CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Les Petites marguerites


de Věra Chytilová



NEW YORK UNDERGROUND • MARS 2014

République Tchèque, 1966, 1h16, VOSTF
avec Ivana Karbanová, Jitka Cerhová, Marie Cesková
NUM • RÉÉDITION

Deux amies, Maria et Maria, s’ennuient fermement... Leur occupation favorite consiste à se faire inviter au restaurant par des hommes d’âge mûr, puis à les éconduire prestement. Fatiguées de trouver le monde vide de sens, elles décident de jouer le jeu à fond, semant désordres et scandales dans des lieux publics. Le ton audacieux du film décoiffe à souhait, en offrant une belle apologie de la distraction, sans limites.


"Si Les Petites Marguerites, son deuxième long-métrage de fiction, est aussi le plus célèbre, c'est qu'elle fut réduite au silence peu de temps après, par la répression politique qui a suivi l'écrasement du Printemps de Prague de 1968. C'est aussi parce que le film décoiffe, autant qu'il déroute. Une liberté de ton et une audace formelle stupéfiantes, un rythme totalement essoufflé sont au service des agissements de ces deux héroïnes (...)Condamnant les structures archaïques de la société autant que la démarche hédoniste de ces filles qui viennent tout saboter, le film n'en célèbre pas moins les puissances de l'art et de la vie. Influencée par la Nouvelle Vague française – les jeux de couleurs primaires empruntés à Godard, les faux raccords, la vérité qu'apportent les acteurs à leurs personnages, l'inscription de la fiction dans la vie telle qu'elle est… –, Vera Chytilova a mis ses enseignements au service d'une narration expérimentale teintée de surréalisme, injectant dans sa fiction ébouriffée des séquences animées abstraites en papier découpé (magnifiques), des archives documentaires, mélangeant le noir et blanc et la couleur, pastichant le cinéma muet…"
Isabelle Régnier, Le Monde

"Dès le générique des Petites Marguerites, le ton est donné, annonce d’une bataille bouffonne tout en décalage. Décaler, c’est modifier la stabilité, enlever la cale, geste magnifiquement subversif d’une cinéaste qui réalisait alors un film en équilibre précaire et fugace sur un préfixe, le dé-. Celui de la dépravation, de la destruction, de la découpe, de la désorientation. Quarante-sept ans après sa sortie, la folle liberté du film culte de Vera Chytilová déroute toujours autant."
Estelle Bayon, Critikat

"Deux ans avant le printemps de Prague, deux filles fofolles font souffler un doux vent de dinguerie dans la république socialiste.(...)La dialectique matérialiste, méthode au pouvoir à l’époque, se trouve rénovée par la métaphysique conflictuelle des best friends : l’une entraîne l’autre, chaque action est poussée vers une exagération destructrice, chaque plan s’accroche au précédent et tire. Il faut que tout cède. Les idiotes épiques démontrent que les choses sont essentiellement transformables, et irréparables. La figure nouvelle de la fofolle invente un burlesque politique intense (...)Les Petites Marguerites se place sous le signe du gâchis et de la dépense, mais avec une grande économie de moyens, cherchant à exprimer de la façon la plus condensée et littérale l’envie de tout casser, jusqu’à casser le film lui-même – quand Maria et Maria font du découpage, le plan se zèbre, ses morceaux se mélangent."
Luc Chessel, Les Inrockuptibles

Séances

Mercredi 19 mars 18h30
Lundi 24 mars 18h30
Vendredi 28 mars 18h30
Dimanche 30 mars 20h30