CYCLES ET RÉTROSPECTIVES

Propriété privée (Private Property)


de Leslie Stevens



CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • DÉCEMBRE 2016

USA, 1960, 1h19, VOSTF
avec Kate Manx, Corey Allen, Warren Oates
NUM • VERSION RESTAURÉE

Duke et Boots sont deux voyous. Un jour, alors qu'ils traînent du côté d'une station service ils voient une jeune femme à bord d'une belle voiture et décident de la suivre. Ils s'installent à côté de chez elle dans une villa inhabitée afin de l'épier... Aussi méconnu que son réalisateur, cette production hollywoodienne hors-normes, récémment redécouverte dans les fonds de la Cinémathèque française aborde les thématiques hitchcokienne de Fenêtre sur Cour et de Psychose : voyeurisme, impuissance, désir du corps féminin. Un film brillant, sous tension, qui glisse doucement de la séduction au cauchemar, une rareté à re-découvrir.

"Voici le film méconnu d’un auteur qui ne l’est pas moins, et ne le mérite pas. Une rareté donc, comme le cinéma sait en prodiguer. Mort en 1998, Leslie Stevens était le fils d’un vice-amiral de la marine américaine. Aux armes, il préféra logiquement le théâtre et s’en alla proposer une première pièce au Mercury Theatre d’Orson Welles, qui le prit sous son aile. Stevens sera bientôt tenté par le cinéma. Il démarre comme scénariste (Le Gaucher, d’Arthur Penn, 1958) puis réalise sans attendre Propriété privée (1960), hors des sentiers battus hollywoodiens, en dix jours, dans sa propre maison de Los Angeles, avec sa propre femme, la belle et déliée Kate Manx. En sa compagnie, deux remarquables acteurs : Corey Allen, dans un rôle de sale type qu’il a inauguré chez Nicholas Ray dans La Fureur de vivre (1955) et Traquenard (1958), et ­Warren Oates, qui débute ici une carrière que Sam Peckinpah et Monte Hellman vont bientôt rendre incandescente. Propriété privée peut être vu comme une variation hard-core et marxisante de Fenêtre sur cour, d’Alfred Hitchcock. Débutant comme un road-movie, le film ­bifurque rapidement vers le huis clos voyeuriste." Jacques Mandelbaum, Le Monde

"Sorti comme Psychose en 1960, il n’eut pas le même impact malgré son climat trouble et sensuel, mais en partage des thèmes : voyeurisme, obsession du corps féminin, homosexualité latente et/ou impuissance. Son propos est également politique : les voyous retournent l’adage de Proudhon “la propriété c’est le vol” en s’emparant de la trophy wife d’un bourgeois borné. En sus de sa satire voyeuriste du spectacle télévisuel (les deux hommes s’installent dans un canapé pour mater la blonde de leur fenêtre), la réussite de ce film au dispositif ultrasimple tient à son irrésistible glissement vers la violence. Contrairement aux nombreux films d’intrusion qui l’ont suivi, Propriété privée vire lentement à la folie, passant du badinage ligne claire au chaos cauchemardesque. Cette gradation et ce déraillement final font la beauté du film. Comment on passe de l’attirance à la séduction, et de là à la pulsion de mort, exutoire du refoulé." Vincent Ostri, Les Inrockuptibles

Séances

jeudi 1/12 20:30 - - dimanche 4/12 18:30 - - mercredi 7/12 18:00
vendredi 9/12 18:30 - - dimanche 11/12 16:30

Bande annonce