CINÉMA D’HIER ET D’AUJOURD’HUI • DÉCEMBRE 2011
USA, 1989, 2h07, VOSTF
avec Nicolas Cage, Laura Dern, Diane Ladd, Wilem Dafoe, Isabella Rossellini, Harry Dean Stanton
RÉÉDITION
avec Nicolas Cage, Laura Dern, Diane Ladd, Wilem Dafoe, Isabella Rossellini, Harry Dean Stanton
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Sailor Ripley et Lula Pace Fortune s’aiment passionnément. Après avoir sauvagement tué un homme de main envoyé par Marietta Pace, la mère de Lula, Sailor est emprisonné. Dès sa libération, il s’enfuit avec Lula dans le sud des Etats-Unis afin d’échapper à Marietta. Femme hystérique et mère possessive, elle s’oppose à cette passion. Elle cherche surtout à éliminer Sailor qui la sait complice du meurtre du père de Lula. Elle lance à leur trousse son compagnon, Johnnie Farragut et son vieil amant le gangster Santos...
"C’est un film-geyser. Un projet de cinéma qui aurait décidé de ne compter que sur les forces de la sensation cinématographique. Avec Sailor et Lula, road movie halluciné, David Lynch tente quelque chose de nouveau, pour lui comme pour le cinéma, et qui influencera profondément la suite de son œuvre.
Depuis Eraserhead, il est possible de regarder chaque film de David Lynch sous cet angle très particulier : la manière dont chaque œuvre résulte d’une interférence entre mise en scène de cinéma et les autres pratiques artistiques de Lynch, principalement plastiques et musicales. Avec des réponses formidablement variées, qui font la richesse de son oeuvre, très au-delà de la réapparition de motifs visuels ou thématiques.
La scène où, après avoir fait l’amour puis s’être échauffés sur le lit Laura Dern et Nicolas Cage vont danser en boîte est comme la métaphore du fonctionnement du film tout entier : une intensification éperdue et rythmée d’un geste élémentaire, jusqu’à l’embrasement. Sailor et Lula naît d’une affirmation « scientifique » abrupte dont il est l’imparable démonstration : au cinéma, tout est potentiellement assimilable à deux silex, il suffit de bien savoir les frotter pour déclencher une étincelle, qui comme on sait peut mettre le feu à toute la plaine. Théorie du montage, au vrai sens du mot (le sens que lui donnait déjà Godard dans son article décisif « Montage mon beau souci »), théorie d’une pyrotechnique de la mise en scène comme principe nécessaire et suffisant.
Mis à feu par l’extrême violence du geste de Sailor anéantissant le premier assassin que Marietta a lancé contre lui, le film est saturé d’emblée du désir absolu que les
deux amants éprouvent l’un pour l’autre et qui les définit entièrement. Et cela suffit à porter cette épopée romantique qui lorgne du côté de Sternberg et de Vigo par la dimension surhumaine des sentiments très humains qu’il met en jeu, et par la confiance absolue dans les formes cinématographiques pour assumer et rendre vivant cet absolu.
David Lynch a fait des films très différents, mais qui tous revendiquent cette énergie intérieure produite par la puissance de la forme, que celle-ci soit aussi linéaire que dans Elephant Man, ou si différemment, dans Une simple histoire, ou qu’elles soit définie par d’autres schémas, dans l’espace (Blue Velvet), dans le temps (Lost Highway), dans l’articulation entre réalité et rêve (Mulholland Drive), dans les régimes de fiction (Inland Empire), etc.
Parce que l’histoire de Sailor et Lula tient en une ligne, le film en est comme l’épure, ou le manifeste, brûlant d’une flamme droite et claire."
Jean-Michel Frodon
"C’est un film-geyser. Un projet de cinéma qui aurait décidé de ne compter que sur les forces de la sensation cinématographique. Avec Sailor et Lula, road movie halluciné, David Lynch tente quelque chose de nouveau, pour lui comme pour le cinéma, et qui influencera profondément la suite de son œuvre.
Depuis Eraserhead, il est possible de regarder chaque film de David Lynch sous cet angle très particulier : la manière dont chaque œuvre résulte d’une interférence entre mise en scène de cinéma et les autres pratiques artistiques de Lynch, principalement plastiques et musicales. Avec des réponses formidablement variées, qui font la richesse de son oeuvre, très au-delà de la réapparition de motifs visuels ou thématiques.
La scène où, après avoir fait l’amour puis s’être échauffés sur le lit Laura Dern et Nicolas Cage vont danser en boîte est comme la métaphore du fonctionnement du film tout entier : une intensification éperdue et rythmée d’un geste élémentaire, jusqu’à l’embrasement. Sailor et Lula naît d’une affirmation « scientifique » abrupte dont il est l’imparable démonstration : au cinéma, tout est potentiellement assimilable à deux silex, il suffit de bien savoir les frotter pour déclencher une étincelle, qui comme on sait peut mettre le feu à toute la plaine. Théorie du montage, au vrai sens du mot (le sens que lui donnait déjà Godard dans son article décisif « Montage mon beau souci »), théorie d’une pyrotechnique de la mise en scène comme principe nécessaire et suffisant.
Mis à feu par l’extrême violence du geste de Sailor anéantissant le premier assassin que Marietta a lancé contre lui, le film est saturé d’emblée du désir absolu que les
deux amants éprouvent l’un pour l’autre et qui les définit entièrement. Et cela suffit à porter cette épopée romantique qui lorgne du côté de Sternberg et de Vigo par la dimension surhumaine des sentiments très humains qu’il met en jeu, et par la confiance absolue dans les formes cinématographiques pour assumer et rendre vivant cet absolu.
David Lynch a fait des films très différents, mais qui tous revendiquent cette énergie intérieure produite par la puissance de la forme, que celle-ci soit aussi linéaire que dans Elephant Man, ou si différemment, dans Une simple histoire, ou qu’elles soit définie par d’autres schémas, dans l’espace (Blue Velvet), dans le temps (Lost Highway), dans l’articulation entre réalité et rêve (Mulholland Drive), dans les régimes de fiction (Inland Empire), etc.
Parce que l’histoire de Sailor et Lula tient en une ligne, le film en est comme l’épure, ou le manifeste, brûlant d’une flamme droite et claire."
Jean-Michel Frodon
Séances
Samedi 8 décembre 2011 à 18:00
Samedi 10 décembre 2011 à 21:00
Lundi 12 décembre 2011 à 18:00
Jeudi 15 décembre 2011 à 20:30
Samedi 10 décembre 2011 à 21:00
Lundi 12 décembre 2011 à 18:00
Jeudi 15 décembre 2011 à 20:30