PROGRAMMATION AVRIL 2005
USA, 1997, 2h31, VOSTF
avec Pam Grier, Samuel L. Jackson, Robert Foster, Robert De Niro, Bridget Fonda, Michael Keaton
avec Pam Grier, Samuel L. Jackson, Robert Foster, Robert De Niro, Bridget Fonda, Michael Keaton
Jackie Brown, hôtesse de l'air, arrondit ses fins de mois en convoyant de l'argent liquide pour le compte d'un trafiquant d'armes, Ordell Robbie. Un jour, un agent fédéral et un policier de Los Angeles la cueillent à l'aéroport. Ils comptent sur elle pour faire tomber le trafiquant. Jackie échafaude alors un plan audacieux pour doubler tout le monde lors d'un prochain transfert qui porte sur la modeste somme de cinq cent mille dollars. Mais il lui faudra compter avec les complices d'Ordell, qui ont des méthodes plutôt expéditives.
« On connaît le goût de Quentin Tarantino pour les personnages intarissables. Dans Jackie Brown, on flingue moins mais on cause de plus belle. On digresse sur les vieux disques en vinyle. On parle de ce qu’on va faire puis de ce qu’on a fait. L’arnaque de Jackie, face à des malfrats et un prêteur sur gages pur et droit, est répétée comme une pièce de théâtre qui se jouerait sur la scène d’un grand centre commercial (entre cafétéria et magasin de vêtements). Le roman d’Elmore Leonard se passait à Miami. Tarantino l’a transposé dans la South Bay, éden en toc, béton et plastique. Il nous ballade ainsi jusqu’à ce que l’absence d’effets, de trucs, de spectaculaire fasse son effet. Ces losers sympathiques suggèrent – mais oui – une morale, peu orthodoxe mais qui étonnera ceux qui guettaient l’explosion de violence d’un polar de plus. »
François Gorin (Télérama)
« Le vieillissement des apparences, la simple présence des lieux : Tarantino a construit son film sur cette limpide sérénité du regard, celui d’une évidence atteinte à travers l’évidement des formes. Sa recherche effrénée de la saillie et du fait significatif laisse place aux temps morts et à la banalisation de la violence et des apparences par le quotidien. Ce qui n’en met que mieux en relief les irruptions d’angoisse et d’anxiété, comme des traits de nervosité striant un espace apaisé (De Niro tuant brusquement Bridget Fonda au milieu d’un parking), ou permet de filmer en deçà la mort à l’oeuvre (ce même De Niro abattu par Samuel Jackson en une ellipse sanglante, en un court-circuit meurtrier). Des balles s’échangent dans Jackie Brown, mais furtivement ; des revolvers sont dégainés, mais ils pèsent leur poids de nostalgie et de mort ; des cadavres apparaissent mais ils rôdent, ils hantent, plus qu’ils ne tombent. Tarantino, explicitement – il se moque ironiquement de The Killer -, a situé son film aux antipodes du cinéma de John Woo : les corps ne sont pas virtuels, les échangent refusent la chorégraphie, la violence fuit le ballet et l’espace n’est pas une scène d’opéra ou d’église. Le temps s’est emparé des apparences et a imprimé son vieillissement tandis que la mélancolie a imposé d’autres formes de rides aux lieux et aux actions. Rien n’est facile mais tout est tranquille ; rien n’est aisé, tout marche au ralenti. C’est le destin des vies minuscules filmées par Tarantino : elles trouvent leur grandeur dans la sérénité des gestes et l’évidence du temps qui passe. Comme Pam Grier murmurant les paroles d’une chanson entendue à la radio. »
Antoine de Baecque (Les Cahiers du Cinéma)
« On connaît le goût de Quentin Tarantino pour les personnages intarissables. Dans Jackie Brown, on flingue moins mais on cause de plus belle. On digresse sur les vieux disques en vinyle. On parle de ce qu’on va faire puis de ce qu’on a fait. L’arnaque de Jackie, face à des malfrats et un prêteur sur gages pur et droit, est répétée comme une pièce de théâtre qui se jouerait sur la scène d’un grand centre commercial (entre cafétéria et magasin de vêtements). Le roman d’Elmore Leonard se passait à Miami. Tarantino l’a transposé dans la South Bay, éden en toc, béton et plastique. Il nous ballade ainsi jusqu’à ce que l’absence d’effets, de trucs, de spectaculaire fasse son effet. Ces losers sympathiques suggèrent – mais oui – une morale, peu orthodoxe mais qui étonnera ceux qui guettaient l’explosion de violence d’un polar de plus. »
François Gorin (Télérama)
« Le vieillissement des apparences, la simple présence des lieux : Tarantino a construit son film sur cette limpide sérénité du regard, celui d’une évidence atteinte à travers l’évidement des formes. Sa recherche effrénée de la saillie et du fait significatif laisse place aux temps morts et à la banalisation de la violence et des apparences par le quotidien. Ce qui n’en met que mieux en relief les irruptions d’angoisse et d’anxiété, comme des traits de nervosité striant un espace apaisé (De Niro tuant brusquement Bridget Fonda au milieu d’un parking), ou permet de filmer en deçà la mort à l’oeuvre (ce même De Niro abattu par Samuel Jackson en une ellipse sanglante, en un court-circuit meurtrier). Des balles s’échangent dans Jackie Brown, mais furtivement ; des revolvers sont dégainés, mais ils pèsent leur poids de nostalgie et de mort ; des cadavres apparaissent mais ils rôdent, ils hantent, plus qu’ils ne tombent. Tarantino, explicitement – il se moque ironiquement de The Killer -, a situé son film aux antipodes du cinéma de John Woo : les corps ne sont pas virtuels, les échangent refusent la chorégraphie, la violence fuit le ballet et l’espace n’est pas une scène d’opéra ou d’église. Le temps s’est emparé des apparences et a imprimé son vieillissement tandis que la mélancolie a imposé d’autres formes de rides aux lieux et aux actions. Rien n’est facile mais tout est tranquille ; rien n’est aisé, tout marche au ralenti. C’est le destin des vies minuscules filmées par Tarantino : elles trouvent leur grandeur dans la sérénité des gestes et l’évidence du temps qui passe. Comme Pam Grier murmurant les paroles d’une chanson entendue à la radio. »
Antoine de Baecque (Les Cahiers du Cinéma)
SEANCES
vendredi 15 avril à 18h
vendredi 22 avril à 15h
vendredi 29 avril à 21h
lundi 2 mai à 20h30
vendredi 22 avril à 15h
vendredi 29 avril à 21h
lundi 2 mai à 20h30