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LE SILENCE DES RIZIÈRES


de Fleur Albert



PROGRAMMATION NOVEMBRE 2006

France, 2004, 1h29, Version Français/Vietnamien STF

En ayant suivi les traces d’une femme née d’une Vietnamienne et d’un Français pendant la guerre d’Indochine, Fleur Albert pourrait avoir réalisé un support pour cours d’histoire : il n’en est rien. Véritable travail poétique sur la mémoire, ses choix, ses manques et la douleur qui surgit lorsque le réel confirme - ou non - la mémoire, Le Silence des Rizières dresse avec subtilité les portraits parallèles d’une femme et d’un pays déchirés.


Entre histoire collective et destins individuels, Le Silence des rizières propose un éclairage singulier et inédit de la guerre d’Indochine, cette guerre oubliée, à travers ceux qui ont lutté contre le colonialisme et la liberté au Vietnam. Maï est la fille de l’un d’entre eux, un Français, "André". Elle revient sur ses traces au Vietnam avec sa mère, Thuy Cam. Le film interroge les conséquences intimes de l’Histoire au sein d’une famille, avec son lot de mythologies, de sacrifices et de cloisonnement. Les destins mêlés de ces acteurs de l’ombre concentrent sous un jour cru ce que furent les enjeux humains d’une guerre de décolonisation et d’une indépendance nationale, en pleine guerre froide.

« Mes premières conversations avec Maï sur son histoire ont commencé en 1997. Ce qui m’a frappée, c’était ses difficultés à ne pas pouvoir séparer le destin de son père du sien. Maï : "Ce jour-là, à dix ans, il m’en a trop dit ou pas assez !... Toute ma naissance, le trajet pour venir en France, sont tellement teintés du début de la guerre froide, le PC était un parti clandestin, la guerre d’Algérie était là. La clandestinité transpirait. C’est cette intériorisation de certains moments d’histoire sentis par les yeux d’une enfant que je porte, plus que les faits historiques." Depuis son adolescence, Maï ressasse le récit de son père résistant, s’interroge sur cet engagement. Ce récit est peuplé de légendes, tissé de non-dits, qui sont sources de polémique figées par le culte du secret. C’est à partir d’une interrogation sur les conséquences directes d’une forme de censure qu’un film pouvait commencer. J’ai proposé à Maï de l’accompagner en image, à distance, d’aller à la rencontre de son histoire, enquêter avec elle. (…) Le film est un film de quête, pas d’enquête. À l’origine, il y a la quête de Maï que je relaie et dépasse. La chair du film émerge de la conjonction entre le temps présent, celui du voyage de Thuy Cam et Maï, avec un événement d’il y a cinquante ans, la guerre d’Indochine. Partant du postulat de départ que le silence du père de Maï correspond aussi à un silence historique, j’ai tenté d’éclaircir rigoureusement ces zones d’ombre. »
Fleur Albert

Prix du Meilleur Documentaire Long-métrage, Festival d’Ismaïlia 2005 (Égypte)

SEANCES

Jeudi 9 novembre à 20h30
(+ entretien avec Fleur Albert)
samedi 11 novembre à 18h
mardi 14 novembre à 18h30

INÉDIT À NANTES

JEUDI 9 NOVEMBRE À 20:30 • ENTRETIEN AVEC FLEUR ALBERT, RÉALISATRICE DU SILENCE DES RIZIÈRES