CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Marseille contre Marseille


de Jean-Louis Comolli



BATTRE CAMPAGNE • AVRIL - MAI 2017

France, 1996, 1h28, documentaire

Cette fable politique en forme de tragi-comédie populiste se joue pendant les élections municipales de juin 1995 à Marseille. Il y avait, au cœur des quartiers nord, dans la partie la plus populaire de la ville, une association, "Nord Ambition", regroupant les supporters de Bernard Tapie. Ils voulaient aider Tapie à conquérir la mairie de Marseille, et ils comptaient en retour sur l'appui de Tapie pour gagner, eux, la mairie des quartiers nord. Mais "le Messie", comme ils l'appelaient, connaissait quelques difficultés. Les tapistes de "Nord Ambition" espéraient pourtant encore. Espoir déçu. Tapie finira par donner son appui à l'alliance PC-PS, c'est-à-dire aux ennemis de ses amis... À partir de là, que croyez-vous qu'il se passa ? La morale de la fable est double. Que les petits poissons finissent par se faire manger par les gros. Et que bien sûr, "il ne faut jurer de rien" .

"L'image du détective s'est imposée d'elle-même, en regardant un soir de désoeuvrement un épisode de Colombo. Le rapprochement m'est apparu évident : cette même façon d'insister, de relancer la machine, de revenir à tout bout de champ ; cette impossibilité pour ses interlocuteurs de s'en débarrasser (...). Pour le spectateur qui choisit de regarder l'ensemble de la série, Samson devient un personnage familier, il s'agit à chaque fois de retrouvailles. Pour les hommes politiques qui en sont les acteurs également ; "l'effet feuilleton" fonctionne sur eux aussi. La construction très cinématographique du personnage de Michel Samson les aspire d'emblée vers le cinéma. Il est celui qui leur permet un déplacement : de l'espace protégé des médias, où ils ont l'habitude de parler, vers le risque du film ; de l'éphémère vers la durée ; des "petites phrases" ou des formules vers le travail d'une parole en acte ou en mouvement. Michel Samson, c'est un peu "Merlin l'enclencheur". Il arrive, suivi de la caméra, et aussitôt il y a du cinéma dans l'atmosphère : "Ça sent le film", comme le dit joliment Comolli." Patrick Leboutte

Séance unique

- - jeudi 20/04 18:30