Archives 2001-2011

JOHAN VAN DER KEUKEN : 2 COURTS MÉTRAGES


de Johan van der Keuken



PROGRAMMATION MARS 2007


HERMAN SLOBBE, ENFANT AVEUGLE 2 (HERMAN SLOBBE, BLIND KIND 2)

Pays-Bas, 1966, 29 min, VOSTF

Johan van der Keuken a réalisé un premier film de 30 minutes dans une institution d’enfants aveugles. Au cours du tournage, il remarque Herman Slobbe auquel il consacre un deuxième film. La forte personnalité d’Herman se double d’un rapport exceptionnel à la jouissance. Les aveugles apparaissent souvent comme des êtres introvertis, celui-ci s’éclate en permanence que ce soit dans une recherche sonore éperdue ou dans d’autres challenges. En bon cinéaste, Johan van der Keuken intègre la force d’un tel désir : Herman devient le reporter du film, change de rôle, n’est plus objet.

« L’Enfant aveugle 2 renvoie au néant tout ce qu’il aurait pu être (du docu humanitaire au voyeurisme honteux) et finit par nous donner accès au personnage d’Herman Slobbe, en tant qu’il existe aussi en dehors du film, avec ses projets, sa dureté, et surtout – c’est là le plus grand scandale – son rapport à la jouissance. Le film finit sur un étrange "chacun pour soi" qui n’a de sens que parce que, pendant vingt minutes de film, chacun a été (tout pour) l’autre au regard du spectateur. »
Serge Daney, Les Cahiers du Cinéma

LES VACANCES DU CINÉASTE (DE VAKANTIE VAN DER FILMER)

Pays-Bas, 1974, 39 min, VOSTF

À Tournebouix, un petit village dépeuplé de l’Aude où un vieux couple confie ses souvenirs d’un autre temps – la guerre, la maladie, la mort –, le cinéaste construit son film comme un recueil d’images autonomes, qui, réunies, composent son univers mental : le bonheur familial, fragments de quelques-uns de ses films antérieurs, hommage au saxophoniste Ben Webster, deux poèmes de Remco Campert et Lucebert, un portrait du cinéaste qui lui avait appris la photographie dès l’âge de douze ans, des événements politiques de l’actualité (la chute de la dictature des Colonels en Grèce, la révolte des paysans français).

« Il y a quelque chose de thérapeutique dans l’acte de filmer. Mais il faut faire attention de ne pas s’empêcher d’aller en psychothérapie ! Le cinéma peut masquer. Il faut savoir sortir du projet de cinéma. Beaucoup d’artistes disent : "Je ne veux rien savoir de moi, ça m’ôterait ma créativité." Je crois le contraire. Quand on se sent bloqué dans son art, confronté à des choses insolubles, et je l’ai été, il faut y aller. Ma question était : comment puis-je savoir autant de choses par le cinéma tout en sachant si peu sur moi ? Finalement, je ne savais rien ou presque. Il y a des artistes qui font des choses très profondes sans jamais rien savoir d’eux-mêmes. Tout cela est assez mystérieux. »
Johan van der Keuken

SEANCE UNIQUE

dimanche 4 mars à 18h30