LA SÉANCE DES CINÉ SUP • MARS 2015
USA, 1939, 2h05, VOSTF
avec Claude Rains, James Stewart, Jean Arthur
avec Claude Rains, James Stewart, Jean Arthur
Ce n'est pas Martine mais Mr. Smith, un péquenaud naïf (ce qualificatif lui sera même attribué en couverture d'un journal) qui va au Sénat porter avec obstination son projet de création d'un camp national pour les garçons des villes. Sous l'oeil affûté de Capra, il fera l'expérience des compromissions et de la corruption de la classe politique à tel point que le film vaudra au cinéaste, un comble pour le plus génial idéologue qu'Hollywood ait connu, des attaques répétées pour anti-américanisme !
"On peut d’ailleurs supposer que Monsieur Smith au Sénat a plus contribué à faire connaître aux citoyens américains le fonctionnement de leurs institutions que bien des programmes d’instruction civique. Quand sa secrétaire explique le long et complexe parcours d’une loi à Smith, c’est aux Américains qu’elle s’adresse, avec un didactisme jamais lourd tant il s’insère harmonieusement dans le récit. Même chose quand Smith découvre avec nous les rites spécifiques qui ont court au Sénat. Mais il ne faut pas pour autant considérer Monsieur Smith au Sénat comme une simple apologie de la démocratie américaine telle qu’elle se pratiquait à l’époque (et, par bien des aspects, telle qu’elle se pratique encore aujourd’hui). Car le film est loin d’être tendre avec la Chambre haute du Congrès américain. (...) Il y aurait encore bien des choses à dire sur un film décidément très en avance sur son époque. On pourrait notamment signaler sa clairvoyance, quand il constate que l’opinion publique s’achète, ou que séduire les enfants, c’est manipuler leurs parents. On pourrait également noter que les arguments que le sénateur corrompu interprété par Claude Rains emploie pour défendre ses choix sont encore employés de nos jours par certains hommes politiques surpris la main dans le pot de confiture (« Mes compromis ont servi le peuple américain, grâce à eux notre État présente le plus faible taux de chômage et obtient le plus de subventions »). On pourrait enfin louer son féminisme (le personnage de Saunders, femme émancipée, active et rouée qui connaît mieux la politique que les hommes pour lesquels elle travaille, est admirable) ou encore son antiracisme : le vieux Noir levant les yeux sur la statue de Lincoln qui le baigne d’une lumière céleste au moment où la voix off assène le mot « Liberté » ; les trois bagagistes qui abandonnent les lourdes valises du Blanc exaspéré ; le petit scout présenté à égalité avec les autres enfants. C’est à ce genre de détails que se jaugent l’humanisme et le courage d’une œuvre qui n’a rien d’une leçon de morale un peu mièvre et qui ne peut se réduire à une simple entreprise de prosélytisme idéologique."
Sébastien Chapuys, Critikat
"Monsieur Smith au Sénat est l’une de ces fables politiques acerbes qui prennent pour cible le cynisme des politiciens, la collusion entre élus, organes de presses et industriels pour entretenir l’illusion d’une démocratie, alors que le système est verrouillé et n’a comme finalité que la sécurisation et la pérennisation de la fortune et du pouvoir des élites du pays. Mais, à contrario de L’Enjeu (film très proche par son sujet et certainement l’œuvre la plus pessimiste de Capra), le réalisateur croit encore que le peuple peut changer l’ordre des choses, abattre les murs d’indifférence et se réapproprier le système. La volonté sans faille, l’intégrité de Jefferson Smith, peuvent mener au réveil des classes opprimées, symbolisées ici par un groupe d’enfants. La volonté sans faille, l’intégrité de Jefferson Smith, peuvent mener au réveil des classes opprimées, symbolisées ici par un groupe d’enfants. Capra offre des rôles en or à James Stewart (comme toujours parfait), Jean Arthur, Claude Rains… et à tous les autres personnages, magnifiquement écrits, parfois truculents, le plus souvent touchants. C’est un film emporté, drôle, irrésistible, bouleversant. On rit énormément, on pleure tout autant. On sort du film avec l’intime conviction que c’est possible, oui, on peut redresser la tête et combattre l’injustice."
