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Archives 2001-2011

MIGUEL ET LES MINES


de Olivier Zabat



PROGRAMMATION OCTOBRE 2004

France, 2002, 52 min

Ce film est né à partir d’une anecdote entendue dans une salle de boxe : en Afrique dans les années 80, Miguel est miraculeusement sorti indemne d’un champ de mines situé sur une frontière. Dans la première séquence, Martine va au Cambodge, Miguel raconte une partie de son histoire. Parallèlement, une femme dans un pré tente d'effectuer le bon protocole pour s'extraire d'une zone minée. La Cour des lions est l'avant - et l'après-combat d'un boxeur compétiteur qui perdra à cause d'un coup de tête. No fish présente un démineur écossais lisant sur son bateau les poésies qu'il a écrites à sa femme pendant ses séjours au Kosovo. Son épouse fait des puzzles représentant des tigres en l'attendant pendant ses missions. Prendre un secteur est un face à face en huis clos entre le réalisateur et un ancien chef guerrier africain qui explique certaines tactiques guerrières et rejoue un épisode de sa fin de carrière. PMN2 est une lente accumulation de mines et d'engins explosifs sur une table basse de salon, devant laquelle un démineur va faire une brève explication et une démonstration. La Ligne rouge, enfin, montre l’entraînement d’un boxeur débutant qui crie son effort à chaque coup de pied alors que l’entraîneur l’accompagne dans ses mouvements d’une voix calme et presque monocorde.

« Actuellement, dans le cinéma, peu de questions sont aussi brûlantes que celle du documentaire. Fait saisissant mais peut-être logique, la meilleure réponse à ce jour vient d'un jeune artiste. Olivier Zabat, trente-huit ans, a souhaité prendre ses distances avec le monde de l'art : en 2000 il a tourné Zona Oeste, triptyque brut et beau, portrait des gangs d'une favela de Rio. Puis Miguel et les mines en 2001, essai en six parties ou modules (deux autres sont encore à venir), chef d'oeuvre modeste dont l'aura, d'un festival, d'une exposition l'autre, n'a pas fini de croître. Quel exergue à Miguel ? La loterie cruelle de la mine, bien sûr, qui fournit à Zabat son fil rouge : sautera / sautera-pas. Selon les cas elle donne, c'est connu, l'éparpillement fatal aux quatre vents, façon puzzle, ou l'extraction difficile d'un coeur fragile et précieux. Telle est la mine, moins engin de mort que risque symétrique, possibilité égale d'un pur dehors et d'un pur dedans. Tel aussi Miguel. C'est cette corde raide qu'y tirent ceux, démineurs, boxeurs, soldats qui, pour évoquer leur intimité avec un danger désormais off, déploient in, face caméra, un art tout aussi dangereux : show grandiose et inquiétant, confidence, poésie sobre. Et qu'y tire la mise en scène elle-même, rapport tendu d'un cadre neutre – mur nu, ring, mer sans poissons – et d'un spectacle voué à la dispersion. Nulle apologie de la force virile, pourtant, dans ce film où la violence est partout, mais un retour à son caractère essentiel de réserve, d'imminence ou de chance. Explosion se lit alors aussi bien éclosion, ainsi que le pose d'emblée le premier module, où c'est une femme, apprentie démineuse en protocole de simulation, qui avec mille précautions cueille au soleil un bouquet de fleurs blanches. Au cinéma, une seule violence exige condamnation, celle qui parie sur une surenchère - du champ comme attestation live d'une présence brute, du hors-champ comme absence mythique d'où tout vient et où tout se perd. Zabat, qui assure entre eux un équilibre parfait quoique précaire, propose au contraire d'assimiler le réalisme documentaire à un délicat – féminin – labeur de déminage. Rien n'y est d'avance garanti, et aucune préférence n'y peut dominer, pour le calme plat ou le big boom !, ici ou là-bas, les poissons, les fleurs ou les feux d'artifices. Multiples sont, comme on voit, les ressources stratégiques de Miguel – qui aura l'audace de le sortir ? –, dont Zabat retrace le chemin et la méthode.[…] »
Emmanuel Burdeau – Hélène n°zéro – février 2003



SEANCES

VENDREDI 15 A 18H30
SAMEDI 16 A 19H
DIMANCHE 17 A 20H30