CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI AVRIL-MAI 2016
France, Lituanie, Russie, 2016, 1h46, VOSTF
avec Ina Marija Bartaité, Lora Kmieliauskaite, Sharunas Bartas
NUM • INÉDIT À NANTES
avec Ina Marija Bartaité, Lora Kmieliauskaite, Sharunas Bartas
NUM • INÉDIT À NANTES
La dimension autobiographique affirmée de l'œuvre ne l'empêche pas au contraire de chercher à sa périphérie, l'environnement naturel du film y invite, le moyen d'une autre affirmation, d'un passage vers une vie à retrouver au-delà des plaies marquantes et inquiétudes durables charriées par le passé. Comment s'avancer dès lors, trouver un chemin de traverse, un refuge, une autre projection de soi ? Un film sous forme de réflexe intime, au bord d'un vide sous-tendu par une tension sourde et sensible.
"Peace to Us in Our Dreams est ainsi le plus dialogué de tous les films de Bartas, de loin, ce qui n’est certes pas difficile. Ces nœuds et dénouements familiaux évoquent aussi bien Tchekhov que Bergman. Ils pourraient s’avérer banals, voire indigestes, s’ils n’étaient illuminés par le soleil noir de l’absence de Golubeva et par la puissance poétique et formaliste du cinéaste. Si Bartas se montre plus bavard qu’à l’accoutumée, il n’a rien perdu de son génie du plan, de l’intensité avec laquelle il filme un paysage, un lieu, un visage – surtout quand ces visages sont aussi beaux que le sien ou celui de ses actrices.
Le film installe aussi un malaise latent en opposant la famille Bartas, bourgeois de la ville aux physiques de bogosses, aux paysans du coin, alcooliques, édentés, usés, violents, rappelant le peuple “sans dents ” de Corridor ou Trois jours. Il y a comme une tension à la Chiens de paille ou Délivrance qui s’ébauche, un western en pointillé, Bartas style. Ce qui fait la beauté singulière et la puissance irréductible de ce film, c’est sa nature de travail de deuil, de chant d’amour laconique à l’être manquant. Bartas prend ici au pied de la lettre l’idée du cinéma comme art spectral. Cocteau disait aussi que le cinéma, c’est la mort au travail. Le cinéaste lituanien tente ici de renverser cet axiome en travaillant contre la mort. Tout contre." Serge Kaganski, Les Inrockuptibles
"Prenez garde ! Voici Grosz, l'homme le plus triste d'Europe." Ainsi s'était proclamé le peintre allemand George Grosz (1893-1959). Le titre étant resté vacant, voici Sharunas Barts, l'homme le plus triste d'Europe. Et tout est dan l’avertissement, une menace : "Prenez garde!" Un cri, une violente parade, celle de l'absolue nudité qui désarme, ecce homo. Le nouveau film du cinéaste lituanien, dont les précédents font l'objet d'une rétrospective au centre Pompidou, à Paris (IVe), est un autoportrait et un monde. Une fenêtre et un miroir, tous deux brisés. Dire d'un film qu'il est sincère, c'est d'habitude lui lancer un doux reproche, un prix de consolation. Peace to Us in Our Dreams est sincère, et inconsolable. C'est dire s'il est beau. Sa sincérité n'est pas une vertu, mais un scandale. On entend les sièges qui claquent. Qu'ils claquent ! Après le film, se lever ne sera plus pareil." Luc Chessel, Libération
"Peace to Us in Our Dreams est ainsi le plus dialogué de tous les films de Bartas, de loin, ce qui n’est certes pas difficile. Ces nœuds et dénouements familiaux évoquent aussi bien Tchekhov que Bergman. Ils pourraient s’avérer banals, voire indigestes, s’ils n’étaient illuminés par le soleil noir de l’absence de Golubeva et par la puissance poétique et formaliste du cinéaste. Si Bartas se montre plus bavard qu’à l’accoutumée, il n’a rien perdu de son génie du plan, de l’intensité avec laquelle il filme un paysage, un lieu, un visage – surtout quand ces visages sont aussi beaux que le sien ou celui de ses actrices.
Le film installe aussi un malaise latent en opposant la famille Bartas, bourgeois de la ville aux physiques de bogosses, aux paysans du coin, alcooliques, édentés, usés, violents, rappelant le peuple “sans dents ” de Corridor ou Trois jours. Il y a comme une tension à la Chiens de paille ou Délivrance qui s’ébauche, un western en pointillé, Bartas style. Ce qui fait la beauté singulière et la puissance irréductible de ce film, c’est sa nature de travail de deuil, de chant d’amour laconique à l’être manquant. Bartas prend ici au pied de la lettre l’idée du cinéma comme art spectral. Cocteau disait aussi que le cinéma, c’est la mort au travail. Le cinéaste lituanien tente ici de renverser cet axiome en travaillant contre la mort. Tout contre." Serge Kaganski, Les Inrockuptibles
"Prenez garde ! Voici Grosz, l'homme le plus triste d'Europe." Ainsi s'était proclamé le peintre allemand George Grosz (1893-1959). Le titre étant resté vacant, voici Sharunas Barts, l'homme le plus triste d'Europe. Et tout est dan l’avertissement, une menace : "Prenez garde!" Un cri, une violente parade, celle de l'absolue nudité qui désarme, ecce homo. Le nouveau film du cinéaste lituanien, dont les précédents font l'objet d'une rétrospective au centre Pompidou, à Paris (IVe), est un autoportrait et un monde. Une fenêtre et un miroir, tous deux brisés. Dire d'un film qu'il est sincère, c'est d'habitude lui lancer un doux reproche, un prix de consolation. Peace to Us in Our Dreams est sincère, et inconsolable. C'est dire s'il est beau. Sa sincérité n'est pas une vertu, mais un scandale. On entend les sièges qui claquent. Qu'ils claquent ! Après le film, se lever ne sera plus pareil." Luc Chessel, Libération
Séances
mercredi 27/04 20:30 - - lundi 2/05 18:30 - - jeudi 5/05 20:30
samedi 7/05 18:00 - - dimanche 8/05 14:30
samedi 7/05 18:00 - - dimanche 8/05 14:30