Olivier Bitoun, DVDClassik
"On peut d’ailleurs supposer que Monsieur Smith au Sénat a plus contribué à faire connaître aux citoyens américains le fonctionnement de leurs institutions que bien des programmes d’instruction civique. Quand sa secrétaire explique le long et complexe parcours d’une loi à Smith, c’est aux Américains qu’elle s’adresse, avec un didactisme jamais lourd tant il s’insère harmonieusement dans le récit. Même chose quand Smith découvre avec nous les rites spécifiques qui ont court au Sénat. Mais il ne faut pas pour autant considérer Monsieur Smith au Sénat comme une simple apologie de la démocratie américaine telle qu’elle se pratiquait à l’époque (et, par bien des aspects, telle qu’elle se pratique encore aujourd’hui). Car le film est loin d’être tendre avec la Chambre haute du Congrès américain. (...) Il y aurait encore bien des choses à dire sur un film décidément très en avance sur son époque. On pourrait notamment signaler sa clairvoyance, quand il constate que l’opinion publique s’achète, ou que séduire les enfants, c’est manipuler leurs parents. On pourrait également noter que les arguments que le sénateur corrompu interprété par Claude Rains emploie pour défendre ses choix sont encore employés de nos jours par certains hommes politiques surpris la main dans le pot de confiture (« Mes compromis ont servi le peuple américain, grâce à eux notre État présente le plus faible taux de chômage et obtient le plus de subventions »). On pourrait enfin louer son féminisme (le personnage de Saunders, femme émancipée, active et rouée qui connaît mieux la politique que les hommes pour lesquels elle travaille, est admirable) ou encore son antiracisme : le vieux Noir levant les yeux sur la statue de Lincoln qui le baigne d’une lumière céleste au moment où la voix off assène le mot « Liberté » ; les trois bagagistes qui abandonnent les lourdes valises du Blanc exaspéré ; le petit scout présenté à égalité avec les autres enfants. C’est à ce genre de détails que se jaugent l’humanisme et le courage d’une œuvre qui n’a rien d’une leçon de morale un peu mièvre et qui ne peut se réduire à une simple entreprise de prosélytisme idéologique."
Sébastien Chapuys, Critikat
"Monsieur Smith au Sénat est l’une de ces fables politiques acerbes qui prennent pour cible le cynisme des politiciens, la collusion entre élus, organes de presses et industriels pour entretenir l’illusion d’une démocratie, alors que le système est verrouillé et n’a comme finalité que la sécurisation et la pérennisation de la fortune et du pouvoir des élites du pays. Mais, à contrario de L’Enjeu (film très proche par son sujet et certainement l’œuvre la plus pessimiste de Capra), le réalisateur croit encore que le peuple peut changer l’ordre des choses, abattre les murs d’indifférence et se réapproprier le système. La volonté sans faille, l’intégrité de Jefferson Smith, peuvent mener au réveil des classes opprimées, symbolisées ici par un groupe d’enfants. La volonté sans faille, l’intégrité de Jefferson Smith, peuvent mener au réveil des classes opprimées, symbolisées ici par un groupe d’enfants. Capra offre des rôles en or à James Stewart (comme toujours parfait), Jean Arthur, Claude Rains… et à tous les autres personnages, magnifiquement écrits, parfois truculents, le plus souvent touchants. C’est un film emporté, drôle, irrésistible, bouleversant. On rit énormément, on pleure tout autant. On sort du film avec l’intime conviction que c’est possible, oui, on peut redresser la tête et combattre l’injustice."
Olivier Bitoun, DVDClassik
Séance
Mardi 10/03 20:30