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L'HOMME QUI RÉTRÉCIT (THE INCREDIBLE SHRINKING MAN)


de Jack Arnold



PROGRAMMATION MARS 2011

USA, 1957, 1H31,VOSTF
Avec Grant Williams, Randy Stuart

Comme les chats, Robert Scott Carey, américain moyen, a peut-être sept vies, dont une vie éternelle, au-delà de la mort et de la disparition. Irradié dans sa première vie, il rapetisse dans la deuxième et son ultime métamorphose le mène aux confins de l’infini dans la microscopie de l’atome, qui le renvoie, par la pensée, à l’infiniment grand du cosmos et à l’au-delà où, peut-être, il réside intemporellement.

« Dans les années 50, la peur atomique provoque une véritable psychose. Hollywood s'empare du sujet avec quelques réussites, comme cette oeuvre conjointe du célèbre écrivain Richard Matheson et du spécialiste du cinéma fantastique Jack Arnold. Si le message est un brin moralisateur, le rythme trépidant ne faiblit jamais. Après avoir traversé un nuage radioactif, le héros se met à rétrécir. Il doit faire face à une série d'épreuves spectaculaires servies par des effets spéciaux surprenants et l'utilisation du CinémaScope noir et blanc. La voix off nous fait partager les angoisses métaphysiques, la lucidité pathétique et, enfin, la sérénité philosophique de Carey, seul face à une tragédie sans espoir de retour. »
Gérard Camy, Télérama

« Vers la fin des années 50, Jack Arnold s'est affirmé comme le principal artisan d'un nouvel âge d'or de la SF américaine, propice à un questionnement inquiet de la science (Tarantula), où le regard documentaire ­ Arnold fut l'assistant de Flaherty ­ se posait sur la beauté des monstres (L'Étrange créature du lac noir). Loin de la SF belliciste et nationaliste en vogue à cette époque, les films de Jack Arnold témoignent d'une approche humaniste du genre ­ le très réussi Météore de la nuit, à l'origine de la vocation de cinéaste de John Carpenter. Mais L'Homme qui rétrécit, écrit par Richard Matheson d'après son propre roman, demeure sans conteste le chef-d'œuvre du réalisateur. 
(…).
L'Homme qui rétrécit n'a pas pris une ride, tant au niveau de ses effets spéciaux, plus que parfaits, que par sa concision narrative(…).
Jack Arnold se livre à une satire discrète mais radicale de la middle class : Carey, homme sans qualité, subit la domination de son frère aîné et employeur qui l'écarte de son poste, lui suggère cyniquement de négocier auprès des journalistes son infortune, puis embarque sa femme. Scott Carey est donc déjà un minus, et son anéantissement inattendu n'apporte que la confirmation par l'absurde de sa nullité préalable. Le film constitue également une redoutable description de la médiocrité conjugale, dans laquelle la miniaturisation du mâle apparaît comme l'aboutissement logique. (…). Les signes de castration et d'impuissance abondent : l'alliance de Carey glisse le long de son doigt juste après que sa femme lui a juré fidélité. L'image du couple monstrueusement désaccordé dans la chambre à coucher nous rappelle cette nouvelle de Bukowski, où un homme s'imaginait dans son cauchemar transformé en godemiché entre les jambes d'une femme.
Ainsi, parallèlement à la poésie immédiate des images du film, qui exploitent à la perfection le dérèglement dimensionnel de notre univers domestique, sourd une angoisse qui confère
au film son statut de conte cruel et définitivement adulte. Jack Arnold dû tenir tête à son producteur afin que la linéarité irréversible du destin de Scott Carey soit maintenue et donne heureusement toute sa valeur à ce grand film. Minable parmi les minables, Carey accède enfin à la dimension inespérée d'être unique, de héros. En rejoignant l'univers des atomes, il se trouve en mesure de proclamer à l'instar d'un autre héros de Richard Matheson : "Je suis une légende." »

Olivier Père, Les Inrockuptibles


Séances

mercredi 2 mars à 20h30
vendredi 4 mars à 18h30
dimanche 6 mars à 14h30