PROGRAMMATION JUIN-JUILLET 2009
Japon, 2006, 1h48, VOSTF
Avec Beat Takeshi, Kotomi Kyono, Kayoko Kishimoto
Avec Beat Takeshi, Kotomi Kyono, Kayoko Kishimoto
Beat Takeshi vit la vie surchargée, et souvent irréelle, d’une célébrité du show biz. Son sosie, un caissier timide, est encore un acteur inconnu qui attend impatiemment son heure de gloire. Apres avoir croisé les chemins de Beat, et après plusieurs séries d’auditions frustrantes, le sosie semble tomber mystérieusement dans un état imaginaire, qui mêle des aspects de la vie réelle de Beat et sa violente personnalité à l’écran...
Dans son film le plus intime, Kitano livre une réflexion sur la schizophrénie de sa carrière (animateur télé déjanté, acteur et réalisateur de films confidentiels dans son pays mais acclamés dans les festivals internationaux).
« Takeshis’ pose des références constantes à son oeuvre : tueries ultra-violentes, contemplation sur une plage avec une femme ou un enfant, scènes singulières de silence, humour trash ou de comique de situation, etc. Une femme malveillante, totalement pénible, qui revient dans chaque scène pour exaspérer Takeshi jusqu’à la lie constitue par exemple une sacrée trouvaille de personnage, la « femme à baffes » en quelque sorte, suivie du yakusa débile, de l’enfant prodige et des frères sumos. Mais toutes ces pièces disparates, à l’instar du jeu de Mah-jong auquel sont accros les deux héros doppelgänger, sont constamment bousculées, dérangées remises en ordre, mélangées jusqu’à l’écœurement, jusqu’au délire le plus total sans que jamais la poésie de Federico Fellini ne soit malheureusement égalée. Parfois trop long avec des « tunnels » impressionnants dans la narration, le jeu dont la partie se déroule ici demeure obscur, parfois surprenant. Inclassable, Takeshis’ tient à la fois de la confession presque insoutenable, crépusculaire, du foutoir le plus total et de la catharsis salvatrice. »
Delphine Valloire, Arte
« Il nous avait montré comment un sourd-muet pouvait dialoguer avec la nature (A Scene at the Sea), comment un peintre paralysé pouvait posséder le sens intime des paysages (Hana-Bi), comment un maître de sabre aveugle pouvait s'avérer voyant (Zatoichi). Glissant quelques confessions autocritiques (par exemple sur la tension que lui impose sa double casquette de star de télévision populaire et d'icône du cinéma d'auteur), Kitano garde la tête froide, entre pitreries et structure fractale. Takeshi's est porteur d'un désir de bien vivre, d'une quête de sérénité. La violence y dégénère en feu d'artifice, explosion absurde, fulgurante et exagérée, tandis que s'affiche l'impassibilité de ses masques, quels qu'ils soient.
C'est bien cela, au fond, qui rend frémissantes ses images. Ce visage triste, songeur, keatonien, laconique, entre torpeur et somnambulisme, fixité et mutisme. Une surface opaque, une épure, derrière laquelle se bousculent tant d'états d'âme, le calme et la tempête, la solitude et l'envie, l'accablement et la facétie. Lucidité et sagesse. Recette zen. »
Jean-Luc Douin, Le Monde
Dans son film le plus intime, Kitano livre une réflexion sur la schizophrénie de sa carrière (animateur télé déjanté, acteur et réalisateur de films confidentiels dans son pays mais acclamés dans les festivals internationaux).
« Takeshis’ pose des références constantes à son oeuvre : tueries ultra-violentes, contemplation sur une plage avec une femme ou un enfant, scènes singulières de silence, humour trash ou de comique de situation, etc. Une femme malveillante, totalement pénible, qui revient dans chaque scène pour exaspérer Takeshi jusqu’à la lie constitue par exemple une sacrée trouvaille de personnage, la « femme à baffes » en quelque sorte, suivie du yakusa débile, de l’enfant prodige et des frères sumos. Mais toutes ces pièces disparates, à l’instar du jeu de Mah-jong auquel sont accros les deux héros doppelgänger, sont constamment bousculées, dérangées remises en ordre, mélangées jusqu’à l’écœurement, jusqu’au délire le plus total sans que jamais la poésie de Federico Fellini ne soit malheureusement égalée. Parfois trop long avec des « tunnels » impressionnants dans la narration, le jeu dont la partie se déroule ici demeure obscur, parfois surprenant. Inclassable, Takeshis’ tient à la fois de la confession presque insoutenable, crépusculaire, du foutoir le plus total et de la catharsis salvatrice. »
Delphine Valloire, Arte
« Il nous avait montré comment un sourd-muet pouvait dialoguer avec la nature (A Scene at the Sea), comment un peintre paralysé pouvait posséder le sens intime des paysages (Hana-Bi), comment un maître de sabre aveugle pouvait s'avérer voyant (Zatoichi). Glissant quelques confessions autocritiques (par exemple sur la tension que lui impose sa double casquette de star de télévision populaire et d'icône du cinéma d'auteur), Kitano garde la tête froide, entre pitreries et structure fractale. Takeshi's est porteur d'un désir de bien vivre, d'une quête de sérénité. La violence y dégénère en feu d'artifice, explosion absurde, fulgurante et exagérée, tandis que s'affiche l'impassibilité de ses masques, quels qu'ils soient.
C'est bien cela, au fond, qui rend frémissantes ses images. Ce visage triste, songeur, keatonien, laconique, entre torpeur et somnambulisme, fixité et mutisme. Une surface opaque, une épure, derrière laquelle se bousculent tant d'états d'âme, le calme et la tempête, la solitude et l'envie, l'accablement et la facétie. Lucidité et sagesse. Recette zen. »
Jean-Luc Douin, Le Monde
SEANCES
Vendredi 3 juillet à 21h
Dimanche 5 juillet à 20h30
Dimanche 5 juillet à 20h30