LA SÉANCE DES CINÉ SUP' • 2012/2013
USA, 1921, 2h15, VOSTF
avec Lillian Gish, Dorothy Gish, Joseph Schildkraut, Frank Losee
avec Lillian Gish, Dorothy Gish, Joseph Schildkraut, Frank Losee
Au XVIIIe siècle, peu avant la Révolution française, l’orpheline Henriette Gérard accompagne Louise, sa sœur adoptive, aveugle, à Paris. Les deux jeunes filles espèrent bien trouver un médecin qui guérira Louise de sa cécité. Hélas, Henriette est enlevée par le marquis de Presles, un roué qui a décidé d'en faire son jouet. Le sort de Louise ne sera pas meilleur et l’avènement de la Révolution ne fera que compliquer leur destin.
"Réalisé en 1921, Les Deux Orphelines appartient à la dernière partie de la carrière de David Wark Griffith (1875-1948), un moment où le cinéaste confirme souverainement ses intuitions qui ont cristallisé une certaine façon de raconter des histoires à Hollywood. Fresque historique et spectaculaire, le film est l'adaptation d'un mélodrame célèbre, un grand succès théâtral de l'époque. Griffith a été séduit par un récit qui mêle sentimentalisme forcené et reconstitution historique, mélodrame et épopée, formule que le cinéaste a porté à son plus haut point de perfection. A-t-il vu, dans la structure de la pièce d'Adolphe d'Enery, qui conte les malheurs de deux jeunes femmes dans le Paris de la Révolution française, une matière permettant d'expérimenter aisément les trouvailles dramatiques et de mise en scène inaugurées dans Naissance d'une nation en 1915 et Intolérance en 1916 ?
Car le récit des Deux Orphelines prend vite la forme de deux lignes parallèles (séparées l'une de l'autre, les deux personnages suivent des destins différents) qui doivent pourtant, un moment, se croiser . Le suspense mis en place est ainsi celui de retrouvailles désirées par un spectateur que la mise en scène travaille "à l'émotion" et qui s'accomplit après l'exubérante chevauchée finale au cours de laquelle Danton lui-même tente de sauver , in extremis, l'héroïne de la guillotine.
Le film est d'abord une vision politique . Suffisamment limpide pour provoquer des manifestations hostiles de groupes royalistes lors de sa sortie en France. La monarchie et l'Ancien Régime sont vus comme le règne de la tyrannie féodale, et la Terreur révolutionnaire comme la manifestation de ce que les intertitres désignent comme le bolchevisme. Plus subtilement, il porte déjà au plus haut degré d'efficacité narrative une esthétique qui valorise plastiquement l'individu, l'intègre à une communauté tout en se défiant de la foule perçue et figurée comme une entité organique dangereuse et incontrôlable. Griffith met ainsi en scène quelques mythes politiques américains avec un lyrisme tout personnel.
Jean-François Rauger, Le Monde
"Réalisé en 1921, Les Deux Orphelines appartient à la dernière partie de la carrière de David Wark Griffith (1875-1948), un moment où le cinéaste confirme souverainement ses intuitions qui ont cristallisé une certaine façon de raconter des histoires à Hollywood. Fresque historique et spectaculaire, le film est l'adaptation d'un mélodrame célèbre, un grand succès théâtral de l'époque. Griffith a été séduit par un récit qui mêle sentimentalisme forcené et reconstitution historique, mélodrame et épopée, formule que le cinéaste a porté à son plus haut point de perfection. A-t-il vu, dans la structure de la pièce d'Adolphe d'Enery, qui conte les malheurs de deux jeunes femmes dans le Paris de la Révolution française, une matière permettant d'expérimenter aisément les trouvailles dramatiques et de mise en scène inaugurées dans Naissance d'une nation en 1915 et Intolérance en 1916 ?
Car le récit des Deux Orphelines prend vite la forme de deux lignes parallèles (séparées l'une de l'autre, les deux personnages suivent des destins différents) qui doivent pourtant, un moment, se croiser . Le suspense mis en place est ainsi celui de retrouvailles désirées par un spectateur que la mise en scène travaille "à l'émotion" et qui s'accomplit après l'exubérante chevauchée finale au cours de laquelle Danton lui-même tente de sauver , in extremis, l'héroïne de la guillotine.
Le film est d'abord une vision politique . Suffisamment limpide pour provoquer des manifestations hostiles de groupes royalistes lors de sa sortie en France. La monarchie et l'Ancien Régime sont vus comme le règne de la tyrannie féodale, et la Terreur révolutionnaire comme la manifestation de ce que les intertitres désignent comme le bolchevisme. Plus subtilement, il porte déjà au plus haut degré d'efficacité narrative une esthétique qui valorise plastiquement l'individu, l'intègre à une communauté tout en se défiant de la foule perçue et figurée comme une entité organique dangereuse et incontrôlable. Griffith met ainsi en scène quelques mythes politiques américains avec un lyrisme tout personnel.
Jean-François Rauger, Le Monde
Séances
Mardi 2 octobre 2012 à 20:30
Dimanche 7 octobre 2012 à 18:45
Dimanche 7 octobre 2012 à 18:45