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Archives 2001-2011

SHOLAY


de Ramesh Sippy



PROGRAMMATION NOVEMBRE 2007

Inde, 1975, 3h24, VOSTF
Avec Sanjeev Kumar, Hema Malini

Au cœur de l’Inde rurale, Baldev Singh, un ancien officier de police devenu grand propriétaire terrien, est rançonné par une bande de pillards menée par cruel Gabbar Singh. Il fait appel à deux sympathiques renégats liés à son passé, Jaidev et Veeru, dont les incartades avec la loi n’ont d’égal que leur courage et leur indéfectible amitié. Le tandem apprend vite qu’un lien tragique lie Baldev Singh à Gabbar Singh. Sa mission sera parsemée d’embûches, mais verra aussi le surgissement du sentiment amoureux…

« Il est enfin possible de voir en France et dans une copie officielle ce film étendard du Bollywood de l’âge moderne, dont le génie est d’avoir mêler très tôt l’universalité des sagas mythologiques hindoues à celle des grands succès occidentaux. Défini comme un western, « Sholay » mélange toutefois les genres comme il pille avec une décontraction bienvenue certains classiques tels qu’ « Il était une fois dans l’Ouest » (1969) de Sergio Leone. Une méthode qui tranche radicalement d’avec les clins d’œil rusés ou calculés des films occidentaux, dès lors qu’ils se livrent eux aussi à l’exercice de la référence ou de l’emprunt appuyé (quand donc Tarantino s’inspirera-t-il des Bollywood, plutôt que des séries B japonaises des années 1960 ?).
De Sergio Leone, le réalisateur ne retient pas que la reproduction de scènes entières, mais également la notion d’étirement de la durée. Elle est associée à cette succession ininterrompue de morceaux de bravoure qui incita le maître italien à envisager plus d’une fois un montage de près de trois heures, soit la durée moyenne des fresques populaires indiennes. Ainsi, l’éventail des gimmicks (le zoom et les bruitages dignes des cartoons, hérités du western spaghetti, ou le format scope et les ralentis propres à celui de Sam Peckinpah) dépasse le simple relookage d’un divertissement composite, pour dessiner les contours d’un discours progressiste cher au cinéma des années 1970. Le questionnement des institutions étatistes et le spectre de l’autodéfense sont abordés avec une absence de mépris ou de cynisme impensable dans le cinéma occidental, et en particulier le cinéma européen. L’attachement aux outsiders, la revanche des opprimés sur les coalitions d’agresseurs armés, la chance donnée à un personnage ingrat (la demoiselle bavarde) sont des thèmes constitutifs de la production Bollywood, mais ils sont mis en scène avec une appréciation très précise des canons de l’époque : le héros Jaidev est un avatar parfait d’Al Pacino, dont le statut d’anti-héros s’assortit d’un contexte spécifiquement indien, pour s’affranchir totalement de son modèle tout en lui lançant nombre de clins d’œil amusés. Autant de raison de céder à la gourmandise formelle de cette ode masculine et musicale à l’amitié. »
Julien Welter

SEANCES

Dimanche 18 novembre à 14h30
Lundi 19 novembre à 20h