IDENTITÉS IRLANDAISES • MAI 2013
Irlande-GB, 2005, 1h46, VOSTF
avec Stuart Graham, Gerard McSorley, Michelle Forbes
avec Stuart Graham, Gerard McSorley, Michelle Forbes
Le 15 août 1998, "l'IRA véritable" (Real IRA) faisait exploser une voiture piégée à Omagh, en Irlande du Nord, tuant 31 personnes et faisant des centaines de blessés. Le carnage débouche sur un scandale impliquant police et justice. En se calant sur le combat, déterminé mais fragile, pour la vérité des parents de victimes, ce film utile cherche à éviter les embardées émotionnelles. Paul Greengrass avait signé Bloody Sunday, il a écrit et produit Omagh. La démarche est la même : une fiction documentaire implacable, avec une volonté de convaincre encore plus évidente ou démonstrative. Reste un tableau terriblement évocateur et très honnête (comme Bloody Sunday) quand il pointe les incroyables dysfonctionnements de l'enquête.
"Après le Bloody Sunday, il braque ici sa caméra sur l’autre événement-charnière du conflit en Irlande du Nord, l’attentat d’Omagh.(...) La tragédie d’Omagh, où vingt-neuf personnes perdirent la vie le 15 août 1998, lors d’un attentat à la voiture piégée revendiqué par la Real IRA, est une plaie encore béante, un meurtre de masse que la justice n’a toujours pas sanctionné. La question de la mémoire, de l’interaction des faits et du temps, n’a pas alors la même pertinence. Il s’agissait pour les auteurs de témoigner et faire acte de civisme en relayant la quête de vérité de Michael Gallagher, le porte-parole du Groupe de soutien et d’entraide d’Omagh, sans blesser la sensibilité des familles des victimes ni contrarier un travail de deuil parfois inachevé.(...)
Le film, préconisant un tournage à l’épaule et en lumière naturelle, se divise en trois parties. La première, relatant l’explosion et les quelques heures qui la précèdent, pour spectaculaire et virtuose qu’elle soit, sait éviter l’écueil de la complaisance et parvient, par la force d’un montage serré et haletant, à dévoiler l’horreur tout en la maintenant à distance. La deuxième, dans le registre du protocole compassionnel qui accompagne la douleur des proches, ne faillit pas non plus. A cet égard, la scène de l’hôpital de fortune, théâtre des incertitudes de toute une communauté, est traitée de façon équivalente à celle d‘Avanim de Raphaël Nadjari, loué la semaine dernière. Les propos et la narration des deux films sont pourtant foncièrement antithétiques. La troisième partie d’Omagh, enfin, verse délibérément dans le film-dossier, avec pour corollaire l’étiolement du cinéma au profit (?) d’une accumulation de faits édifiants. Ce ne sont plus les mécanismes de la fiction, impitoyablement bradée, qui sont ici démontés, mais ceux d’un conflit inextricable qui ne saurait concilier justice et vérité avec les avancées précaires du processus de paix."
Bertrand Loutte, les Inrockuptibles
"Après le Bloody Sunday, il braque ici sa caméra sur l’autre événement-charnière du conflit en Irlande du Nord, l’attentat d’Omagh.(...) La tragédie d’Omagh, où vingt-neuf personnes perdirent la vie le 15 août 1998, lors d’un attentat à la voiture piégée revendiqué par la Real IRA, est une plaie encore béante, un meurtre de masse que la justice n’a toujours pas sanctionné. La question de la mémoire, de l’interaction des faits et du temps, n’a pas alors la même pertinence. Il s’agissait pour les auteurs de témoigner et faire acte de civisme en relayant la quête de vérité de Michael Gallagher, le porte-parole du Groupe de soutien et d’entraide d’Omagh, sans blesser la sensibilité des familles des victimes ni contrarier un travail de deuil parfois inachevé.(...)
Le film, préconisant un tournage à l’épaule et en lumière naturelle, se divise en trois parties. La première, relatant l’explosion et les quelques heures qui la précèdent, pour spectaculaire et virtuose qu’elle soit, sait éviter l’écueil de la complaisance et parvient, par la force d’un montage serré et haletant, à dévoiler l’horreur tout en la maintenant à distance. La deuxième, dans le registre du protocole compassionnel qui accompagne la douleur des proches, ne faillit pas non plus. A cet égard, la scène de l’hôpital de fortune, théâtre des incertitudes de toute une communauté, est traitée de façon équivalente à celle d‘Avanim de Raphaël Nadjari, loué la semaine dernière. Les propos et la narration des deux films sont pourtant foncièrement antithétiques. La troisième partie d’Omagh, enfin, verse délibérément dans le film-dossier, avec pour corollaire l’étiolement du cinéma au profit (?) d’une accumulation de faits édifiants. Ce ne sont plus les mécanismes de la fiction, impitoyablement bradée, qui sont ici démontés, mais ceux d’un conflit inextricable qui ne saurait concilier justice et vérité avec les avancées précaires du processus de paix."
Bertrand Loutte, les Inrockuptibles
Séances
Jeudi 9 mai 2013 à 20h30
Lundi 13 mai 2013 à 18h30
Lundi 13 mai 2013 à 18h30