PROGRAMMATION JANVIER 2007
France, 1971, 1h45
Avec Yves Guignard, Richard Brougère
Avec Yves Guignard, Richard Brougère
Yves est considéré par l'institution hospitalière comme "inéducable et irrécupérable". Pris en charge en 1958 par Fernand Deligny, éducateur singulier dont les tentatives de cures libres refusaient l'ordinaire des méthodes psychiatriques, Yves devient en 1962 le personnage central d'un film tourné dans les Cévennes.Yves et Richard s'évadent de l'asile. En se cachant, Richard tombe dans un trou. La fille d'un ouvrier de la carrière proche observe Yves resté seul et le ramène à l'asile.
Jean-Pierre Daniel, cinéaste, conseiller d’Éducation populaire auprès de la Jeunesse et des sports, croise en 1969 la route de Fernand Deligny qui lui confie le montage du Moindre Geste. De 1980 à 1985, il participe à l’aventure du Centre méditerranéen de création cinématographique fondé par René Allio. Il dirige aujourd’hui un centre culturel à Marseille, l’Alhambra Cinémarseille.
« CB - C'est dans un texte intitulé Acheminement vers l'image que Deligny explique que l'image est comme le lichen parce qu'elle mélange deux types de "mémoires (…) Dans ce texte, Deligny donne au cinéma seul la capacité de réactiver cette puissance de l'image. Il n'explique rien. Pourquoi le cinéma à ce moment théorique, plutôt que la photo ou la peinture ?
JPD - Il ne se pose pas la question. C'est plutôt parce qu'au même moment, il travaille beaucoup sur la parole. Pour lui le cinéma est autiste, comme toutes les images : “L'image ne se voit pas, l'image ne parle pas, l’image est autiste” »
Extrait : Entretiens Cyril Beghin, Josée Manenti et Jean-Pierre Daniel 08/2004
« Le Moindre geste est de ces œuvres trop rares, qui échappent à tout critère préalable, qui dépassent tout discours établi pour s’inscrire dans un regard, une écoute à part. Soit une forme cinématographique libre, incroyablement novatrice et à haute teneur politique, restituant au monde un autre monde voué par les institutions au cloisonnement, c’est-à-dire condamné au geste de négation le plus violent qui puisse être, celui de ne pas exister au regard des autres, de la société. »
Amélie Dubois, Les Inrockuptibles.
« Le Moindre geste de Fernand Deligny, Josée Manenti, Jean-Pierre Daniel, c’est l’histoire d’un film qui ne ressemble à rien. D’une force rare et indicible. Un film vagabond, tourné hors des sentiers battus, hors de tout cadre de production, sans technicien ni acteur... Nous sommes en 1963, dans un village cévenol où Fernand Deligny a trouvé refuge avec quelques rescapés de La Grande Cordée, une association créée des années plus tôt, "tentative de prise en charge en cure libre d’adolescents caractériels, psychotiques, délinquants". Le scénario, manifestement inventé jour après jour, prend appui sur une fable imaginée par Deligny : un garçon s’échappe de l’asile, un autre (Yves) part sur ses traces, et erre longuement dans le paysage... Josée Manenti fait partie de la minuscule équipe qui accompagne Deligny. Cette jeune femme, qui deviendra psychanalyste, prend, pour la première fois de sa vie, une caméra. Le film n’est peut-être qu’un prétexte. Il s’agit avant tout de créer de la matière pour structurer, nourrir le quotidien. Yves fera donc l’acteur. Il a 20 ans. Josée l’entoure depuis des années : il fait partie des rescapés. Elle le filme avec une incroyable science de la lumière et du cadre, anticipant sur chacun de ses gestes, sur ses moindres mouvements, devinant l’imprévisible. Les images sont muettes. Il n’y a pas de preneur de son. Pas de dialogue. Mais chaque soir, de retour au village, Yves raconte sa journée dans un magnétophone. Saisissants monologues proférés, beuglés d’une voix venue des profondeurs. Inquiétante étrangeté. Le tournage durera deux ans... La suite n’est pas moins surprenante. Deligny et les siens quittent les Cévennes. À peine commencé, il a fallu arrêter le montage, faute d’argent. Les images et les sons échouent au fond d’une malle qu’ils vont trimballer pendant 4 ans, d‘un bout à l‘autre de la France. En 1969, par l’intermédiaire d’un ami commun, la malle atterrit à Marseille, chez un jeune opérateur, Jean-Pierre Daniel. Il ne connaît ni Josée, ni Deligny, et ne sait rien de cette aventure, mais peu à peu il va s’approprier ces images, les monter, leur fabriquer un destin... Aujourd’hui, ce film nous est donné à voir. Il faut s’y précipiter. Ces images comme hors du temps, ces images obscures, lumineuses, âpres, irréductibles, sont de la plus grande acuité. »
Nicolas Philibert, réalisateur, membre de L'ACID.
