PROGRAMMATION AVRIL 2007
Allemagne, 1927, 2h33, muet
Avec Brigitte Helm, Alfred Abel, Gustave Froehlich, Rudolf Klein-Rogge, Fritz Rasp, Theodor Loos
Avec Brigitte Helm, Alfred Abel, Gustave Froehlich, Rudolf Klein-Rogge, Fritz Rasp, Theodor Loos
Metropolis, 2026. À l'étage des hommes libres, John Fredersen règne sur l'immense cité verticale, alors que le peuple misérable de la ville souterraine s'épuise au travail sans voir la lumière du jour. Son fils Freder tombe amoureux de Maria, qui prône une révolte non-violente des ouvriers. Mais Rotwang, un savant fou, construit un robot à l'image de Maria pour semer la haine et la discorde...
« "Lorsque j’ai lu pour la première fois le manuscrit de Thea von Harbou, j’ai tout de suite compris que le travail qui m’attendait allait de très loin dépasser mes précédentes réalisations", déclara Fritz Lang. Metropolis la futuriste ne pouvait qu’être le fruit de l’imagination, car il n’existait pas de style moderne qui exprime la complexité de cette mégalopole. Le projet est gigantesque, la ville est un mélange de modèles réduits, de trucages et de décors. Gratte-ciels art déco, autoroutes et jardins suspendus, Tour de Babel composent le cœur de la cité. Cette modernité apparente a un prix : elle ne vit que grâce à la sueur et au sang de milliers d’ouvriers qui se tuent littéralement à activer des machines qui ne produisent rien, mais qui réclament leur lot quotidien de morts et de blessés. Dans la ville basse, des équipes de nuit exténuées croisent des équipes de jour qui se jettent dans les ascenseurs qui les mèneront à M, la machine centrale. M comme Metropolis, M comme mutter (maman), M comme Moloch, la divinité païenne des Phéniciens et des Ammonites. Comme l’antique Moloch-Baal, la machine avale ses enfants, se repaît de leur chair. Toute mauvaise manipulation des leviers est sanctionnée sur le champ. C’est ce que découvrira le jeune Freder (Gustav Fröhlich) quand il descendra dans les souterrains à la recherche de Maria (Brigitte Helm). Si les ouvriers symbolisent le prolétariat opprimé par le capitalisme, Maria, elle, représente le renouveau, la virginité et la foi. Maria réconforte les masses oppressées, elle prêche dans les catacombes de Metropolis, véritable chapelle qui rappelle les lieux de rencontre des premiers Chrétiens. Elle offre un espoir qui effraie le dirigeant, concepteur de la cité, Joh Fredersen (Alfred Abel), père du jeune Freder. Le prénom Joh renvoie à Jéhovah, le Dieu biblique. Monopoliste et dictateur, Fredersen contrôle Metropolis de son bureau, entouré de consoles et de téléphones de surveillance. Tel le leader moderne, il règne grâce à la communication et l’information. »
Dave Garver, Dvd Classik
« L’œuvre de Lang vaut autant par son esthétisme expressionniste que par les thèmes qui y sont présentés. Ainsi, historiquement placé dans le mouvement expressionniste allemand, Metropolis ne déroge pas à la règle mais laisse une place à une représentation plus réaliste des choses. Le contexte économique et social est très important pour bien comprendre les productions allemandes des années vingt. Les personnages monstrueux, les décors totalement factices et les éclairages fortement dramatiques marquent le traumatisme de cette Allemagne meurtrie, dévastée et apeurée. Cette peur se ressent dans les films qu'elle produit. Dans cette situation, les producteurs allemands, et notamment Pommer pour la UFA, tentent de distribuer leurs films aux Etats-Unis. Mais pour cela, les productions germaniques doivent pouvoir rivaliser avec celles du nouveau continent. Metropolis sera le fer de lance de cette grande manœuvre, et Fritz Lang recevra tous les moyens qu'il désirait (le budget du film avoisina les cinq million de Marks). Echec en Allemagne et passé inaperçu au Etats-Unis (à cette époque les films parlants faisaient leur apparition), Metropolis ruina finalement l'UFA, qui ne s'en remit pas. C'est en voyant New York une nuit de 1924 que Fritz Lang fut impressionné par l'immensité des bâtiments et de la ville. C'est là que pour la première fois, il pensa à une gigantesque cité qui devint plus tard Metropolis. C'est sa femme, Thea von Harbou, qui se chargea du scénario après en avoir écrit le livre. La suite est beaucoup moins belle. La montée du nazisme pousse Fritz Lang à fuir son pays alors que Thea Von Harbour, dont les penchants pour les idéologie hitlériennes étaient connus, resta en Allemagne et y occupa une place importante. Dans son film, Fritz Lang tente de mettre en garde contre les méfaits de l’évolution technologique, à l'origine, selon lui, d’un probable esclavagisme de l’homme par la machine. Très négatif dans son ensemble, Metropolis se termine bien, au grand malheur de son réalisateur, ce qui lui valut d’être considéré comme une apologie du socialisme. De nos jours, il est plutôt vu comme un cri d’alarme face à la montée du nazisme dans son pays. Ce film, bien ancré dans son époque, a très bien vieilli et, quelques quatre-vingt ans plus tard, est même plus d’actualité que Lang lui-même aurait pu le penser. La fiction d’une époque devient parfois la réalité d'une autre. »
