metal Jacket , de Stanley Kubrick (1987). Le rétablissement d’un espace-temps dans Apocalypse Now Redux est capital. On a souvent assimilé, avec raison, la vision du Vietnam de Francis Coppola à un gigantesque spectacle dont les différents épisodes composaient un vaste opéra (…). Cette vision fantasmatique du Vietnam se révèle l’une des plus justes jamais vue au cinéma. Le Vietnam de Coppola anticipe admirablement la guerre du Golfe, une autre guerre mise en scène, au sens propre du terme, où la grandeur de l’engagement américain, orchestré comme un spectacle, masquait les enjeux véritables du conflit. (…) Cette précision historique et la réintégration des séquences coupées rendent à Apocalypse Now sa dimension mythique. La remontée du fleuve par le capitaine Willard est aussi une remontée dans le temps. Apocalypse Now commence dans les années 1960 avec les surfers du colonel Kilgor, revient sur les années 1950 avec la plantation française, et se termine à l’aube des temps, dans le sanctuaire de Kurtz, où des guerriers barriolés se battent avec des flèches et des lances. C’est ce que Coppola entendait par "Cœur des ténèbres" : un Vietnam qui remonterait à la préhistoire. »
Samuel Blumenfeld, Le Monde
SEANCES
jeudi 15 février à 20h
dimanche 18 février à 20h30
vendredi 23 février à 20h30
lundi 26 février à 20h
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vendredi 23 février à 20h30
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