LOI DU GENRE • NOVEMBRE 2016
USA, 1939, 1h42, VOSTF
avec Judy Garland, Jack Haley, Ray Bolger, Bert Lahr
À partir de 6 ans - VF / 8 ans - VO • NANTADO
avec Judy Garland, Jack Haley, Ray Bolger, Bert Lahr
À partir de 6 ans - VF / 8 ans - VO • NANTADO
Dorothy est une jeune orpheline élevée dans une ferme du Kansas par sa tante et son oncle. Son chien Toto est persécuté par la méchante Almira Gulch, mais personne ne semble croire la jeune fille, sa tante lui reprochant son imagination. Et pourtant, Almira Gulch finit par s'emparer de Toto avec l'intention de le tuer. Le chien s'échappe et retourne auprès de Dorothy. Mais une tornade se forme avant qu'elle ne puisse se réfugier et Dorothy voit Almira sur sa bicyclette se transformer en une sorcière chevauchant un balai. La maison prise dans la tempête finit par atterrir dans une contrée du pays d'Oz...
"A priori, Le Magicien d'Oz incarne à lui seul le désir de road movie, l'utopie enchanteresse que promeut la route pour ceux qui prennent. Il est ce vers quoi l'aventure de la fillette et de ses compagnons tend irrésistiblement, sa ligne d'horizon. Qu'il s'agisse du Lion, de l'Épouvantail, de l'Homme en fer blanc ou de Dorothy, tous croient aux pouvoirs du magicien et à la capacité à leur procurer la pièce qui manque à leur bonheur (du courage, une cervelle, un cœur, un retour à la maison). Mai contrairement au voyage allégorique de l'antique pèlerin de John Bunyan, trouvant dans la Cité céleste rien de moins que Dieu (Le Voyage du pèlerin, 1678), Dorothy, elle, tombe sur un piètre bonhomme, grassouillet et tremblotant, aux prises avec les leviers d'une machine aux tableaux de bord compliqués jusqu'au ridicule. On s'attendait à découvrir un démiurge de la famille de Fantômas ou du Docteur Mabuse, ou, plus près de nous, l'ébauche d'un Kurtz psychédélique régnant sur une armée de jouets enragés (Apocalypse Now, 1979), et nous voici au final en face d'un imposteur sympathique avouant tout de go la supercherie de son entreprise. Le film aurait pu s'arrêter là, sur une immense déception, mais c'est alors que le Magicien révèle toute sa puissance et sauve la fiction du désenchantement. Certes, il ne peut rien mais accomplit tout. En offrant à ses hôtes la reconnaissance et la conscience de soi qui leur manquaient [...] Et le Magicien d'énoncer la morale de l'histoire : tous, à commencer par Dorothy, avaient déjà en eux l'objet de leur quête.]i "Alors, pourquoi ne pas lui avoir dit plus tôt" s’interroge l'Épouvantail, au risque de renvoyer le récit à une condition d'impossibilité. Certes, l’objet de leur quête était déjà là, mais sous la forme d'un savoir bloqué, et donc inaccessible. D'où le paradoxe qui fonde "le principe d'Oz" : si au terme de son voyage, l'homme du road movie découvre si souvent un magicien bedonnant (la mort, le vide, un mirage, une famille disparue, un éden envolé), c'est la croyance ou la foi en un horizon tangible qui lui a permis d'avancer et, ainsi, de trouver ce qu'il cherchait vraiment . quoi ? L'autre part de lui-même, parfois un double qu'il n'avait pas su ou osé regarder en face (au terme de son périple initiatique, Dorothy se redécouvre à la fois strictement identique et radicalement nouvelle : elle a compris pourquoi "there's no place like home".) En quoi le film combine en fin de parcours les deux élans, a priori contradictoires, qui traversaient son héroïne (double rêve d'évasion et de sédentarisation). La route, de goudron ou de briques jaunes, constitue ainsi le lieu d'une illusion nécessaire (et programmée?) puisque c'est en la prenant qu'on identifie réellement l'objet de son désir. C'est même de la nature de ce que l'on finit par trouver, insoupçonnable jusque-là, que l'on déduit l'objet réel de sa quête ; celui-ci, en cours de voyage, se modifie, s'affine, se métamorphose même au point d'entretenir un rapport lointain avec l'impulsion originelle. "Ce n'est pas seulement la division entre l'endroit dont on part et l'endroit vers lequel on va , c'est aussi nous-mêmes qui nous divisons, qui nous partageons". Au fond, le road movie vu par le Magicien d'Oz entrelace deux routes : une route objective, faite de rencontres et de kilomètres, de macadam et de lignes jaunes, et une route intérieure qui n'émergent qu'au terme de la première et, ce faisant, la légitime. De l'une à l'autre, se joue un roman d'apprentissage, un devenir adulte, où le road runner devient ce qu'il est." Bernard Benoliel et Jean-Baptiste Thoret, Road Movie, USA, éditions Hoëbeke, 2011
