PROGRAMMATION MAI 2011
USA, 1959, 1h35, VOSTF
Avec Harry Belafonte, Inger Stevens, Mel Ferrer
Avec Harry Belafonte, Inger Stevens, Mel Ferrer
Après un éboulement au fond d'une mine en Pennsylvanie, Ralph Burton finit par se libérer seul des décombres. De retour à la surface, il découvre que toute trace de vie humaine semble avoir disparu après le passage d'un nuage radioactif... Ranald Mac Dougall donne une ampleur philosophique à ce film post-apocalyptique, à la fois réflexion sur les dangers du nucléaire, la fin d’une civilisation, mais aussi la violence, le racisme et l’idée d’un paradis terrestre à reconstruire.
« Atypique dans la production de SF des années 50 (globalement anti-rouge avec grosses bébêtes obligatoires), ce film singulier d’un cinéaste peu connu vaut le magnétoscopage. Mac Dougall se méfie à juste titre du spectaculaire. Il se contente de filmer l’après-catastrophe : un homme seul (Harry Belafonte, épatant) marche dans une ville en ruine. Étonnant décor, fait d’amas de décombres, de voitures empilées, de gratte-ciel ou monuments ensablés : le symbole d’une civilisation qui s’est crue éternelle, et n’était que passagère. La mise en scène, tout en vides et en vents coulis, rend palpable la désolation ambiante. (...) Le cinéma américain ne manque pas de visions d’apocalypse ; celle-ci, par son dépouillement et ses silences, hante longtemps. »
Aurélien Ferenczi, Télérama
« Le film de Ranald Macdougall est bourré de bonnes intentions : il témoigne contre la folie de l’humanité en même temps qu’il est un réquisitoire discret contre la ségrégation raciale. (...) Mac Dougall, manifestement inspiré, nous peint à grands traits gris et mornes un véritable enfer ; le désert humain qu’est devenu New York atteint au cauchemar par la précision et la sécheresse de la prise de vues : l’arrivée de Belafonte dans New York vide, son exploration déchirante d’un univers indifférent, où la seule voix n’est que l’écho des cris de l’isolé, cette scène effrayante où Burton, qui vivait en compagnie de mannequins en celluloïd en précipite un par la fenêtre, sont pleinement réussies et portent sur le spectateur. Nous sommes plongés en plein délire kafkaïen. (...) Le Monde, la Chair et le Diable est une œuvre originale, sérieuse et adulte : elle prêtera à de fructueux prolongements. »
La Saison Cinématographique (1960)
« Accumulant les clichés, le film impressionne néanmoins par les perspectives vertigineuses d’un Manhattan désert, au sol jonché de papiers comme une prémonition du 11 septembre, ce qui représente un tour de force du seul point de vue organisationnel, les extérieurs ayant été tournés à l’aube, rues bloquées dans le quartier de Wall Street (...) filmés dans un noir et blanc magnifique. Frère jumeau du Dernier rivage, de Stanley Kramer, sorti la même année, le film en présente des séquences similaires (les essais de contact par radio) et, dans sa première partie, servira peut-être de modèle aux séquences augurales du Survivant (1974 – Boris Sagal), à travers le bricolage acharné de Belafonte comme de Heston, rois de leur ville désertée. (...) Le plan final qui voit s’éloigner main dans la main (mais vers où ?) les trois protagonistes interloque : s’agit-il de symbolisme ou de l’annonce, guère imaginable pour l’époque, d’un futur ménage à trois ? Typique de la Guerre froide, avec ses gros défauts et ses réelles qualités, Le Monde, la chair et le diable demeure un document caractéristique d’une époque déboussolée. »
Jean-Pierre Andrevon, L’Écran fantastique (2007)
« Atypique dans la production de SF des années 50 (globalement anti-rouge avec grosses bébêtes obligatoires), ce film singulier d’un cinéaste peu connu vaut le magnétoscopage. Mac Dougall se méfie à juste titre du spectaculaire. Il se contente de filmer l’après-catastrophe : un homme seul (Harry Belafonte, épatant) marche dans une ville en ruine. Étonnant décor, fait d’amas de décombres, de voitures empilées, de gratte-ciel ou monuments ensablés : le symbole d’une civilisation qui s’est crue éternelle, et n’était que passagère. La mise en scène, tout en vides et en vents coulis, rend palpable la désolation ambiante. (...) Le cinéma américain ne manque pas de visions d’apocalypse ; celle-ci, par son dépouillement et ses silences, hante longtemps. »
Aurélien Ferenczi, Télérama
« Le film de Ranald Macdougall est bourré de bonnes intentions : il témoigne contre la folie de l’humanité en même temps qu’il est un réquisitoire discret contre la ségrégation raciale. (...) Mac Dougall, manifestement inspiré, nous peint à grands traits gris et mornes un véritable enfer ; le désert humain qu’est devenu New York atteint au cauchemar par la précision et la sécheresse de la prise de vues : l’arrivée de Belafonte dans New York vide, son exploration déchirante d’un univers indifférent, où la seule voix n’est que l’écho des cris de l’isolé, cette scène effrayante où Burton, qui vivait en compagnie de mannequins en celluloïd en précipite un par la fenêtre, sont pleinement réussies et portent sur le spectateur. Nous sommes plongés en plein délire kafkaïen. (...) Le Monde, la Chair et le Diable est une œuvre originale, sérieuse et adulte : elle prêtera à de fructueux prolongements. »
La Saison Cinématographique (1960)
« Accumulant les clichés, le film impressionne néanmoins par les perspectives vertigineuses d’un Manhattan désert, au sol jonché de papiers comme une prémonition du 11 septembre, ce qui représente un tour de force du seul point de vue organisationnel, les extérieurs ayant été tournés à l’aube, rues bloquées dans le quartier de Wall Street (...) filmés dans un noir et blanc magnifique. Frère jumeau du Dernier rivage, de Stanley Kramer, sorti la même année, le film en présente des séquences similaires (les essais de contact par radio) et, dans sa première partie, servira peut-être de modèle aux séquences augurales du Survivant (1974 – Boris Sagal), à travers le bricolage acharné de Belafonte comme de Heston, rois de leur ville désertée. (...) Le plan final qui voit s’éloigner main dans la main (mais vers où ?) les trois protagonistes interloque : s’agit-il de symbolisme ou de l’annonce, guère imaginable pour l’époque, d’un futur ménage à trois ? Typique de la Guerre froide, avec ses gros défauts et ses réelles qualités, Le Monde, la chair et le diable demeure un document caractéristique d’une époque déboussolée. »
Jean-Pierre Andrevon, L’Écran fantastique (2007)
Séances
mercredi 18 mai à 18h30
vendredi 20 mai à 19h
samedi 21 mai à 22h
vendredi 20 mai à 19h
samedi 21 mai à 22h