CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

L’Enfer est à lui (White Heat)


de Raoul Walsh



RÉTROSPECTIVE RAOUL WALSH • AOÛT / SEPTEMBRE 2011

USA, 1949, 1h54, VOSTF
avec James Cagney, Virginia Mayo, Edmond O’Brien, Margaret Wycherly, Steve Cochran

Le gangster Cody Jarrett et ses complices attaquent un train en Californie. Pendant l'opération, quatre employés sont tués. La police est déterminée à retrouver les coupables et surveille la mère de Cody à laquelle ce dernier voue une adoration pathologique... « Poussant à son degré maximum l’ambiguïté propre à certains autres films noirs de l’époque, White Heat décrit le comportement d’un homme malade, troublant, et souvent pitoyable » (Patrick Brion).

« Aimer sa maman, c'est important. Seulement, au cinéma, l'excès en la matière vous porte soit vers la taxidermie, soit vers la méchante manie de dédier tous vos actes de criminel à votre chère génitrice. La deuxième solution est ainsi employée par Walsh dans L'Enfer est à lui, où il introduit une superbe variation dans l'univers du film de gangsters en faisant de son héros (James Cagney, lumineux) un psychopathe à l'œdipe mal résolu. Celui-ci fomente une attaque de train ouvrant le film ; devant les soupçons accumulés de la police, il se verra obligé, pour faire diversion, d'atterrir volontairement en prison en passant par la case trahison, laissant à sa maman, sorte de croisement entre Ma Dalton et Tsilla Shelton, le contrôle des opérations. Faussement dupe de la situation puisque Cody est condamné pour un autre crime, moins lourd que celui qu'il a commis, la police lui collera aux basques un ange gardien de ses services. Voilà donc un chef-d'œuvre, renouveau du film de gangsters d'après-guerre. Chef-d'œuvre parce que époustouflant de modernité. Les accès de Cody préfigurent ainsi la violence et la complexité des personnages caractéristiques de nos meilleurs films noirs contemporains. Les balbutiements de la technologie utilisée par la police et la présence oppressante de l'industrie révélant par ailleurs un gangster dépassé par des temps qui évoluent sans lui, parce que ses valeurs deviennent archaïques. Et une scène finale flamboyante de résumer tout cela. Acculé par des policiers armés jusqu'aux dents au faîte d'un réservoir de produits chimiques, Cody donnera à sa mère en offrande une explosion paroxystique en prononçant leur expression favorite : "Top of the world, Ma" (Je suis le maître du monde, Maman). Gangster d'un autre temps, Cody/Cagney est littéralement englouti par la civilisation industrielle. »
L’Humanité

Séances

Jeudi 1er septembre 2011 à 21:00
Dimanche 4 septembre 2011 à 18:30
Mercredi 7 septembre 2011 à 21:00
Vendredi 9 septembre 2011 à 18:30
Samedi 10 septembre 2011 à 19:00