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Archives 2001-2011

SUTURE


de David Siegel et Scott McGehee



PROGRAMMATION FÉVRIER 2005

USA, 1994, 1h36, VOSTF
avec Dennis Haysbert, Michael Harris, Sab Shimono

Vincent est riche, antipathique et suspecté d'avoir assassiné son père. Clay est pauvre et honnête. Vincent fait en sorte que sa voiture, conduite par Clay, ait un accident. Il espère se faire passer pour mort, grâce au cadavre de Clay. Mais Clay est vivant... et amnésique.

« (…) Un polar classique embrayerait illico sur la recherche du vrai Vincent. Mais Scott McGehe et David Siegel, dont c’est le premier film, préfèrent traquer des hypothèses moins convenues : par exemple que personne ne se formalise de l’évidente substitution. A partir de là, Suture oblige le spectateur à entériner une convention aberrante : ce Noir amoché est réellement et sans doute possible, pour tout le personnel du film, le Blanc miraculé que tous croyaient perdre. Cet aveuglement touche Clay au premier chef, qui trouve dans la purée de ses souvenirs perdus de quoi s’aveugler à l’unisson. On peut craindre un instant que Suture ne soit qu’un nouveau catalogue raisonné de tous les irrationnels qui peuplent nos cerveaux et que McGehe-Siegel aient d’emblée pris tout le monde de vitesse par l’intelligence de leurs idées ; le thème des jumeaux, la perte d’identité, « je est un autre », l’oeil aveugle et l’oeil voyant : on pourrait gloser à l’aise sur cette matière précuite qui décourage le secret. Sauf à penser, piste plus intéressante, que le secret c’est précisément qu’il n’y a pas de secret, que le film est un trompe-l’oeil, un piège, et qu’à trop vouloir déceler le dessin dans le tapis, on finit par se prendre les pieds dedans. (…) Outre un aspect déconnade aristocratique (à la Nabokov), Suture distille un malaise dont il n’est pas facile de se dépoisser. Comme le récent M. Butterfly de David Cronenberg, le spectateur est placé dans la situation de ne pouvoir être trompé, en porte à faux par rapport à la capacité d’illusion des personnages du film. Ce en quoi Suture propose probablement des réponses assez retorses sur les atermoiements du spectateur moderne qui ne sait plus s’il veut être réconforté ou maltraité, entre distance et fascination. »
Didier Peron (Libération)

SEANCES

mercredi 16 février à 18h30
jeudi 17 février à 15h
samedi 19 février à 16h30