PROGRAMMATION MAI 2008
Danemark, 1955, 2h04, VOSTF
avec Henrik Malberg, Birgitte Federspiel, Preben Lerdorff Rye
avec Henrik Malberg, Birgitte Federspiel, Preben Lerdorff Rye
En 1930, dans un village du Jutland, un vieux fermier est père de trois garçons. L’aîné, Mikkel, est marié à Inger, enceinte d’un troisième bébé. Le second, Johannès, s’autoproclame prophète et porte la bonne parole dans les villages aux alentours. Le cadet, Anders, est amoureux de la fille du tailleur. Il désire l’épouser. Malheureusement, dû à une discorde religieuse, les patriarches ne s’entendent pas et refusent littéralement l’union des deux jeunes gens.
Cependant, suite à la mort en couche d’Inger, les deux hommes se réconcilient, alors que Johannès s’enfuit après avoir prophétisé ce malheur. Il revient pour l’enterrement de Inger, à l’instant où le cercueil va être fermé.
Ce film de Dreyer est une adaptation fidèle d’une pièce de théâtre de l’écrivain danois Kaj Munk, qui est aussi pasteur. Le point de départ de son œuvre s’articule autour de la notion de foi dans les années 30 : « Nous n’avons plus fois en rien ». Vingt-cinq ans plus tard, le sujet est toujours d’actualité pour le cinéaste.
« Dreyer revendique l'héritage de la grande époque du cinéma allemand. Nous pourrions qualifier son art de véritable expressionnisme, si ce terme n'avait pas été quelque peu galvaudé. (...) Le cinéma ne nous a jamais donné l'exemple d'un art plus volontaire : mais son mérite n'est pas tant dans sa rigueur que le fait que celle-ci n'est jamais pesante, ne brime pas un seul instant la liberté du jeu, n'étouffe pas l'émotion du spectateur, mais au contraire l'avive, la mutiplie. »
Eric Rohmer, dans un entretien donné aux Cahiers du Cinéma, n°55, janvier 1956.
« Ordet est le seul film que je peux voir et revoir et qui, chaque fois, me transforme en serpillière. Je le connais pourtant par cœur. Mais il y a en lui une profondeur et un mystère qui me fascinent. J’y vois, mais sublimé, ce que l’on trouve dans toute l’œuvre de Dreyer : une tentative de rendre visible l’invisible. (…) Je ne sais toujours pas si la fin s’ouvre sur l’espoir et le désespoir. C’est le secret du film. Il navigue de scènes très physiques en scènes métaphysiques. Mais les unes comme les autres n’ont qu’un seul but : nous redonner foi en la vie. »
André Téchiné, « Ordet vu par André Téchiné », Télérama n°2462, le 19 mars 1997.
« Dans cette architecture de nacre et de jais, se meuvent des êtres qui lui sont accordés par une mystérieuse évidence. La lenteur de leurs gestes, de leurs paroles, de leurs déplacements, n’est lenteur que par mémoire et comparaison. C’est ici le rythme même de la réalité, comme le prouve la prodigieuse scène de l’accouchement, l’un des plus intolérables moments du cinéma universel (intolérable de beauté !) où les gestes du chirurgien s’accordent positivement aux pulsations de la vie. Mais cette lenteur réaliste est évidemment pour Dreyer une conscience de l’espace et de la gravité du mouvement, elle est l’équivalent pour la durée, de l’importance des blancs et des gris. »
André Bazin, Extrait de « Le cinéma de la cruauté », Ed. Flammarion.
Cependant, suite à la mort en couche d’Inger, les deux hommes se réconcilient, alors que Johannès s’enfuit après avoir prophétisé ce malheur. Il revient pour l’enterrement de Inger, à l’instant où le cercueil va être fermé.
Ce film de Dreyer est une adaptation fidèle d’une pièce de théâtre de l’écrivain danois Kaj Munk, qui est aussi pasteur. Le point de départ de son œuvre s’articule autour de la notion de foi dans les années 30 : « Nous n’avons plus fois en rien ». Vingt-cinq ans plus tard, le sujet est toujours d’actualité pour le cinéaste.
« Dreyer revendique l'héritage de la grande époque du cinéma allemand. Nous pourrions qualifier son art de véritable expressionnisme, si ce terme n'avait pas été quelque peu galvaudé. (...) Le cinéma ne nous a jamais donné l'exemple d'un art plus volontaire : mais son mérite n'est pas tant dans sa rigueur que le fait que celle-ci n'est jamais pesante, ne brime pas un seul instant la liberté du jeu, n'étouffe pas l'émotion du spectateur, mais au contraire l'avive, la mutiplie. »
Eric Rohmer, dans un entretien donné aux Cahiers du Cinéma, n°55, janvier 1956.
« Ordet est le seul film que je peux voir et revoir et qui, chaque fois, me transforme en serpillière. Je le connais pourtant par cœur. Mais il y a en lui une profondeur et un mystère qui me fascinent. J’y vois, mais sublimé, ce que l’on trouve dans toute l’œuvre de Dreyer : une tentative de rendre visible l’invisible. (…) Je ne sais toujours pas si la fin s’ouvre sur l’espoir et le désespoir. C’est le secret du film. Il navigue de scènes très physiques en scènes métaphysiques. Mais les unes comme les autres n’ont qu’un seul but : nous redonner foi en la vie. »
André Téchiné, « Ordet vu par André Téchiné », Télérama n°2462, le 19 mars 1997.
« Dans cette architecture de nacre et de jais, se meuvent des êtres qui lui sont accordés par une mystérieuse évidence. La lenteur de leurs gestes, de leurs paroles, de leurs déplacements, n’est lenteur que par mémoire et comparaison. C’est ici le rythme même de la réalité, comme le prouve la prodigieuse scène de l’accouchement, l’un des plus intolérables moments du cinéma universel (intolérable de beauté !) où les gestes du chirurgien s’accordent positivement aux pulsations de la vie. Mais cette lenteur réaliste est évidemment pour Dreyer une conscience de l’espace et de la gravité du mouvement, elle est l’équivalent pour la durée, de l’importance des blancs et des gris. »
André Bazin, Extrait de « Le cinéma de la cruauté », Ed. Flammarion.
SEANCE UNIQUE
Dimanche 11 mai à 18h45