Archives 2001-2011

LES HAUTS DE HURLEVENT (ABISMOS DE PASIÓN)


de Luis Buñuel



PROGRAMMATION JANVIER 2010

Mexique,1953,1h31,VOSTF
Avec Jorge Mistral, Irasema Dilian, Lilia Prado, Ernesto Alonso

Alejandro revient, après dix ans d'absence,au vieux manoir où vit Catherine. Ils s'aiment depuis leur plus jeune âge et se sont promis l'un à l'autre. Adopté par les parents de la jeune fille lorsqu'il était enfant, le jeune homme est désormais riche et prêt à l'épouser. Or, celle-ci s'est mariée entre temps avec Eduardo et attend un enfant... Dans cette adaptation extrêmement personnelle du roman d'Emily Brontë, Buñuel transforme ce sommet du drame romantique en véritable traité de la haine.

« Dans son adaptation extrêmement personnelle du roman d'Emily Brontë, Les Hauts de Hurlevent (Abismos de pasión), Buñuel ne traite que de la deuxième partie, le retour d'Heathcliff, devenu Alejandro, et transforme ce sommet du drame romantique en véritable traité de la haine. Une haine unanimement partagée entre le paria revenu au pays, animé d'un désir de vengeance insatiable envers les artisans de sa disgrâce amoureuse, et la famille malveillante de sa bien-aimée Catarina. Un climat de passion et de détestation sous-tend donc le film dont Buñuel un des rares grands cinéastes à ne jamais pouvoir être taxé de mièvrerie mine la poésie et le romantisme par le cynisme et la cruauté. La relation des amants fatals prend elle-même des allures de provocation : ils se font des mamours devant Eduardo, mari de Catarina, un fade bellâtre féru d'entomologie le grand dada métaphorique de Buñuel. Le cinéaste montre que cet amour fou mêlé de haine est presque une entité indépendante des personnages, une chimère qui survivra à leur mort.
Le film ne serait qu'un mélodrame classique sans les à-côtés du récit, sans des personnages périphériques comme José, le serviteur d'Alejandro, un vieux bigot râleur qui, voyant en son maître une incarnation du diable, exorcise la maison en brandissant des croix et une sorte de brasero fumant où il a jeté un crapaud ; ou Ricardo, le frère de Catarina, digne des créatures de von Stroheim, poivrot veule et brutal à la fois, un rustre dégénéré qui ne rêve que de tuer Alejandro, son créancier, sans en avoir le cran. C'est par le biais de ce monstre qui tyrannise les faibles (dont son fils) que Buñuel va donner un ancrage naturaliste à un film autrement trop idéaliste. Enfin, toutes proportions gardées : un mélo qui débute par un plan d'arbre mort peuplé de vautours ne saurait être une bluette conventionnelle.. »
Vincent Ostria, Les Inrockuptibles

SEANCES

Vendredi 29 janvier à 19h
Dimanche 31 janvier à 16h30

VENDREDI 29 JANVIER 2010 • 19:00 • SÉANCE PRÉSENTÉE PAR JAVIER HERNANDEZ, UNIVERSITÉ DE MADRID