Archives 2001-2011

FRAGMENTS




PROGRAMMATION AVRIL 2007


Montage/démontage, collage/décollage, la défection de l’œuvre ? La forme du fragment questionne le fractionnement de la mémoire et de la pensée. Elle ramène au parcellaire et au dérisoire, donc, contradictoirement, à une forme d’universalité.

OBJETS TROUVÉS

De Anne-Marie Cornu
France, 1998, 5 min
Une accumulation de séquences "offertes" par Kodak, lors du développement de bobines Super-8.

FLARE OUT

De Peter Gidal
1992, 20 min

"Sound : unrecognition unidentified, in time, you hear ? Image: recognition identified, out of time in time ; not not knowing the unknown but not knowing the known, no trace of 'no trace of any thing'. Grain : is grain silver, black & white, or colour ? Is silver black & white or colour ? You see ? " Peter Gidal, février 1992

NAVY BLUES

De Miles McKane
1998, 11 min

Proposition cinématographique à partir de trois copies d'un film commercial, Les Bleus de la marine (1946). Travail de montage visuel et sonore, qui prélève les premières et dernières images de chaque bobine pour chaque copie du film

LE PRÉ DE BEJINE

De Serguei Eisenstein
URSS, 1935/37, 32 min
Avec Vitia Kartarshov, Boris Zakhava, Elena Telecheva

Le père et son fil, l'un dans le camp des koulaks, l'autre dans celui des kolkhoziens, s'opposent jusqu'à ce que le sang soit versé. Ce film, détruit au cours de la Seconde Guerre Mondiale, n'existe plus pour le spectateur que sous la forme d’un moyen-métrage composé d'une partie explicative et d'un montage de photogrammes de plans fixes.

« Eisenstein ressuscité à la Cinémathèque de Toulouse. Le Pré de Béjine a été victime en 1935 de la censure stalinienne. De ce long-métrage d’Eisenstein n’a subsisté qu’une image par plan. À partir de cette trame, un photographe toulousain, Patrick Riou, vient de reconstituer le film. Serghei M. Esenstein revient à Moscou, après un séjour au Mexique où il a tourné Que Viva Mexico. Nous sommes en 1935. Le plus célèbre des cinéastes soviétiques, (…) entreprend aussitôt un film sur l’URSS, en particulier le monde agricole, ceux qui travaillent la terre. (…) Titre du long métrage : Le Pré de Béjine. Il s’agit du premier film parlant d’Eisenstein. Le tournage achevé, le cinéaste présente son film devant la commission de censure : refusé ! Pour le pouvoir stalinien et ses représentants, il est impensable de montrer des granges à blé ravagées par les flammes d’un incendie criminel, impensable que les paysans soient privés du fruit de leur travail. Eisenstein va donc tourner une deuxième version. L’incendie des granges est cette fois remplacé par le pillage d’une église, avec profanation des icônes. Encore refusé ! Un tel déchaînement de violence est-il concevable dans un pays où la construction du socialisme inonde déjà toute la population de ses bienfaits ? Le film est donc interdit de diffusion et les copies devront être détruites. À Moscou cependant, une monteuse de cinéma, dont on ne connaît plus le nom, prélève une image de chaque plan. Longtemps, ces six cent quarante clichés, enfermés dans une boîte, vont dormir sur une étagère de la Cinémathèque de Moscou. Jusqu’en 1965 où quelqu’un a la curiosité d’ouvrir la boîte... À la fin des années soixante-dix, la Cinémathèque de Moscou cède les images à son homologue de Toulouse. Comment (re)donner vie au Pré de Béjine, un film qui n’existe pas ? Comment cette oeuvre, qui faillit tomber dans les oubliettes de l’histoire, pourrait-elle soixante ans après effectuer son entrée dans le domaine public ? C’est à une véritable reconstitution du Pré de Béjine que se livre depuis deux ans le photographe toulousain Patrick Riou. Un travail commandé par la Cinémathèque de Toulouse et le Centre de recherche et d’action culturelle de Valence. Patrick Riou – travail de bénédictin – a tout d’abord réalisé le tirage de chacune des six cent quarante images, en respectant les cadrages voulus par Eisenstein. Et quelles images ! Même si le cinéma venait de prendre la parole, Le Pré de Béjine conservait toute la force d’expression visuelle du cinéma muet. On reste ébahi devant ces visages furieux, radieux, malheureux, illuminés, devant ces paysans usés par le travail de la terre. Deuxième étape, les photos ont pris place sur des panneaux, en suivant le scénario et les indications de montage d’Eisenstein. Ici, cependant, les deux versions du film ont été combinées. On peut donc aujourd’hui voir Le Pré de Béjine, même si ce n’est pas en salle obscure comme l’avait imaginé son réalisateur. Les rôles ont été inversés : c’est le spectateur qui défile devant les images et donne au film le rythme qui lui convient. Cette exposition n’est pas un ersatz, mais une expérience passionnante. Elle fait de Patrick Riou un précieux collaborateur d’Eisenstein. »
Bruno Vincens, L’Hunmanité, février 1995

SEANCE UNIQUE

mercredi 25 avril à 20h30