PROGRAMMATION MAI 2011
USA, 2006, 2h19, VOSTF
Avec Ken Watanabe, Kazunari Ninomiya, Shido Nakamura
Avec Ken Watanabe, Kazunari Ninomiya, Shido Nakamura
En 1945, les armées américaine et japonaise s'affrontent sur l'île d'Iwo Jima. Quelques décennies plus tard, des centaines de lettres sont extraites de cette terre aride où les soldats japonais savaient que leurs chances de survie étaient quasi nulles. Deuxième volet du diptyque consacré à cette bataille, Lettres d’Iwo Jima, fait suite à Mémoires de nos pères en se plaçant cette fois du côté japonais, montrant ainsi l’absurdité d'un conflit voué à l'échec.
« Le film estampillé “classique”, et donc conscient que la rigueur est le corollaire du classicisme, Clint Eastwood a voulu consacrer deux films, deux points de vue, à la bataille d’Iwo Jima pendant la Seconde Guerre mondiale. Une nécessité pour donner sens à ce genre en forme d’oxymore incarné par le diptyque Mémoires de nos pères/ Lettres d’Iwo Jima : le film de guerre humaniste, sinon humain. Contrechamp, complément, approfondissement, Lettres d’Iwo Jima montre la bataille vue du côté japonais, seulement deviné – à travers sa violence – dans Mémoires de nos pères. Dans les deux films, les combats sont mis en scène avec le bruit et la fureur nécessaires, bouchères, jamais excitantes (grâce à l’expertise du producteur Steven Spielberg). Mais, fonctionnelles, elles n’intéressent pas vraiment Eastwood : pour cet individualiste méfiant par nature à l’égard de tout système, l’objet du diptyque est de démanteler une mascarade collective. Dans Mémoires de nos pères, c’était l’héroïsme US marketing. Dans Lettres d’Iwo Jima, c’est l’absurdité d’une bataille perdue d’avance pour les Japonais, un baroud d’honneur plutôt déshonorant. On sent Eastwood touché, et peut-être plus attentif à leur sort (d’abord à celui de deux personnages aux extrémités de la hiérarchie, un général et un simple soldat) qu’à celui des GI de Mémoires de nos pères, qui se situait du côté des vivants et des vétérans. Avec sa photographie grise, presque cadavérique, Lettres d’Iwo Jima nous parle d’entre les morts (thème cher à Eastwood, notamment dans le diptyque informel de westerns L’Homme des hautes plaines/ Pale Rider), au travers de la correspondance des soldats japonais, découverte au début du film. (…) Auparavant, l’individualisme d’Eastwood – chez l’acteur et le cinéaste – laissait sang et larmes : ici, il est d’abord généreux dans la douleur, respectueux des individus (les Japonais y sont montrés ouverts à la culture américaine), même, et surtout, dans les situations moralement extrêmes. On s’inquiète ainsi de savoir si tel personnage mourra comme il l’a désiré. Et à un officier antipathique, faisant le mort toute la journée au milieu des cadavres pour piéger l’adversaire, il est accordé un répit magnifique, la vision “malickienne” d’un bout de ciel limpide : même les salauds peuvent dormir en paix. »
Léo Soesanto, Les Inrockuptibles
« Le film estampillé “classique”, et donc conscient que la rigueur est le corollaire du classicisme, Clint Eastwood a voulu consacrer deux films, deux points de vue, à la bataille d’Iwo Jima pendant la Seconde Guerre mondiale. Une nécessité pour donner sens à ce genre en forme d’oxymore incarné par le diptyque Mémoires de nos pères/ Lettres d’Iwo Jima : le film de guerre humaniste, sinon humain. Contrechamp, complément, approfondissement, Lettres d’Iwo Jima montre la bataille vue du côté japonais, seulement deviné – à travers sa violence – dans Mémoires de nos pères. Dans les deux films, les combats sont mis en scène avec le bruit et la fureur nécessaires, bouchères, jamais excitantes (grâce à l’expertise du producteur Steven Spielberg). Mais, fonctionnelles, elles n’intéressent pas vraiment Eastwood : pour cet individualiste méfiant par nature à l’égard de tout système, l’objet du diptyque est de démanteler une mascarade collective. Dans Mémoires de nos pères, c’était l’héroïsme US marketing. Dans Lettres d’Iwo Jima, c’est l’absurdité d’une bataille perdue d’avance pour les Japonais, un baroud d’honneur plutôt déshonorant. On sent Eastwood touché, et peut-être plus attentif à leur sort (d’abord à celui de deux personnages aux extrémités de la hiérarchie, un général et un simple soldat) qu’à celui des GI de Mémoires de nos pères, qui se situait du côté des vivants et des vétérans. Avec sa photographie grise, presque cadavérique, Lettres d’Iwo Jima nous parle d’entre les morts (thème cher à Eastwood, notamment dans le diptyque informel de westerns L’Homme des hautes plaines/ Pale Rider), au travers de la correspondance des soldats japonais, découverte au début du film. (…) Auparavant, l’individualisme d’Eastwood – chez l’acteur et le cinéaste – laissait sang et larmes : ici, il est d’abord généreux dans la douleur, respectueux des individus (les Japonais y sont montrés ouverts à la culture américaine), même, et surtout, dans les situations moralement extrêmes. On s’inquiète ainsi de savoir si tel personnage mourra comme il l’a désiré. Et à un officier antipathique, faisant le mort toute la journée au milieu des cadavres pour piéger l’adversaire, il est accordé un répit magnifique, la vision “malickienne” d’un bout de ciel limpide : même les salauds peuvent dormir en paix. »
Léo Soesanto, Les Inrockuptibles
Séances
mercredi 4 mai à 21h
samedi 7 mai à 00h00 *
dimanche 8 mai à 16h30
*Horaires des films projetés dans le cadre de la Nuit Clint Eastwood
samedi 7 mai à 00h00 *
dimanche 8 mai à 16h30
*Horaires des films projetés dans le cadre de la Nuit Clint Eastwood