Jean-Pierre Daniel, cinéaste, conseiller d’Éducation populaire auprès de la Jeunesse et des sports, croise en 1969 la route de Fernand Deligny qui lui confie le montage du Moindre Geste. De 1980 à 1985, il participe à l’aventure du Centre méditerranéen de création cinématographique fondé par René Allio. Il dirige aujourd’hui un centre culturel à Marseille, l’Alhambra Cinémarseille.
« CB - C'est dans un texte intitulé Acheminement vers l'image que Deligny explique que l'image est comme le lichen parce qu'elle mélange deux types de "mémoires (…) Dans ce texte, Deligny donne au cinéma seul la capacité de réactiver cette puissance de l'image. Il n'explique rien. Pourquoi le cinéma à ce moment théorique, plutôt que la photo ou la peinture ?
JPD - Il ne se pose pas la question. C'est plutôt parce qu'au même moment, il travaille beaucoup sur la parole. Pour lui le cinéma est autiste, comme toutes les images : “L'image ne se voit pas, l'image ne parle pas, l’image est autiste” »
Extrait : Entretiens Cyril Beghin, Josée Manenti et Jean-Pierre Daniel 08/2004
« Le Moindre geste est de ces œuvres trop rares, qui échappent à tout critère préalable, qui dépassent tout discours établi pour s’inscrire dans un regard, une écoute à part. Soit une forme cinématographique libre, incroyablement novatrice et à haute teneur politique, restituant au monde un autre monde voué par les institutions au cloisonnement, c’est-à-dire condamné au geste de négation le plus violent qui puisse être, celui de ne pas exister au regard des autres, de la société. »
Amélie Dubois, Les Inrockuptibles.
« Le Moindre geste de Fernand Deligny, Josée Manenti, Jean-Pierre Daniel, c’est l’histoire d’un film qui ne ressemble à rien. D’une force rare et indicible. Un film vagabond, tourné hors des sentiers battus, hors de tout cadre de production, sans technicien ni acteur... Nous sommes en 1963, dans un village cévenol où Fernand Deligny a trouvé refuge avec quelques rescapés de La Grande Cordée, une association créée des années plus tôt, "tentative de prise en charge en cure libre d’adolescents caractériels, psychotiques, délinquants". Le scénario, manifestement inventé jour après jour, prend appui sur une fable imaginée par Deligny : un garçon s’échappe de l’asile, un autre (Yves) part sur ses traces, et erre longuement dans le paysage... Josée Manenti fait partie de la minuscule équipe qui accompagne Deligny. Cette jeune femme, qui deviendra psychanalyste, prend, pour la première fois de sa vie, une caméra. Le film n’est peut-être qu’un prétexte. Il s’agit avant tout de créer de la matière pour structurer, nourrir le quotidien. Yves fera donc l’acteur. Il a 20 ans. Josée l’entoure depuis des années : il fait partie des rescapés. Elle le filme avec une incroyable science de la lumière et du cadre, anticipant sur chacun de ses gestes, sur ses moindres mouvements, devinant l’imprévisible. Les images sont muettes. Il n’y a pas de preneur de son. Pas de dialogue. Mais chaque soir, de retour au village, Yves raconte sa journée dans un magnétophone. Saisissants monologues proférés, beuglés d’une voix venue des profondeurs. Inquiétante étrangeté. Le tournage durera deux ans... La suite n’est pas moins surprenante. Deligny et les siens quittent les Cévennes. À peine commencé, il a fallu arrêter le montage, faute d’argent. Les images et les sons échouent au fond d’une malle qu’ils vont trimballer pendant 4 ans, d‘un bout à l‘autre de la France. En 1969, par l’intermédiaire d’un ami commun, la malle atterrit à Marseille, chez un jeune opérateur, Jean-Pierre Daniel. Il ne connaît ni Josée, ni Deligny, et ne sait rien de cette aventure, mais peu à peu il va s’approprier ces images, les monter, leur fabriquer un destin... Aujourd’hui, ce film nous est donné à voir. Il faut s’y précipiter. Ces images comme hors du temps, ces images obscures, lumineuses, âpres, irréductibles, sont de la plus grande acuité. »
Nicolas Philibert, réalisateur, membre de L'ACID.
SEANCES
Jeudi 11 janvier à 20h30
Lundi 15 jenvier à 20h30
Jeudi 18 janvier à 20h
(+ entretien Jean-Pierre Daniel)
Samedi 20 janvier à 18h30
Lundi 15 jenvier à 20h30
Jeudi 18 janvier à 20h
(+ entretien Jean-Pierre Daniel)
Samedi 20 janvier à 18h30