CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

L'Amour en fuite


de François Truffaut



INTÉGRALE FRANÇOIS TRUFFAUT • FÉVRIER-MARS 2016

France, 1979, 1h34 • avec Jean-Pierre Léaud, Marie-France Pisier, Claude Jade, Dorothée
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Antoine Doinel a quitté le domicile conjugal pour vivre avec une vendeuse de disques. Il divorce... Quel cinéaste pouvait s’offrir - et nous offrir - le luxe de revenir sur vingt ans de la vie d’un personnage dont nous pouvons suivre heurs et malheurs dans cinquante extraits de films ? Inventant quelques scènes non tournées à l’époque, empruntant à d’autres films que ceux de la saga d’Antoine Doinel, Truffaut brouille les pistes, nous faisant douter de nos propres souvenirs, ajoutant à l’émotion ou à l’amusement la vibration de la nostalgie, du sentiment du temps qui passe sous nos yeux, comme quand nous retrouvons de vieilles photos. Un travail cinématographique singulier qui donne à ce film que Truffaut n’aimait pas une véritable épaisseur romanesque.

"Après avoir fait Les Quatre Cents Coups gamin, puis essayé L'Amour à 20 ans avec Colette des Jeunesses musicales, tenté de goûter aux Baisers volés de ­Fabienne Tabard et Christine Darbon, avoir abandonné le Domicile conjugal, Antoine Doinel est de nouveau en fuite. Dévalant les escaliers, courant sur les quais des gares, prenant le train en marche... Antoine fuit son passé, qui ne cesse de le rattraper. Pourtant, son livre de souvenirs, Les Salades de l'amour, est achevé. Son nouveau départ, ce sera avec Sabine, la vendeuse de disques. Ce sera aussi le dernier volet de la saga Doinel. Truffaut l'a dit : « Antoine Doinel, suite et fin. Point final. » Mais, avant de jeter l'éponge, il va s'amuser avec le matériau considérable amassé depuis vingt ans.
Son film est un puzzle de flash-back construit à partir des pièces maîtresses des quatre épisodes précédents. C'est une expérience unique dans l'histoire du cinéma. On se promène dans le passé de Doinel en revisitant la filmographie de Truffaut. La nostalgie est à son comble, on s'y abandonne, d'un extrait de film à l'autre. On sait que le tournage a été tendu, chacun devant faire le deuil de son personnage, Truffaut se sentant coupable de n'avoir pas su faire évoluer Antoine, éternel amant immature. Malgré lui, il a fait de Doinel un vrai héros de cinéma, condamné à disparaître en pleine jeunesse."
Anne Dessuant, Télérama


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