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Archives 2001-2011

MONA ET MOI


de Patrick Grandperret



PROGRAMMATION DÉCEMBRE 2006

France, 1989, 1h30
Avec Denis Lavant, Sophie Simon, Antoine Chappey, Johnny Thunders, Jean-François Stévenin

Pierre est amoureux de Mona. Il vit avec une bande de copains, entre drogue, embrouilles et amours. Il rencontre Johnny Thunders, icône punk rock, et au risque de bouleverser sa vie, décide de tout faire pour organiser un concert à Paris. Culte, Mona et moi est un film-phare des années 80, célébré par la critique comme un renouveau du cinéma français.

« Il y a en France un triangle cassavetien, formé par trois personnalités complémentaires : Jean-François Stévenin, cinéaste et acteur, Yann Dedet, monteur, et Patrick Grandperret, producteur et cinéaste. On les retrouve tous les trois dans Mona et moi : Grandperret à la réalisation, Dedet au montage (et dans un petit rôle), et Stévenin comme acteur. Difficile de passer sous silence cette parenté, tant elle est manifeste dès le début du film (et au-delà de l’objet-film, dans son système de production comme dans sa méthode de montage). (…) Le charme de Mona et moi ressort du domaine de l’aléatoire. Une fois défini le cadre physique (un loft) où évolueront les personnages, sur une toile de fond sociale très années 70 (quatre zonards qui tâtent du rock et de la drogue en amateur), le film va révéler par petites touches la disproportion entre les aspirations velléitaires des anti-héros et leur rêve mythique du rock’n’roll, qui se cristallise sur une "star" emblématique (Johnny Valentine alias Johnny Thunders). (…) Typique de la mentalité de la décennie 70, où une certaine jeunesse, libérée des tabous par les actions de la génération précédente, fondait son idéal sur un hédonisme nihiliste, le film de Grandperret traduit l’impuissance (sociale) profonde de la marginalité à tout prix. (…) Refusant d’adhérer (il constate, c’est tout) à cette mythologie du rock et de la drogue, le réalisateur s’amuse – c’est ce qui fait la grande singularité du film – à faire se rencontrer des marginaux ordinaires avec une figure exotique (…). D’où une irrésistible drôlerie qui naît de l’inadéquation des tentatives de Pierre et ses acolytes (qui, en fait de chanson, connaissent surtout Boby Lapointe) pour entrer dans le monde brutal du rock. Le sommet cocasse de cette disparité ethnique étant la discussion entre Hubert Deschamps et Johnny Thunders dans un bistrot (le bon Français moyen carburant au pinard et le junkie sirotant un verre de lait). À une remarque de Thunders sur la réconfortante sécurité des rues de Paris, Deschamps rétorque en lui opposant le meurtre sauvage d’Henri IV par Ravaillac, à deux pas de l’endroit où ils confèrent ! (…) Loin de chercher la quadrature du cercle, la perfection scénaristique vers laquelle s’escriment trop de cinéastes (et producteurs), Grandperret organise un vrai récit picaresque à partir de bribes arrachées au réel. (…) Cette cuisine de montage, qui fait surgir des fautes de raccord criantes, confèrent à Mona et moi une impression de liberté, de vie, tout simplement, qui manque cruellement au cinéma actuel, hyper-balisé, semé de gardes-fous… La démarche de Grandperret renoue en définitive avec l’esprit originel de la Nouvelle Vague, revu et adapté au contexte social de l’après-68. »
Vincent Ostria, Les Cahiers du cinéma

SEANCES

Jeudi 14 décembre à 20h30
Samedi 16 décembre à 18h30
Mardi 19 décembre à 20h30

JEUDI 14 DÉCEMBRE À 20:30 • ENTRETIEN ENTRE CYRIL NEYRAT ET PATRICK GRANDPERRET