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LA FIÈVRE DANS LE SANG (SPLENDOR IN THE GRASS)


de Elia Kazan



PROGRAMMATION JANVIER 2007

USA, 1961, 2h04, VOSTF
Avec Natalie Wood, Warren Beatty, Pat Hingle, Audrey Christie, Barbara Loden, Zohra Lampert

En 1929, dans une petite ville du Kansas, Bud, fils d'un riche propriétaire, et Deanie, fille d'un petit actionnaire, s'aiment passionnément et songent à se marier. Mais les préjugés sont trop forts, et leurs parents s'opposent à cette union... les effets maladifs du puritanisme sont dans ce film poussés à leur comble, sous un versant étonnamment intime dans le cadre d’un système hollywoodien.

« Comme dans chacun de ses films, Elia Kazan poursuit avec La Fièvre dans le sang (…) la longue quête, passionnée et angoissée, de son pays d’accueil, les États-Unis. Splendor in the Grass (magnifique titre original, hommage au poète Wordsworth), dont le scénario est dû au grand écrivain William Inge, est situé avec précision dans le temps (1929, pour le plus clair de son action) et dans l’espace (une bourgade du Kansas). Prolongeant À l’est d’Eden dans l’exposition des méfaits du puritanisme hérité des Pères fondateurs, La Fièvre dans le sang montre aussi un pays en crise, dont le système de valeurs (capitalisme, foi dans le travail récompensé par les dollars, toute puissance de la figure paternelle) est en train de vaciller. L’état de "crise" est en outre la caractéristique des personnages de ce film exacerbé et fébrile, où des êtres, ébranlés par des pressions antagonistes, plongent, s’en sortent (Deanie, Bud) ou sombrent définitivement (Ace, Ginny). Kazan est attentif aux élans vitaux ou destructeurs de ceux qu’il met en scène, privilégiant les sensations, les sentiments, les pulsions, les cris, les rires, les pleurs, qui font d’un bloc de chair, de sang et d’os un être authentiquement humain et vivant. Natalie Wood et Warren Beatty sont resplendissants de jeunesse mais, à travers eux, Kazan nous montre qu’il n’est pas toujours facile d’avoir vingt ans, surtout quand la société pèse lourd sur vos épaules. »
Guy Bellinger

« De longues scènes, prolongées au-delà de ce que leur strict contenu dramatique exige, découpées et montées pour que l'acteur et le corps de l'acteur soient rois, montrent des personnages malades, frustrés, névrosés dont l'angoisse naît lentement, monte, explose ou bien n'explose pas et, dans ce cas, les détruit encore plus irrémédiablement. Ce style de direction d'acteurs porte en lui-même sa philosophie et son point de vue sur le monde. Il n'est apte qu'à décrire des univers en décomposition qu'un bouleversement de valeurs va bientôt balayer. Il chante avec une intensité parfois poignante une décadence qui n'a même pas eu sa grandeur. Transplanté ailleurs, il devient vite odieux et n'est qu'une complaisance insoutenable. Ici, il est parfaitement adapté au sujet "historique" traité par le script de William Inge : à savoir les ravages du puritanisme dans l'âme de l'Amérique des années 30 vus à travers toutes les couches, riches et pauvres, de la société ; ses rapports avec la maladie mentale et donc avec la psychanalyse ; les tragédies individuelles qu'il engendre et l'espèce de bonheur déchirant (qui n'est pas le bonheur) auquel parviendront avec le temps les survivants. À cet égard la dernière scène du film - retrouvailles entre Deanie et Budest l'une des plus belles de l'oeuvre de Kazan. »
Ciné-club de Caen

SEANCES

Mercredi 10 janvier à 18h30
Samedi 13 janvier à 18h30
Dimanche 14 janvier à 18h30
Lundi 15 janvier à 18h30