LA SÉANCE DES CINÉ SUP'

Film Socialisme


de Jean-Luc Godard



LA SÉANCE DES CINÉ SUP' • 2013/2014

France-Suisse, 2010, 1h17
avec Christian Sinniger, Elisabeth Vitali, Patti Smith, Jean-Marc Stehlé, Nadège Beausson-Diagne

"Des choses comme ça", "Notre Europe" et "Nos humanités" sont les trois mouvements qui composent ce film. On débute en mer Méditerranée, sur un paquebot de croisière. Visions amères, diagnostics désenchantés, sentiment de solitude au milieu de cette multitude de personnes et de langues. C'est ensuite au coeur d'une famille que le film tente de retisser les liens d'unetribu, pour ensuite revisiter six lieux de vraies/fausses légendes : Egypte, Palestine, Odessa, Hellas, Naples et Barcelone. Film Socialisme est la radiographie saisissante d'une Europe actuelle fragile, où tout va vite et arrive à saturation, sombre dans son constat mais lumineux par sa lucidité.

"Dans le titre, une consonance plus une association d'idées : le socialisme non comme programme mais comme élégie. Lorsque Godard transporte sa caméra sur un paquebot pour une croisière en Méditerranée, c'est en "voyant ". Dans cette ville glissant sur l'eau, on croise une joggeuse, des fidèles assistant à une messe (?), des vacanciers se restaurant dans un brouhaha infernal. C'est donc ça, l'Europe moderne : une industrie du tourisme qui transforme la Méditerranée en centre commercial. Comme Godard reste un incorrigible romantique, il compense ce triste spectacle par des images sublimes de la mer et du pont enflammé de jaune. La guerre, ensuite, dont il retrouve des échos un peu partout. De la mutinerie d'Odessa au drame originel de la Palestine, en passant par la Grèce antique. Aujourd'hui, un autre conflit, plus insidieux, englue la famille, brouille la question des générations. C'est l'enjeu de l'action dans un garage rappelant celui de Pierrot le fou.
Godard prend acte d'une fin de l'Histoire, sans totalement perdre espoir. Même vis-à-vis de ces hordes de retraités qui débarquent aux quatre coins de l'Europe, une pointe de tendresse affleure. Tandis que les fantômes de la croisière (flic, philosophe, espion) ressassent leurs souvenirs, en arrière-plan se profile un avenir, via des enfants traînant dans les parages. Le cinéaste les regarde comme des bêtes curieuses mais les intègre sur son arche - au même titre que le lama, l'âne et les chats, lesquels semblent détenir un feu sacré que les hommes ont perdu ou n'ont peut-être jamais eu. Etre un poisson des abysses et regarder vers le haut : c'est la profondeur délivrée du langage, dont Godard a toujours rêvé. Enfin une image de paix."

Jacques Morice, Télérama



Séance unique

Mardi 1er octobre 2013 à 20h30

Bande annonce