PROGRAMMATION JUIN-JUILLET 2007
USA, 1962, 2h03, VOSTF
Avec Kim Novak, Jack Lemmon, Fred Astaire, Lionel Jeffries, Estelle Winwood
Avec Kim Novak, Jack Lemmon, Fred Astaire, Lionel Jeffries, Estelle Winwood
Récemment arrivé à Londres, un jeune diplomate américain loue un appartement dont la propriétaire est une ravissante Américaine. Le lendemain, il apprend qu'elle est suspectée d'avoir tué son mari... Dans L'Inquiétante dame en noir, le film de "possession trouble" se transforme peu à peu dans sa seconde moitié en course poursuite loufoque.
« Avec le génie comique de Blake Edwards et le dynamisme virevoltant de Richard Quine aux manettes, L’Inquiétante dame en noir ne pouvait être qu’une réussite. Les gags mélangent habilement les courses-poursuites, le sadisme du burlesque et la satire volontairement méchante. Ni les Anglais, ni les Américains, que le scénario fait habilement s’affronter à l’aide des pires clichés, ne sortent vraiment grandis de l’aventure (…). Comme dans les meilleures comédies américaines, le casting est un adjuvant de choix : à commencer par les seconds rôles, de la dame moins sénile que son vieil âge le laissait prévoir, à l’inspecteur loufoque de Scotland Yard, forcément totalement incapable de mener une enquête à bien. Fred Astaire, à soixante ans passés, n’a rien perdu de sa légèreté, mais danse ici sur une partition qui ne lui est pas habituelle : le voir s’affaler dans le trou d’une tombe puis déclarer au fossoyeur qu’il faisait des "essayages" est d’autant plus drôle que ses manières de gentleman ne l’y prédestinaient pas. Quant à Jack Lemmon, est-il encore nécessaire de dire que, n’en déplaise à Billy Wilder, il est véritablement parfait ? La rapidité de ses réactions, l’élasticité de son corps, du cou jusqu’aux jambes, en passant par ses expressions de visage, modifiables à l’envi, conviennent parfaitement à la dynamique souple et au tempo d’enfer de la comédie à l’ancienne. Mais L’Inquiétante dame en noir est surtout un festival Kim Novak, l’actrice chérie de Richard Quine, avec qui il tourna quatre films. (…) Richard Quine fait ainsi de la comédienne à la voix suave et au visage mutin une Marilyn de première ordre, ni pâle copie comme Doris Day, ni parodie "gonflée" à la Jayne Mansfield. Il lui laisse champ libre pour assurer sa transformation au long du film, d’abord femme fatale prête à tous les subterfuges afin de laisser le doute sur sa culpabilité (se faire passer pour sa propre bonne, raconter des sornettes ou rencontrer des inconnus dans la brume), puis amoureuse un peu ridicule, paniquée à l’idée de se laisser prendre à ses propres filets. Kim Novak n’est bien sûr pas tout à fait cette "inquiétante dame en noir" dont parle le titre français, étrange traduction du titre original ("la célèbre propriétaire"). Son innocence est rarement mise en doute. Comme le dit Bill, son amoureux éperdu, elle est beaucoup trop charmante pour être coupable, même si le scénario joue forcément du doute qui titille l’amateur de "films noirs" devant une femme trop belle pour être honnête... L’apparition fantasmagorique de la comédienne toute de blanc vêtue, violemment éclairée, devant son orgue, est un renversement habile des clichés du polar. S’il fallait trouver une raison d’être au titre, ce serait plutôt du côté de cette insidieuse caméra, que Richard Quine introduit partout dans un mouvement tournoyant, cassé par de brusques zooms sur les détails les plus inutiles, comme autant de fausses pistes. Cette caméra qui fouille et fouine dans l’intimité des personnages, telle un espion qui ne peut pas toujours tout voir mais assiste aux gaffes que chacun voudraient oublier au plus vite... Le parallèle entre les voisins de Carlyl qui cherchent à tout connaître de sa vie et cet instrument diabolique qui en connaît (presque) tout est audacieux. (…) Richard Quine nous livre ainsi insidieusement sa vision du cinéma, celle du pouvoir magique de l’image, tout aussi dangereux que fascinant, comme un placard que l’on nous interdirait d’ouvrir, et dont l’ouverture deviendrait notre unique obsession... »
