PROGRAMMATION FÉVRIER 2010
USA-Canada, 2007, 1h30, VOSTF
Avec Kel O'Neill,Ty Jones, Daniel Sherman, interdit -12 ans
Avec Kel O'Neill,Ty Jones, Daniel Sherman, interdit -12 ans
Méditation profonde sur la façon dont l’information est calibrée, distribuée et reçue à une époque caractérisée par la multitude de ses canaux de communication, Redacted s’appuie sur toute une variété de sources tirées d’un matériel existant – journaux intimes en vidéo, documentaires, images de vidéosurveillance, témoignages en ligne, sujets sur l’actualité – pour faire des observations sur le décalage extrême qui existe entre la surface d’une image d’une part et la réalité des idées et la vérité d’autre part, particulièrement en période de conflit. Redacted se concentre sur un petit groupe de soldats américains en garnison à un poste de contrôle en Irak. La succession de points de vue différents permet de confronter l’expérience de ces jeunes hommes sous pression, de journalistes et collaborateurs des médias avec celle de la communauté irakienne locale afin de faire la lumière sur les conséquences désastreuses que le conflit actuel et leur rencontre fortuite ont eues sur chacun d’eux.
« Ancré dans cette “youtubisation” du spectacle guerrier, Redacted ne se détache cependant pas tout à fait des années 60 et du De Palma d’alors (Greetings, Hi Mom !). Le film met en question cette décennie qui, via le conflit vietnamien, avait inventé la production massive d’images d’une guerre au travail. Le cinéaste entend ainsi démanteler ici le modèle sixties d’une contestation portée par un appareil médiatique qui serait en même temps le principal vecteur de l’horreur du conflit et de ses représentations.
La rupture orchestrée par Redacted avec le flux des images majoritaires de l’Irak, altérées et formatées pour le cadre télévisuel ou l’ampleur de la fiction hollywoodienne, a pourtant à voir avec celle qu’opérait la modernité du cinéma américain vis à vis de l’âge classique ; ingestion d’un médium neuf, dévoilement de marges honteuses de l’Amérique, irruption d’une violence jusque-là tenue au-dehors. Quarante ans après les geysers de sang orchestrés par Sam Peckinpah en des films perfusés via la télé par l’imaginaire du Vietnam, Redacted rejoue, entre décapitations et démembrements décalqués de vidéos tirées d’internet, la métaphore empruntée à La Horde sauvage d’une Amérique en scorpion au dard arrogant, démantibulé par l’acharnement des fourmis.
Le film s’achève dans une ultime complainte, sa vérité dite avec force, mais par des images recréées. En guise de conclusion, De Palma y greffe une succession de clichés de cadavres, victimes de l’abjection de la guerre dont il fut contraint d’effacer les regards. Et une fois de plus, un peu de la vérité échappe à l’image, dans un déchirement. »
Julien Gester, Les Inrockuptibles
« Ancré dans cette “youtubisation” du spectacle guerrier, Redacted ne se détache cependant pas tout à fait des années 60 et du De Palma d’alors (Greetings, Hi Mom !). Le film met en question cette décennie qui, via le conflit vietnamien, avait inventé la production massive d’images d’une guerre au travail. Le cinéaste entend ainsi démanteler ici le modèle sixties d’une contestation portée par un appareil médiatique qui serait en même temps le principal vecteur de l’horreur du conflit et de ses représentations.
La rupture orchestrée par Redacted avec le flux des images majoritaires de l’Irak, altérées et formatées pour le cadre télévisuel ou l’ampleur de la fiction hollywoodienne, a pourtant à voir avec celle qu’opérait la modernité du cinéma américain vis à vis de l’âge classique ; ingestion d’un médium neuf, dévoilement de marges honteuses de l’Amérique, irruption d’une violence jusque-là tenue au-dehors. Quarante ans après les geysers de sang orchestrés par Sam Peckinpah en des films perfusés via la télé par l’imaginaire du Vietnam, Redacted rejoue, entre décapitations et démembrements décalqués de vidéos tirées d’internet, la métaphore empruntée à La Horde sauvage d’une Amérique en scorpion au dard arrogant, démantibulé par l’acharnement des fourmis.
Le film s’achève dans une ultime complainte, sa vérité dite avec force, mais par des images recréées. En guise de conclusion, De Palma y greffe une succession de clichés de cadavres, victimes de l’abjection de la guerre dont il fut contraint d’effacer les regards. Et une fois de plus, un peu de la vérité échappe à l’image, dans un déchirement. »
Julien Gester, Les Inrockuptibles
SEANCES
Jeudi 4 février à 21h
Samedi 6 février à 19h
Dimanche 7 février à 18h30
Samedi 6 février à 19h
Dimanche 7 février à 18h30