LA SÉANCE DES CINÉ SUP' • 2011/2012
France, 1959, 1h15
avec Martin La Salle, Marika Green, Jean Pélégri, Dolly Scal, Pierre Leymarie, Pierre Étaix
avec Martin La Salle, Marika Green, Jean Pélégri, Dolly Scal, Pierre Leymarie, Pierre Étaix
"Certains êtres devraient avoir le droit de voler en toute liberté". Telle est la devise de Michel, pickpocket compulsif qui détrousse tout Paris. Il erre seul, cloîtré dans sa folie, le regard fixe toujours à l’affût, sans voir que sa mère se meurt et que Jeanne est la femme de sa vie. Avec Pickpocket Bresson démontre une parfaite maîtrise de l'usage de l’ellipse. Tout y est concis et nécessaire, se servant par exemple d'un simple regard pour suggérer un hors-champ.
""Les pieds et les mains ont une volonté", assurait Robert Bresson. Pickpocket pousse cet adage à son paroxysme. Échauffés en équerre sur des coins de table, comme pour les entraînements sportifs ou musicaux, les doigts du héros en disent plus long que sa parole, courent plus vite que sa raison. Filmés en gros plan, dans des prouesses acrobatiques, ils chuchotent ce que sa voix atone refuse d'exprimer : voler est une activité à double sens, aérienne et délictueuse. Bresson organise savamment l'environnement de son personnage pour que la ville devienne miroir de ses sensations. Les portes cochères sont grandes ouvertes comme des sacs à main au bras des dames et aspirent l'aigrefin dans leur béance. Les affiches du métro évoquent les vertus du beaujolais, "vin affriolant", pour éveiller les sens endormis du pickpocket sur le point de passer à côté de l'amour. Les bruits de Paris paraissent étouffés, les cafés se taisent, les trains glissent, comme si Michel vivait coupé du monde. Et si, justement, ce monde n'existait que dans sa tête ? Bresson s'impose une maîtrise intérieure de ses images ; Michel décrit minutieusement ses faits et gestes sur un cahier à spirale et finit par "mettre en scène" sa vie pour qu'elle soit conforme à ses griffonnages. La force de ce film hors norme vient de ce combat entre l'imaginaire et le quotidien, dont on ne sait jamais qui triomphe. "
Marine Landrot, Télérama
""Les pieds et les mains ont une volonté", assurait Robert Bresson. Pickpocket pousse cet adage à son paroxysme. Échauffés en équerre sur des coins de table, comme pour les entraînements sportifs ou musicaux, les doigts du héros en disent plus long que sa parole, courent plus vite que sa raison. Filmés en gros plan, dans des prouesses acrobatiques, ils chuchotent ce que sa voix atone refuse d'exprimer : voler est une activité à double sens, aérienne et délictueuse. Bresson organise savamment l'environnement de son personnage pour que la ville devienne miroir de ses sensations. Les portes cochères sont grandes ouvertes comme des sacs à main au bras des dames et aspirent l'aigrefin dans leur béance. Les affiches du métro évoquent les vertus du beaujolais, "vin affriolant", pour éveiller les sens endormis du pickpocket sur le point de passer à côté de l'amour. Les bruits de Paris paraissent étouffés, les cafés se taisent, les trains glissent, comme si Michel vivait coupé du monde. Et si, justement, ce monde n'existait que dans sa tête ? Bresson s'impose une maîtrise intérieure de ses images ; Michel décrit minutieusement ses faits et gestes sur un cahier à spirale et finit par "mettre en scène" sa vie pour qu'elle soit conforme à ses griffonnages. La force de ce film hors norme vient de ce combat entre l'imaginaire et le quotidien, dont on ne sait jamais qui triomphe. "
Marine Landrot, Télérama
Séance unique
Dimanche 1er avril 2012 à 16:30