Ophélie Wiel, Critikat.com
« Avec le génie comique de Blake Edwards et le dynamisme virevoltant de Richard Quine aux manettes, L’Inquiétante dame en noir ne pouvait être qu’une réussite. Les gags mélangent habilement les courses-poursuites, le sadisme du burlesque et la satire volontairement méchante. Ni les Anglais, ni les Américains, que le scénario fait habilement s’affronter à l’aide des pires clichés, ne sortent vraiment grandis de l’aventure (…). Comme dans les meilleures comédies américaines, le casting est un adjuvant de choix : à commencer par les seconds rôles, de la dame moins sénile que son vieil âge le laissait prévoir, à l’inspecteur loufoque de Scotland Yard, forcément totalement incapable de mener une enquête à bien. Fred Astaire, à soixante ans passés, n’a rien perdu de sa légèreté, mais danse ici sur une partition qui ne lui est pas habituelle : le voir s’affaler dans le trou d’une tombe puis déclarer au fossoyeur qu’il faisait des "essayages" est d’autant plus drôle que ses manières de gentleman ne l’y prédestinaient pas. Quant à Jack Lemmon, est-il encore nécessaire de dire que, n’en déplaise à Billy Wilder, il est véritablement parfait ? La rapidité de ses réactions, l’élasticité de son corps, du cou jusqu’aux jambes, en passant par ses expressions de visage, modifiables à l’envi, conviennent parfaitement à la dynamique souple et au tempo d’enfer de la comédie à l’ancienne. Mais L’Inquiétante dame en noir est surtout un festival Kim Novak, l’actrice chérie de Richard Quine, avec qui il tourna quatre films. (…) Richard Quine fait ainsi de la comédienne à la voix suave et au visage mutin une Marilyn de première ordre, ni pâle copie comme Doris Day, ni parodie "gonflée" à la Jayne Mansfield. Il lui laisse champ libre pour assurer sa transformation au long du film, d’abord femme fatale prête à tous les subterfuges afin de laisser le doute sur sa culpabilité (se faire passer pour sa propre bonne, raconter des sornettes ou rencontrer des inconnus dans la brume), puis amoureuse un peu ridicule, paniquée à l’idée de se laisser prendre à ses propres filets. Kim Novak n’est bien sûr pas tout à fait cette "inquiétante dame en noir" dont parle le titre français, étrange traduction du titre original ("la célèbre propriétaire"). Son innocence est rarement mise en doute. Comme le dit Bill, son amoureux éperdu, elle est beaucoup trop charmante pour être coupable, même si le scénario joue forcément du doute qui titille l’amateur de "films noirs" devant une femme trop belle pour être honnête... L’apparition fantasmagorique de la comédienne toute de blanc vêtue, violemment éclairée, devant son orgue, est un renversement habile des clichés du polar. S’il fallait trouver une raison d’être au titre, ce serait plutôt du côté de cette insidieuse caméra, que Richard Quine introduit partout dans un mouvement tournoyant, cassé par de brusques zooms sur les détails les plus inutiles, comme autant de fausses pistes. Cette caméra qui fouille et fouine dans l’intimité des personnages, telle un espion qui ne peut pas toujours tout voir mais assiste aux gaffes que chacun voudraient oublier au plus vite... Le parallèle entre les voisins de Carlyl qui cherchent à tout connaître de sa vie et cet instrument diabolique qui en connaît (presque) tout est audacieux. (…) Richard Quine nous livre ainsi insidieusement sa vision du cinéma, celle du pouvoir magique de l’image, tout aussi dangereux que fascinant, comme un placard que l’on nous interdirait d’ouvrir, et dont l’ouverture deviendrait notre unique obsession... »
Ophélie Wiel, Critikat.com
SEANCES
vendredi 22 juin à 22h
dimanche 24 juin à 21h
jeudi 28 juin à 21h
samedi 30 juin à 17h30
mardi 3 juillet à 21h
dimanche 24 juin à 21h
jeudi 28 juin à 21h
samedi 30 juin à 17h30
mardi 3 juillet à 21h