☰

Archives 2001-2011

LES 400 COUPS


de François Truffaut



PROGRAMMATION FÉVRIER 2008

France, 1959, 1h33
Avec Jean Pierre Leaud, Guy Decomble, Claire Maurier

Renvoyé du lycée à 12 ans, Antoine Doinel poursuit ses études dans un cours complémentaire. Mais il n'est pas aimé de son professeur, pas plus que de sa mère et de son beau-père. Après avoir eu une punition, il fait l'école buissonnière avec son ami René à la conquête de sa liberté.


" Un archiclassique.
De quoi sont faits les films ? François Truffaut, qui a été l'assistant de Roberto Rossellini, connaît bien la réponse : il suffit de trouver une situation. La situation des 400 Coups, il va la chercher au plus près, puisqu'il s'agit de la vie d'un préadolescent mal aimé à Paris. Truffaut connaît les deux, et le film est, comme chacun sait, fortement nourri de son enfance.
Il y a sans doute une autre raison à ce choix : il est créateur de mouvement, auquel le jeune cinéaste est pour le moment très attaché (dans Les Mistons, son seul vrai court métrage, tout repose sur les promenades en vélo de l'héroïne). Pour dire les choses simplement, le sujet des 400 Coups permet à Truffaut de filmer des gens "qui bougent" : des enfants qui courent dans les rues, chahutent, dégringolent les escaliers, se battent dans la cour, jouent au ballon, s'enfuient (parfois même avec une machine à écrire sous le bras), volent une bouteille de lait, s'insultent... Et comme nous sommes en hiver, de la buée sort de la bouche des personnages et ces petits nuages blancs impressionnent eux aussi la pellicule.
Et puis il y a Paris : les passants, les commerçants, les attractions des fêtes foraines qui tournent sur elles-mêmes comme un praxinoscope. La nuit, à Paris, on ne voit plus que les néons des boîtes de nuit et des salles de spectacle, leurs reflets sur les trottoirs mouillés, et quand Antoine Doinel fait un tour en voiture avec ses parents, les lumières qui caressent subrepticement les visages sont floutées par les gouttes qui recouvrent le pare-brise. Ce Paris-là, c'est celui d'avant le grand nettoyage ordonné par Malraux, un Paris noir, industriel, poussiéreux, un Paris populaire, avec ses taudis, un Paris aux murs griffés, griffonnés, épaufrés, que la caméra d'Henri Decae caresse dès les premiers plans du film, avec la tour Eiffel qui émerge au milieu de la grisaille.
A Paris, il y a des murs partout, à la maison, à l'école (on écrit sur les murs de la classe, mais pas pour y écrire "liberté" comme ce bon vieil Eluard), au cinéma, en prison... Effets de noir et blanc, jeux d'ombres et de lumières, sons (les pizzicati du violon qui rythment l'action) et bruits de la rue, le jeune cinéaste Truffaut, assoiffé de cinéma, veut de l'image qui bouge dans ses plans.
Les scènes les plus faibles du film, celles qui ont le plus mal vieilli, sont aussi les plus figées : celles qui confrontent le jeune héros à des marionnettes grimaçantes plus qu'à des êtres humains ­ le professeur d'anglais ou le veilleur de nuit qui chope Antoine Doinel. Un Antoine Doinel qui ne tient jamais en place, vif-argent au milieu du monde gris des adultes. "
Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles

SEANCES

mercredi 20 février à 15h
samedi 23 février à 19h
jeudi 28 février à 15h