"A priori, Le Magicien d'Oz incarne à lui seul le désir de road movie, l'utopie enchanteresse que promeut la route pour ceux qui prennent. Il est ce vers quoi l'aventure de la fillette et de ses compagnons tend irrésistiblement, sa ligne d'horizon. Qu'il s'agisse du Lion, de l'Épouvantail, de l'Homme en fer blanc ou de Dorothy, tous croient aux pouvoirs du magicien et à la capacité à leur procurer la pièce qui manque à leur bonheur (du courage, une cervelle, un cœur, un retour à la maison). Mai contrairement au voyage allégorique de l'antique pèlerin de John Bunyan, trouvant dans la Cité céleste rien de moins que Dieu (Le Voyage du pèlerin, 1678), Dorothy, elle, tombe sur un piètre bonhomme, grassouillet et tremblotant, aux prises avec les leviers d'une machine aux tableaux de bord compliqués jusqu'au ridicule. On s'attendait à découvrir un démiurge de la famille de Fantômas ou du Docteur Mabuse, ou, plus près de nous, l'ébauche d'un Kurtz psychédélique régnant sur une armée de jouets enragés (Apocalypse Now, 1979), et nous voici au final en face d'un imposteur sympathique avouant tout de go la supercherie de son entreprise. Le film aurait pu s'arrêter là, sur une immense déception, mais c'est alors que le Magicien révèle toute sa puissance et sauve la fiction du désenchantement. Certes, il ne peut rien mais accomplit tout. En offrant à ses hôtes la reconnaissance et la conscience de soi qui leur manquaient [...] Et le Magicien d'énoncer la morale de l'histoire : tous, à commencer par Dorothy, avaient déjà en eux l'objet de leur quête.]i "Alors, pourquoi ne pas lui avoir dit plus tôt" s’interroge l'Épouvantail, au risque de renvoyer le récit à une condition d'impossibilité. Certes, l’objet de leur quête était déjà là, mais sous la forme d'un savoir bloqué, et donc inaccessible. D'où le paradoxe qui fonde "le principe d'Oz" : si au terme de son voyage, l'homme du road movie découvre si souvent un magicien bedonnant (la mort, le vide, un mirage, une famille disparue, un éden envolé), c'est la croyance ou la foi en un horizon tangible qui lui a permis d'avancer et, ainsi, de trouver ce qu'il cherchait vraiment . quoi ? L'autre part de lui-même, parfois un double qu'il n'avait pas su ou osé regarder en face (au terme de son périple initiatique, Dorothy se redécouvre à la fois strictement identique et radicalement nouvelle : elle a compris pourquoi "there's no place like home".) En quoi le film combine en fin de parcours les deux élans, a priori contradictoires, qui traversaient son héroïne (double rêve d'évasion et de sédentarisation). La route, de goudron ou de briques jaunes, constitue ainsi le lieu d'une illusion nécessaire (et programmée?) puisque c'est en la prenant qu'on identifie réellement l'objet de son désir. C'est même de la nature de ce que l'on finit par trouver, insoupçonnable jusque-là, que l'on déduit l'objet réel de sa quête ; celui-ci, en cours de voyage, se modifie, s'affine, se métamorphose même au point d'entretenir un rapport lointain avec l'impulsion originelle. "Ce n'est pas seulement la division entre l'endroit dont on part et l'endroit vers lequel on va , c'est aussi nous-mêmes qui nous divisons, qui nous partageons". Au fond, le road movie vu par le Magicien d'Oz entrelace deux routes : une route objective, faite de rencontres et de kilomètres, de macadam et de lignes jaunes, et une route intérieure qui n'émergent qu'au terme de la première et, ce faisant, la légitime. De l'une à l'autre, se joue un roman d'apprentissage, un devenir adulte, où le road runner devient ce qu'il est." Bernard Benoliel et Jean-Baptiste Thoret, Road Movie, USA, éditions Hoëbeke, 2011
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