☰

Archives 2001-2011

SONATINE


de Takeshi Kitano



PROGRAMMATION AVRIL 2007

Japon, 1993, 1h34, VOSTF, interdit -12 ans
Avec Takeshi Kitano, Aya Kokumai, Tetsu Watanabe, Masanobu Katsumura, Susumu Terajima

ousculé par des meurtres dans ses propres rangs, le bras droit d'un chef yakuza est tenu de se mettre au vert pour une durée indéterminée, le temps que les choses se tassent entre les différents groupes. Murakawa se retire donc sur Okinawa avec quelques hommes. Dans les premiers temps ils s'y ennuient ferme. Mais petit à petit, sous l'impulsion de leur chef, ces rudes gaillards vont apprendre à s'occuper, et à vivre simplement. Murakawa, homme fatigué et désabusé, va réapprendre à profiter du moment présent, grâce à ce break improvisé. Il ignore pourtant que pendant ce temps-là, son chef est en train d’opérer un rapprochement stratégique avec le groupe rival.

« Tout se passe comme si Kitano, parti pour un plausible démarquage melvillien, se déchargeait en cours de route du fardeau inutile d’une histoire à raconter et de l’attirail du polar mafiosi. Réflexe paresseux, coup de flemme ? Pas si sûr, en regard de quelques retours de flammes intempestifs. Mais surtout parce que Kitano entend poser le même regard moral sur l’action et l’inaction ; ici, la violence, loin d’être magnifiée ou banalisée, éclate mais ne flambe pas, elle traverse les plans avec la sécheresse d’un orage, bref et définitif. Les acteurs affectent une parfaite inexpressivité minérale, réduisant de fait leur personnage à l’état d’ectoplasmes, cibles en carton pré-découpées. Le cinéaste amplifie encore ce contraste ironique à force d’abstraction quand par exemple, il montre le monde comme un système de lignes géométriques et de blocs monochromes ou hallucine une fusillade comme une salve de flashs crachés sur la surface des plafonds. Plus hébété que contemplatif. Hyper-stylisé, empruntant au léché publicitaire, Sonatine exsude une tristesse diffuse et nous démolit en douce, tel son anti-héros hermétique Murakawa, revenu de tout, fissuré et suicidaire, qui trimbale sa dégaine lasse dans un chaos progressivement démeublé, frôlant l’épure. Un creux de la vague. Du taoïsme passé au noir. »
Didier Péron, Libération

SEANCES

mercredi 25 avril à 18h30
jeudi 26 avril à 21h
lundi 30 avril à 18h30