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NUMÉRO ZÉRO


de Jean Eustache



PROGRAMMATION MAI 2008

France, 1971, 1h50, documentaire
Avec Odette Robert, Jean Eustache, Boris Eustache

II s'agit d'une traversée du temps par une femme âgée, Odette Robert, la grand-mère du cinéaste. Film-entretien de près de deux heures dans lequel Odette fait le récit de son vécu à son petit fils qui la filme en continu. Le film fut remonté dans une version de cinquante-quatre minutes sous le titre Odette Robert, pour la télévision, diffusé en 1980, mais non souhaitée par le cinéaste.

«J'ai appelé ce film Numéro Zéro pour montrer que non seulement je partais à zéro, mais que je
considérais qu'avant, en ce que j'avais fait, je m'étais trompé. »
Jean Eustache, Image et son n°250, mai 1971.

« ”Numéro zéro”, c’est le socle, le film d’avant la naissance officielle et publique de Jean Eustache (ce sera ”La Maman et la putain”). Le numéro secret. La clé. La vie d’Odette Robert est un roman (Balzac ?). L’histoire de ”Numéro zéro” aussi. »
Philippe Azoury, « L’ode à l’Odette d’Eustache », Libération, le 22 janvier 2003.

« Numéro zéro est un peu le niveau zéro du cinéma selon Eustache, son équation première : pour faire un film, il suffit d'une personne qui raconte une histoire à une autre.
(…)C'est toujours ça, le cinéma d'Eustache : des personnages s'assoient face à la caméra et déversent dans une hémorragie de paroles leur vie, leurs sentiments, leurs impressions, leur difficulté à être. On pense bien sur aux magnifiques monologues de Françoise Brun dans La Maman et la Putain, ou la figure omniprésente de celui qui raconte des histoires : Mickael Lonsdale dans une Sale Histoire, Jean-Noel Picq dans La Maman… et Mes petites amoureuses, Jean-Pierre Léaud dans Le Père Noel a les yeux bleus. Il y a véritablement une dimension vitale et pulsionnelle dans la parole, comme source du cinéma ou de la vie même, puisque Eustache refuse de séparer les deux. »
Laurence Reymond, « Nom : Robert. Prénom : Odette », www.fluctuat.net, 22 janvier 2003.

« Numéro zéro est à rapprocher de La Rosière de Pessac, auquel il fait d’ailleurs allusion : portrait d’une France oubliée, ou en cours de l’être, enregistrement brut, non concerté, documentaire. C’est aussi le complément dénudé de Mes petites amoureuses : cette grand-mère qui a élevé Jean sera à son tour recueillie par lui. En fait, on est déjà proche des derniers gestes de cinéma (Les Photos d’Alix et Une Sale histoire) par l’étrange radicalité du dispositif. «Dispositif» n’est d’ailleurs pas vraiment l’expression juste. Il s’agit bien davantage d’une mise en scène dont les artifices sont si voyants (le clap), si explicites (Odette Robert elle-même se considère en scène : «J’étais bien dans la lumière ?») qu’ils s’évanouissent d’eux-mêmes, naturellement. »
Jean-Philippe Tessé, « Numéro Zéro », www.chronicart.com

« L’œuvre de Jean Eustache illustre la pensée proustienne de A la recherche du temps perdu selon laquelle tout artiste est contraint à créer par le besoin de retrouver son passé. Numéro zéro, son premier long-métrage, lui aura permis de répondre partiellement au mal qui le rongeait, lançant ainsi un processus de deuil qui le guidera dans ses travaux ultérieurs. »
Marc Pracisnore, www.avoir-alire.com

SEANCES

Mercredi 28 mai à 21h30
Samedi 31 mai à 19h30