Emmanuel Durand, Film de culte
« "Lorsque j’ai lu pour la première fois le manuscrit de Thea von Harbou, j’ai tout de suite compris que le travail qui m’attendait allait de très loin dépasser mes précédentes réalisations", déclara Fritz Lang. Metropolis la futuriste ne pouvait qu’être le fruit de l’imagination, car il n’existait pas de style moderne qui exprime la complexité de cette mégalopole. Le projet est gigantesque, la ville est un mélange de modèles réduits, de trucages et de décors. Gratte-ciels art déco, autoroutes et jardins suspendus, Tour de Babel composent le cœur de la cité. Cette modernité apparente a un prix : elle ne vit que grâce à la sueur et au sang de milliers d’ouvriers qui se tuent littéralement à activer des machines qui ne produisent rien, mais qui réclament leur lot quotidien de morts et de blessés. Dans la ville basse, des équipes de nuit exténuées croisent des équipes de jour qui se jettent dans les ascenseurs qui les mèneront à M, la machine centrale. M comme Metropolis, M comme mutter (maman), M comme Moloch, la divinité païenne des Phéniciens et des Ammonites. Comme l’antique Moloch-Baal, la machine avale ses enfants, se repaît de leur chair. Toute mauvaise manipulation des leviers est sanctionnée sur le champ. C’est ce que découvrira le jeune Freder (Gustav Fröhlich) quand il descendra dans les souterrains à la recherche de Maria (Brigitte Helm). Si les ouvriers symbolisent le prolétariat opprimé par le capitalisme, Maria, elle, représente le renouveau, la virginité et la foi. Maria réconforte les masses oppressées, elle prêche dans les catacombes de Metropolis, véritable chapelle qui rappelle les lieux de rencontre des premiers Chrétiens. Elle offre un espoir qui effraie le dirigeant, concepteur de la cité, Joh Fredersen (Alfred Abel), père du jeune Freder. Le prénom Joh renvoie à Jéhovah, le Dieu biblique. Monopoliste et dictateur, Fredersen contrôle Metropolis de son bureau, entouré de consoles et de téléphones de surveillance. Tel le leader moderne, il règne grâce à la communication et l’information. »
Dave Garver, Dvd Classik
« L’œuvre de Lang vaut autant par son esthétisme expressionniste que par les thèmes qui y sont présentés. Ainsi, historiquement placé dans le mouvement expressionniste allemand, Metropolis ne déroge pas à la règle mais laisse une place à une représentation plus réaliste des choses. Le contexte économique et social est très important pour bien comprendre les productions allemandes des années vingt. Les personnages monstrueux, les décors totalement factices et les éclairages fortement dramatiques marquent le traumatisme de cette Allemagne meurtrie, dévastée et apeurée. Cette peur se ressent dans les films qu'elle produit. Dans cette situation, les producteurs allemands, et notamment Pommer pour la UFA, tentent de distribuer leurs films aux Etats-Unis. Mais pour cela, les productions germaniques doivent pouvoir rivaliser avec celles du nouveau continent. Metropolis sera le fer de lance de cette grande manœuvre, et Fritz Lang recevra tous les moyens qu'il désirait (le budget du film avoisina les cinq million de Marks). Echec en Allemagne et passé inaperçu au Etats-Unis (à cette époque les films parlants faisaient leur apparition), Metropolis ruina finalement l'UFA, qui ne s'en remit pas. C'est en voyant New York une nuit de 1924 que Fritz Lang fut impressionné par l'immensité des bâtiments et de la ville. C'est là que pour la première fois, il pensa à une gigantesque cité qui devint plus tard Metropolis. C'est sa femme, Thea von Harbou, qui se chargea du scénario après en avoir écrit le livre. La suite est beaucoup moins belle. La montée du nazisme pousse Fritz Lang à fuir son pays alors que Thea Von Harbour, dont les penchants pour les idéologie hitlériennes étaient connus, resta en Allemagne et y occupa une place importante. Dans son film, Fritz Lang tente de mettre en garde contre les méfaits de l’évolution technologique, à l'origine, selon lui, d’un probable esclavagisme de l’homme par la machine. Très négatif dans son ensemble, Metropolis se termine bien, au grand malheur de son réalisateur, ce qui lui valut d’être considéré comme une apologie du socialisme. De nos jours, il est plutôt vu comme un cri d’alarme face à la montée du nazisme dans son pays. Ce film, bien ancré dans son époque, a très bien vieilli et, quelques quatre-vingt ans plus tard, est même plus d’actualité que Lang lui-même aurait pu le penser. La fiction d’une époque devient parfois la réalité d'une autre. »
Emmanuel Durand, Film de culte
SEANCES
mercredi 18 avril à 20h30
samedi 21 avril à 20h30
dimanche 22 avril à 20h30
samedi 21 avril à 20h30
dimanche 22 avril à 20h30