CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Court (en instance)


de Chaitanya Tamhane



CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • JUIN 2016

Inde, 2016, 1h56, VOSTF
avec Vira Sathidar, Vivek Gomber, Geetanjali Kulkarni
NUM • SORTIE NATIONALE

Le corps d’un employé du traitement des eaux est trouvé dans une bouche d’égout à Bombay. Un chanteur folk et contestataire est arrêté et accusé d’avoir chanté une chanson incendiaire, qui a peut-être incité le travailleur à se suicider. Le procès se déroule dans un tribunal, où évoluent les espoirs et les rêves des citadins ordinaires, et devient de plus en plus incompréhensible voir absurde. La cour de justice est l’écho des archaïsmes de la société indienne contemporaine. Dans ce premier film Chaitanya Tamhane critique le système judiciaire tout en dénonçant les rapports de classes et de pouvoir.

"L'intelligence du film réside dans cette composition centrifuge : plutôt que de dénoncer une injustice, et donc de se placer à son tour dans la sphère du droit en invoquant la liberté d'expression, Court se tire ailleurs en évoquant les existences concrètes qui s'évadent d'une violence abstraite. Voici, donc sous nos yeux ébahis, un film qui met en scène un procès, sans être lui-même ce procès. Il l'expose et le désactive. Une des étonnantes chansons de Kamble, jouée sur une estrade dans l'espace public, prend le parti de la vérité contre celui de l'art. Le film fait de même, qui se joue dans la rue plutôt qu'au tribunal, et dans la vie plutôt qu'au cinéma. Libéré de notre jugement, Court s'innocente tout seul : un fil est là."
Luc Chessel, Libération

"C'est surtout parce qu'il nous rappelle que nous accédons au réel qu'à travers des agencements de signes, que le parti pris de la fiction dans Court possède une véritable puissance critique. Car en tant que "fiction du réel" - selon l'expression de Wiseman - le cinéma de Chaitanya Tamhane renvoie les plaidoiries judiciaires à leur statut de construction discursives, réduites, elle aussi à inventer des liens de causer à effet entre des éléments hétérogènes. Et si aucun discours ne peut prétendre nous livrer la vérité nue, alors celle-ci ne peut qu'être le fruit d'un débat politique permanent, mettant en concurrence des interprétations multiples du monde commun. Face à la fiction documentaire de Court, le spectateur est invité à s'engager dans un processus de délibération quant à ce qu'il regarde : autrement dit, à ce projeter dans la dynamique démocratique du dissensus." Camille Bui, Les Cahiers du Cinéma

Séances

samedi 4/06 14:45 - - dimanche 5/06 20:30 - - mercredi 8/06 18:30
vendredi 10/06 20:30 - - lundi 13/06 18:15