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LES BALLETS DE CI DE LÀ


de Alain Platel



PROGRAMMATION NOVEMBRE 2007

France-Belgique, 2006, 1h50, documentaire

Avec ce long-métrage documentaire, Alain Platel célèbre l’essence des singularités humaines qui nourrissent « Les Ballets C. de la B. » depuis vingt ans. Qui sont les danseurs de « Les ballets C. de la B. » ? D’où viennent-ils ? Et comment transcendent-ils le monde sur scène ?
Un film tout en impressions, au cœur d’une compagnie unique dans le monde du spectacle vivant.
Un voyage émotionnel qui nous fait partager l’aventure artistique et humaine de « Les Ballets C. de la B. »

« Je vais faire un truc.
La brève apparition d’un homme face caméra, il nous dit, je vais faire un truc, il répète, je vais faire un truc avec mon visage, et il se prend un coup de pied en pleine poire.
Les gestes surpassent les mots, les gestes parlent. Les danseurs se racontent, on comprend vite que la mémoire n’est pas intellectuelle, qu’elle est charnelle. Leurs corps gardent en mémoire la trace de tous leurs sentiments, toutes leurs sensations, tous les gestes effectués depuis leur naissance. Chacun de nous a une pensée inconsciente qui réside dans l’unicité de son rapport à l’espace et chaque corps a son langage. Il en est de même pour les animaux, les chiens par exemple, chacun leur manière de tourner la tête ou de s’affaler. Platel est un artiste, il n’explique pas il montre. Marcher, parler, pédaler, se pencher, porter, pleurer, fumer, tourner, tomber, ramper, téléphoner, sauter, chevaucher, lécher, étreindre, haleter, saluer, applaudir, onduler, rire, courir, boxer, esquiver, filmer, laver, balayer, embrasser, menacer, tituber. C’est toutes les peines du monde qui sont là, dit le père d’un des danseurs en voyant Wolf à la télé. Oui, toutes les voix du monde sont enfermées dans les corps des danseurs. Chacun d’eux porte sa peine et son monde, Serge Coulibaly chevauche un caïman car comme son nom l’indique, il est sans pirogue. Quan Bui Ngoc évoque les gestes quotidiens qui fondent la danse traditionnelle de son pays. Gislain Malardier enfile les mots comme un bolide devant son frère immobilisé par un accident. Koshro Adibi rejoue le bourreau dont il a été la victime. Les mains de Sidi Larbi Cherkaoui veulent lui échapper et il les retient par les ailes. Comme un nouveau-né, Tayeb Benamara apprend à bouger en bougeant, à danser en mangeant, l’enfance de l’art. La petite fille devant la tombe de Nijinsky, demande, est-ce qu’il dort, est-ce qu’il est devenu une statue ? Apprendre, désapprendre, les cinq langues apprises puis désapprises par Koshro en Iran, je ne suis pas dangereux dit-il. Comprendre ce que l’on sait déjà c’est danser. Pour Platel, les boxeurs acceptent de danser, ils apprennent ce qu’ils savent déjà : Quel pied je dois mettre devant l’autre. Danser c’est la bataille pour l’air, la bataille pour rester debout. Ils ont bien du mal les alcooliques de la fête, ils tentent de s’appuyer sur l’air comme s’il était solide, l’air cède, ils titubent, s’accrochent, tombent, se relèvent, reprennent confiance, s’appuient encore, ils dansent. »
Joël Brisse

SEANCES

Jeudi 8 novembre à 20h30
Samedi 10 novembre à 16h
Lundi 12 novembre à 18h

FILM PRÉSENTÉ AVEC LE SOUTIEN DE L’ACID (ASSOCIATION DU CINÉMA INDÉPENDANT POUR SA DIFFUSION)