PROGRAMMATION JUIN-JUILLET 2007
Japon, 1995, 1h50, VOSTF
Avec Midori Kiuchi, Takashi Naito, Makiko Esumi, Tadanobu Asano
Avec Midori Kiuchi, Takashi Naito, Makiko Esumi, Tadanobu Asano
Yumiko est hantée par la disparition de sa grand-mère, qu'elle n'a pas su retenir, et par le suicide de son premier mari. Avec son petit garçon, elle quitte sa ville et fait un long voyage pour tenter de refaire sa vie. "La splendeur visuelle de Maborosi est liée tout d'abord à l'emploi frappant de la lumière comme véritable acteur de drame. Le réalisateur emploie en virtuose les sources d'éclairage naturel, et une poésie presque surnaturelle émerge de la confrontation entre la lumière, les corps et leur environnement." Yann Tobin, Positif
« Et puisque le monde est une totalité brisée, son cinéma le sera aussi. Et ses héros seront des vagabonds, qui traînent. Toujours en dehors, à côté, ne prenant pas part à la machine. Enfants abandonnés dans un appartement, communauté perdue au milieu de la forêt, famille cernée par l'océan, ou morts rassemblés en compagnie. Chez Kore-eda, le héros n'est jamais partie prenante, il est hors-jeu. En état de retraite, d'abandon. Il est clochard. Le clochard, c'est celui qui est rejeté par le récit conventionnel, celui qui erre dans un espace qui semble imprenable par la fiction. Il ne s'agit pas pour autant de figures, les personnages ici sont incarnés, même les morts ont les veines qui palpitent. Les pieds nus les mieux filmés du cinéma aujourd'hui, sont ceux des acteurs de Kore-eda. Un héros aux pieds nus donc, en attente, mais tremblant, et s'il ne subit pas les péripéties d'une dramaturgie, ne travaille pas, ne braque pas des banques, ne gagne aucune bataille, ce héros, il se laissera en revanche pousser les cheveux. Parce que sa seule lutte, c'est celle contre le temps. Or résister au récit est une tactique éprouvée dans la guerre faite au temps. La stratégie elle, consiste à ne pas douter de l'éternité, et c'est un effort, une obstination violente, car rien ne permet à ces héros traînants de ne pas douter de l'éternité. Dans ce vacillement se construit l'unique intrigue de tous les films de Kore-eda : Un homme meurt du Sida (August Without You). Un enfant attend sa mère (Nobody Knows). Un mort tente de revivre le bonheur (After Life). Une femme refait sa vie (Maborosi). Des inconnus commémorent un événement qui les dépasse (Distance). Et chaque fois, pour les personnages, la question qui demeure sans réponse est "pourquoi m'as-tu abandonné ?" Et chaque fois, pour le cinéaste, le film semble se charger d'un écho qui dirait "mais je te regarde". Le cinéma ne nous apprend rien qu'il ne sache nous révéler. Aucun enseignement, aucune vérité n'a d'intérêt ici s'ils n'adviennent pas par les seuls instruments du cinéma. Dans ce sens, Kore-eda et sa caméra embusquée, est certainement le plus rossellinien des cinéastes japonais. »
Christophe Honoré, Festival International du Film de La Rochelle 2006
« Et puisque le monde est une totalité brisée, son cinéma le sera aussi. Et ses héros seront des vagabonds, qui traînent. Toujours en dehors, à côté, ne prenant pas part à la machine. Enfants abandonnés dans un appartement, communauté perdue au milieu de la forêt, famille cernée par l'océan, ou morts rassemblés en compagnie. Chez Kore-eda, le héros n'est jamais partie prenante, il est hors-jeu. En état de retraite, d'abandon. Il est clochard. Le clochard, c'est celui qui est rejeté par le récit conventionnel, celui qui erre dans un espace qui semble imprenable par la fiction. Il ne s'agit pas pour autant de figures, les personnages ici sont incarnés, même les morts ont les veines qui palpitent. Les pieds nus les mieux filmés du cinéma aujourd'hui, sont ceux des acteurs de Kore-eda. Un héros aux pieds nus donc, en attente, mais tremblant, et s'il ne subit pas les péripéties d'une dramaturgie, ne travaille pas, ne braque pas des banques, ne gagne aucune bataille, ce héros, il se laissera en revanche pousser les cheveux. Parce que sa seule lutte, c'est celle contre le temps. Or résister au récit est une tactique éprouvée dans la guerre faite au temps. La stratégie elle, consiste à ne pas douter de l'éternité, et c'est un effort, une obstination violente, car rien ne permet à ces héros traînants de ne pas douter de l'éternité. Dans ce vacillement se construit l'unique intrigue de tous les films de Kore-eda : Un homme meurt du Sida (August Without You). Un enfant attend sa mère (Nobody Knows). Un mort tente de revivre le bonheur (After Life). Une femme refait sa vie (Maborosi). Des inconnus commémorent un événement qui les dépasse (Distance). Et chaque fois, pour les personnages, la question qui demeure sans réponse est "pourquoi m'as-tu abandonné ?" Et chaque fois, pour le cinéaste, le film semble se charger d'un écho qui dirait "mais je te regarde". Le cinéma ne nous apprend rien qu'il ne sache nous révéler. Aucun enseignement, aucune vérité n'a d'intérêt ici s'ils n'adviennent pas par les seuls instruments du cinéma. Dans ce sens, Kore-eda et sa caméra embusquée, est certainement le plus rossellinien des cinéastes japonais. »
Christophe Honoré, Festival International du Film de La Rochelle 2006
SEANCES
jeudi 31 mai à 18h30
samedi 2 juin à 20h
dimanche 3 juin à 17h
lundi 4 juin à 18h30
samedi 2 juin à 20h
dimanche 3 juin à 17h
lundi 4 juin à 18h30