LA SÉANCE DES CINE SUP' • JANVIER 2015
France, 1961, 1h30
avec Régis Debray, Marceline Loridan-Ivens, Marilu Parolini
NUM • VERSION RESTAURÉE
avec Régis Debray, Marceline Loridan-Ivens, Marilu Parolini
NUM • VERSION RESTAURÉE
Véritable expérience de cinéma, Rouch et Morin lance Marceline Loridan micro en main à la rencontre de ceux qu'ils croisent chaque jour. Prendre le pouls, toucher au réel, rapprocher au plus près le son et l'image, dans le droit fil de Moi, un noir tourné en Côte d'Ivoire, Rouch fait descendre, alors que la Nouvelle Vague dévale l'escalier, le cinéma dans la rue, au ras du pavé et des paroles ordinaires. Le temps d'un été, les années 60 s'invite dans le cinéma français !
"On est en France en 1960. La guerre d'Algérie bat son plein, la Ve République vient de naître avec le retour au pouvoir de Charles de Gaulle, la Nouvelle Vague vient de frapper ses 400 coups, et les yéyés s'échauffent avant de débarquer. Le sociologue Edgar Morin, qui les a ainsi baptisés, est également l'initiateur, avec l'ethnologue et cinéaste Jean Rouch, d'un film qui marque une étape importante dans l'histoire du cinéma français. Ce documentaire se nomme Chronique d'un été, c'est une sorte de prélèvement sur le vif de quelques "échantillons" représentatifs de la société française de l'époque, expérience menée à partir d'une question délibérément minimaliste : "Comment te débrouilles-tu avec la vie ?"
Sorti en 1961, le film a aujourd'hui cinquante ans et fait l'objet d'une reprise en salle, dans une version restaurée. Ceux qui le découvriront pourraient ne pas mesurer ce qu'il eut, à l'époque, d'aventureux et de révolutionnaire. C'est à la fois une innovation technique, qui associe une caméra 16 millimètres légère à une prise de son synchrone, et une innovation esthétique, qui permet une liberté de mouvement accrue et un enregistrement sur le vif de la parole. L'expérience, en vertu de laquelle Edgar Morin parle de l'avènement d'un "nouveau cinéma vérité", est contemporaine de ce qui se déroule au même moment aux Etats-Unis avec Robert Drew et au Canada avec Michel Brault, mouvement de libération du cinéma qui deviendra plus connu sous le nom de cinéma direct, influençant profondément tout à la fois la fiction et la forme du reportage télévisuel. (...) C'est un film d'intervention, dans lequel Morin va à la rencontre de ses personnages, s'entretient longuement avec eux, cherche à faire émerger sinon la vérité de leur parole, du moins à désigner le masque qui la révèle. On y croise des étudiants (parmi lesquels le jeune Régis Debray), des ouvriers de chez Renault, une rescapée d'Auschwitz (Marceline Loridan), une imitation tropézienne de Brigitte Bardot, un jeune Africain promu explorateur de la France en vacances, une jeune secrétaire mal dans sa peau. Sur fond de guerre d'Algérie, de désaffection sentimentale, de désarroi étudiant et de parcellisation du monde du travail, voilà le tableau d'une société figée, où tout semble néanmoins promis à changer rapidement."
Jacques Mandelbaum, Le Monde
"On est en France en 1960. La guerre d'Algérie bat son plein, la Ve République vient de naître avec le retour au pouvoir de Charles de Gaulle, la Nouvelle Vague vient de frapper ses 400 coups, et les yéyés s'échauffent avant de débarquer. Le sociologue Edgar Morin, qui les a ainsi baptisés, est également l'initiateur, avec l'ethnologue et cinéaste Jean Rouch, d'un film qui marque une étape importante dans l'histoire du cinéma français. Ce documentaire se nomme Chronique d'un été, c'est une sorte de prélèvement sur le vif de quelques "échantillons" représentatifs de la société française de l'époque, expérience menée à partir d'une question délibérément minimaliste : "Comment te débrouilles-tu avec la vie ?"
Sorti en 1961, le film a aujourd'hui cinquante ans et fait l'objet d'une reprise en salle, dans une version restaurée. Ceux qui le découvriront pourraient ne pas mesurer ce qu'il eut, à l'époque, d'aventureux et de révolutionnaire. C'est à la fois une innovation technique, qui associe une caméra 16 millimètres légère à une prise de son synchrone, et une innovation esthétique, qui permet une liberté de mouvement accrue et un enregistrement sur le vif de la parole. L'expérience, en vertu de laquelle Edgar Morin parle de l'avènement d'un "nouveau cinéma vérité", est contemporaine de ce qui se déroule au même moment aux Etats-Unis avec Robert Drew et au Canada avec Michel Brault, mouvement de libération du cinéma qui deviendra plus connu sous le nom de cinéma direct, influençant profondément tout à la fois la fiction et la forme du reportage télévisuel. (...) C'est un film d'intervention, dans lequel Morin va à la rencontre de ses personnages, s'entretient longuement avec eux, cherche à faire émerger sinon la vérité de leur parole, du moins à désigner le masque qui la révèle. On y croise des étudiants (parmi lesquels le jeune Régis Debray), des ouvriers de chez Renault, une rescapée d'Auschwitz (Marceline Loridan), une imitation tropézienne de Brigitte Bardot, un jeune Africain promu explorateur de la France en vacances, une jeune secrétaire mal dans sa peau. Sur fond de guerre d'Algérie, de désaffection sentimentale, de désarroi étudiant et de parcellisation du monde du travail, voilà le tableau d'une société figée, où tout semble néanmoins promis à changer rapidement."
Jacques Mandelbaum, Le Monde
Séance
Mardi 20/01 20:45