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Archives 2001-2011

EYES WIDE SHUT


de Stanley Kubrick



PROGRAMMATION FÉVRIER 2010

USA, 1998, 2h39, VOSTF
Avec Nicole Kidman, Marie Richardson, Tom Cruise, Sydney Pollack

Un couple de bourgeois, cédant à la jalousie et à l'obsession sexuelle, entreprend un voyage psychologique à la recherche de son identité. Le mari, au bout de son périple nocturne, revenu de ses désirs, ne trouvera finalement auprès de son épouse qu'un compromis banal mais complice, les yeux ouverts à tout jamais sur un rêve impossible.

« Jugé comme "déceptif" par certains, moi compris, lors de sa sortie, ce film reste pourtant incrusté dans notre cerveau à l'instar des notes glaçantes de Ligeti ponctuant certaines scènes. Ce qui frappe rétrospectivement, c'est combien Eyes Wide Shut est morcelé et disparate. C'était aussi le cas de 2001 : l'odyssée de l'espace, de Docteur Folamour ou de Shining. D'où la dynamique produite par les niveaux de récit s'entrechoquant, interférant les uns avec les autres ; les moments d'extrême tension sont parasités par des détails humoristiques, et il règne ainsi sur l'ensemble un fascinant climat de chaos. (Par exemple, la manie comique du médecin de brandir sa carte professionnelle comme un badge de flic intervient au moment tragique où il vient reconnaître le cadavre d'une femme.) Kubrick est l'un des rares cinéastes à avoir su traduire dans ses films la logique du rêve, qui ne fonctionne pas selon le mode linéaire du roman classique, mais plutôt par paliers contigus, par contagion sémantique, bref, par associations d'idées. Eyes Wide Shut ne serait donc pas le réel parcours nocturne d'un homme errant dans New York et se retrouvant dans une gigantesque partouze libertine style XVIIIe siècle, mais plutôt le rêve érotique de ce même homme. L'idée de sa femme couchant avec un autre libère ses fantasmes les plus débridés et en même temps les censure. Puisque, in fine, l'expérience sera pour lui aussi "déceptive". »
Vincent Ostria, Les Inrockuptibles

« C'est ce qui a captivé Kubrick dans la nouvelle de Schnitzler (fidèlement adaptée) : la confusion mentale de cet homme aux certitudes si lisses, empêtré dans ses pulsions et ses élans inachevés. Dans les décors plus vrais que vrais d'un New York de studio, le cinéaste invente un monde peuplé d'êtres grotesques ou insaisissables, et sa maîtrise formelle est décisive. L'impact d'une image, du rythme d'une séquence, de son organisation interne : c'est de la mise en scène, et d'elle seule, que naît l'impression de vertige. Sur le couple, son intimité, ses non-dits, Kubrick n'avait pas de vérités saisissantes à révéler. La morale de l'histoire, telle que Bill et Alice se la confectionnent, est très modeste. Et presque superflue au regard des abîmes que Bill a côtoyés, marionnette manipulée par Kubrick avec une précision diabolique. »
Jean-Claude Loiseau, Télérama

SEANCES

Jeudi 18 février à 18h
Samedi 20 février à 21h
Mardi 23 février à 18h