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Archives 2001-2011

L'ACCORDEUR DE TREMBLEMENTS DE TERRE (THE PIANO TUNER OF EARTHQUAKES)


de Stephen et Timothy Quay



PROGRAMMATION NOVEMBRE 2006

Grande-Bretagne/Allemagne/France, 2005, 1h39, VOSTF
Avec Amira Casar, Assumpta Serna, Gottfrried John, Cesar Sarachu

Emporté par une passion dévorante mais non partagée, le Dr. Emmanuel Droz, neurologue méphistophélique et inventeur ayant découvert le secret de la résurrection, veut s’unir à jamais à la femme qu’il aime, la belle cantatrice Malvina van Stille. Afin de réaliser son dessein, il la tue, l’enlève, puis la maintient dans un état de mort apparente. Felisberto, l’accordeur de piano, découvre peu à peu l’intention du docteur : mettre en scène un "opéra diabolique" qui enchaînera la destinée de Malvina…

« En tant que producteur exécutif de L'Accordeur de tremblements de terre, j’aimerais vous rappeler les extraordinaires et uniques talents que sont les frères Quay. Au cours des années, leur travail au cinéma n’a cessé d’explorer le "fantastique" d’une manière totalement nouvelle et merveilleuse. L’un de leurs films (mon préféré), La Rue des crocodiles, est d’ores et déjà considéré comme un classique. Leur premier long-métrage Institut Benjamenta est devenu un film culte. Les spectateurs d’aujourd’hui ont envie de quelque chose de différent, de quelque chose de nouveau, quelque chose qui les arrache au cycle répétitif des "produits" hollywoodiens qui essaie de les transformer en de décérébrés mangeurs de pop-corn soumis. Le succès croissant de films indépendants ne fait que confirmer le fait que les spectateurs cherchent une possibilité de découvrir des univers plus stimulants, exactement ce que propose le cinéma des frères Quay. Nous étions nombreux à attendre impatiemment - et depuis bien trop longtemps - ce deuxième long-métrage des frères Quay, une oeuvre étincelante assurée de déclencher une onde de choc de par le monde. »
Terry Gilliam.

« Leur cinéma est avant tout un laboratoire des rêves. La mélancolie maladive qui imprégnait déjà Institut Benjamenta, adapté en 1995 du récit de Robert Walser, émettait un signe que cet Accordeur de tremblements de terre (…) vient valider : les Quay sont des descendants des décadents fin de siècle. Leur ancrage anglo-saxon les inscrit dans une tradition préraphaélite, parsemée d'Ophélie noyées. Par-delà cette passion mortifère pour les filles brunes à teint de lait, il y a plus inquiétant encore ; les jumeaux parfaits ont une vision définitivement symboliste de l'humain et de la marche de l'univers : l'humain devrait prendre pour modèle l'automate, et le cosmos tient peut-être dans la main, à la façon de ces boules de verre qui quand on les renverse laissent retomber une neige artificielle. Nous les hommes, petites mécaniques remontées, sommes les ressorts d'une cosmologie miniature. Toute machine cachant un créateur non plus divin mais savant, il était temps que les Quay fassent le portrait d'un démiurge mégalomane, incurable dément dont l'intelligence emportera la mécanique à sa perte. Etat fantomal. L'Accordeur de tremblements de terre ne raconte pas autre chose en prenant pour prétexte la passion dévorante que le neurologue Emmanuel Droz voue à la cantatrice Malvina Van Steele (jouée par une Amira Casar au sommet de sa photogénie). (…) Il faut prendre très au sérieux les frères Quay quand ils prétendent que ce film, qui se présente officiellement comme "librement inspiré de L'Invention de Morel, de l'Argentin Adolfo Bioy Casares" se retrouve au final être plus proche du Voyage au centre de la terre de Jules Verne. Morel est un récit du milieu du XXe siècle et les Quay ont subi une attraction presque fatale émise depuis le XIXe. Leur filmographie entière bout à bout prendra un jour l'allure d'un cabinet d'amateur dont cet Accordeur sera sinon la grande oeuvre, du moins l'un des pans les plus synthétique. »
Philippe Azoury, Libération

« Imaginez un cocktail improbable de Jules Verne, de Méliès, de littérature fantastique et de peinture romantique et vous aurez une petite idée de la fantasmagorie à l’écran. Chaque plan, extrêmement élaboré, est une invitation au songe poétique. C’est un univers cotonneux, où les automates semblent faits de chair animale, où les humains cheminent tels des spectres. Le décor tient tantôt d’une maison de poupées, tantôt du paysage infini, avec la forêt et l’océan aux alentours. Pour apprécier cette beauté bizarre, cette féerie teintée d’érotisme languide, il faut accepter de se perdre et de perdre la raison le temps d’un moment délicieux. (…) On reste (…) subjugué par la richesse du tableau, synthèse d’éléments disparates et surannés, mêlant des références qui tiennent plus de la fin XIXe que du XXIe. Le tout sans grandiloquence, sans effets spectaculaires, avec une confiance apaisante dans l’hypnose primitive provoquée par le cinématographe d’antan. »
Jacques Morice, Télérama

SEANCES

Mercredi 1er novembre à 18h30
Vendredi 3 novembre à 20h30
Lundi 6 novembre à 20h30
(+ leçon de cinéma)
vendredi 10 novembre à 18h30
samedi 11 novembre à 20h

SORTIE NATIONALE

LA SÉANCE DU LUNDI 6 NOVEMBRE À 20H30 SERA SUIVIE D’UNE LEÇON DE CINÉMA SUR LE CINÉMA DES FRÈRES QUAY PAR THIERRY MÉRANGER, RÉDACTEUR AUX CAHIERS DU CINÉMA : « POURQUOI ET COMMENT LES FRÈRES QUAY CHERCHENT-ILS À PIÉGER LA FICTION TRADITIONNELLE DANS L’UNIVERS CLOS DE L’EXPÉRIMENTATION ANIMÉE ? »