CINÉ FEMMES • OCTOBRE 2012
France, 2010, 1h43
avec Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Fabrice Luchini
avec Catherine Deneuve, Gérard Depardieu, Fabrice Luchini
En 1977, dans une province bourgeoise française, Suzanne Pujol est l’épouse popote et soumise d'un riche industriel Robert Pujol. Il dirige son usine de parapluies d'une main de fer et s'avère aussi désagréable et despote avec ses ouvriers qu'avec sa femme, qu'il prend pour une potiche. À la suite d'une grève et de la séquestration de son mari, Suzanne se retrouve à la direction de l'usine et se révèle à la surprise générale une femme de tête et d'action. Mais lorsque Robert rentre d’une cure de repos en plein forme, tout se complique...
"Dans le registre de l'adaptation théâtrale aux couleurs vintage, Ozon s'était déjà illustré avec Gouttes d'eau sur pierres brûlantes (de Fassbinder) et Huit Femmes (de Robert Thomas). Il maîtrise parfaitement les dosages de la stylisation et de la reconstitution - on n'aperçoit, qu'on se rassure, le téléphone tapissé de velours brodé que si un personnage le tient en main. Et les looks, d'une modernité certifiée d'époque, des deux grands enfants, Judith Godrèche (très Farrah Fawcett) et Jérémie Renier (très Claude François), ont ceci de piquant qu'ils sont démentis par leurs réflexes petits-bourgeois, sinon conservateurs, face à l'émancipation de leur mère.
Un brin mélo, un rien disco, parfois un peu slow, le film déploie une quantité insoupçonnée de tonalités. Y compris en termes de jeu : les numéros des acteurs "techniques " (Luchini ou Karin Viard, la secrétaire abusée) sont aussi savoureux que l'antinuméro de Depardieu, flottant et touchant, en député-maire communiste, ex-soupirant de l'héroïne. L'émotion est possible, d'autant que les souvenirs et les fantômes de cinéma sont partout, des parapluies fabriqués par l'entreprise familiale (Demy-Deneuve à jamais) à cette superbe séquence nocturne où Ozon suit son actrice, foulard sur les cheveux et lunettes fumées, en mission secrète, telle une héroïne hitchcockienne. Cette Potiche créée par Jacqueline Maillan, Deneuve la joue à la Deneuve, mais en endossant sans sourciller tous ses ridicules. Elle est géniale quand elle fait sa première apparition de patronne intérimaire devant les travailleurs de l'usine, couverte d'énormes bijoux -" C'est grâce à eux que je les ai !". Elle assume aussi la part de simulacre et de narcissisme de la fin, dans la lumière, au sommet, quand le personnage et l'interprète finissent par se confondre, de façon tendre et troublante. Potiche, définitivement pas, mais actrice, infiniment."
Louis Guichard, Télérama
"Dans le registre de l'adaptation théâtrale aux couleurs vintage, Ozon s'était déjà illustré avec Gouttes d'eau sur pierres brûlantes (de Fassbinder) et Huit Femmes (de Robert Thomas). Il maîtrise parfaitement les dosages de la stylisation et de la reconstitution - on n'aperçoit, qu'on se rassure, le téléphone tapissé de velours brodé que si un personnage le tient en main. Et les looks, d'une modernité certifiée d'époque, des deux grands enfants, Judith Godrèche (très Farrah Fawcett) et Jérémie Renier (très Claude François), ont ceci de piquant qu'ils sont démentis par leurs réflexes petits-bourgeois, sinon conservateurs, face à l'émancipation de leur mère.
Un brin mélo, un rien disco, parfois un peu slow, le film déploie une quantité insoupçonnée de tonalités. Y compris en termes de jeu : les numéros des acteurs "techniques " (Luchini ou Karin Viard, la secrétaire abusée) sont aussi savoureux que l'antinuméro de Depardieu, flottant et touchant, en député-maire communiste, ex-soupirant de l'héroïne. L'émotion est possible, d'autant que les souvenirs et les fantômes de cinéma sont partout, des parapluies fabriqués par l'entreprise familiale (Demy-Deneuve à jamais) à cette superbe séquence nocturne où Ozon suit son actrice, foulard sur les cheveux et lunettes fumées, en mission secrète, telle une héroïne hitchcockienne. Cette Potiche créée par Jacqueline Maillan, Deneuve la joue à la Deneuve, mais en endossant sans sourciller tous ses ridicules. Elle est géniale quand elle fait sa première apparition de patronne intérimaire devant les travailleurs de l'usine, couverte d'énormes bijoux -" C'est grâce à eux que je les ai !". Elle assume aussi la part de simulacre et de narcissisme de la fin, dans la lumière, au sommet, quand le personnage et l'interprète finissent par se confondre, de façon tendre et troublante. Potiche, définitivement pas, mais actrice, infiniment."
Louis Guichard, Télérama
Séances
Vendredi 19 octobre 2012 à 14h15
Ciné-Vendredi : priorité adhérents AGORA Derv, ACCOORD, Ciné Femmes
Dimanche 21 octobre 2012 à 16:30
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