CINEMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • AVRIL 2015
GB, 2011, 1h28, VOSTF, doc • avec Jake Williams
NUM • SORTIE NATIONALE
NUM • SORTIE NATIONALE
Jake vit au milieu de la forêt ; il s’y promène quel que soit le temps et fait la sieste dans les champs brumeux. Lointain cousin de L’Homme sans nom de Wang Bing, il bricole, récupère, entasse, et vit frugalement en toutes saisons. Ben Rivers donne à voir, entendre et sentir les pérégrinations d’une figure hirsute et cosmique, dans un noir et blanc qui teinte son parcours d’une pénétrante intemporalité.
"Depuis une douzaine d’années, Ben Rivers sème entre galeries et festivals des œuvres courtes rivées au portrait d’existences à la marge, de dérives insulaires, d’hommes retirés dans une quiétude autarcique ou fantomatique, restitués sur le mode de songes de la lumière au complexe feuilleté d’évocation. Des films réalisés souvent au moyen de caméras hors d’âge et de pellicules à la péremption douteuse, développées en solitaire dans l’évier de sa cuisine londonienne. Ce premier long métrage, Two Years at Sea, fut présenté il y a quatre ans à la Mostra de Venise, où il avait soulevé un feu d’éloges et de flatteuses comparaisons - cousin de Lisandro Alonso, rejeton illuminé de Jean Rouch, ce genre."
Julien Gester, Libération
""On pourrait caractériser Ben Rivers comme un inventeur de mondes, de songes issus du réel. C’est ce que dessinait son film précédent, le moyen métrage Slow Action (2010), dans lequel nous partions à la rencontre d’étranges civilisations perdues – complètement imaginaires – avec des images secondées par un commentaire ethnographique aussi précis que fictif. On peut situer le Britannique dans une incertaine frange à la lisière de l’art contemporain (son travail est aussi diffusé dans des galeries) et de la matérialité même du cinéma (ce qui le rapprocherait de « l’expérimental ») en raison d’un rapport fétichiste à la pellicule. Il s’agit ici d’un 16mm (ensuite gonflé en 35mm) imprimé par une vieille Bolex, dans un noir et blanc plein d’aspérités et d’accidents lumineux – cette pellicule est largement périmée –, le tout projeté dans un format Scope qui fait la part belle à l’espace. (...) Ben Rivers ne taille pas dans le temps, il l’épouse. L’étirement des plans marque cette volonté de coïncider avec la matérialité de l’écoulement temporel, ce qui donne toute sa cohérence au fait de filmer en pellicule (la fin de la bobine décide autant du montage que la traditionnelle coupe). Ce matériau est à la fois sensible et rugueux : des rayures, du grain, des incandescences. Difficile d’imaginer plus beau dialogue entre ce matériau hésitant et la présence au monde de Jake, et peut-être la nôtre. Au bout de ce chemin en compagnie de notre souverain, il nous reste à rêver éventuellement avec lui : la lueur d’un feu éclaire le visage du personnage, ses paupières s’affaissent, le regard faiblit, tout comme la lumière précaire diffusée par le tapis de braise dans l’âtre. Le fondu au noir finit par émerger de lui-même. La caméra tourne encore dans l’obscurité devenue totale, elle veille encore, un peu."
Arnaud Hée, Critikat
"Depuis une douzaine d’années, Ben Rivers sème entre galeries et festivals des œuvres courtes rivées au portrait d’existences à la marge, de dérives insulaires, d’hommes retirés dans une quiétude autarcique ou fantomatique, restitués sur le mode de songes de la lumière au complexe feuilleté d’évocation. Des films réalisés souvent au moyen de caméras hors d’âge et de pellicules à la péremption douteuse, développées en solitaire dans l’évier de sa cuisine londonienne. Ce premier long métrage, Two Years at Sea, fut présenté il y a quatre ans à la Mostra de Venise, où il avait soulevé un feu d’éloges et de flatteuses comparaisons - cousin de Lisandro Alonso, rejeton illuminé de Jean Rouch, ce genre."
Julien Gester, Libération
""On pourrait caractériser Ben Rivers comme un inventeur de mondes, de songes issus du réel. C’est ce que dessinait son film précédent, le moyen métrage Slow Action (2010), dans lequel nous partions à la rencontre d’étranges civilisations perdues – complètement imaginaires – avec des images secondées par un commentaire ethnographique aussi précis que fictif. On peut situer le Britannique dans une incertaine frange à la lisière de l’art contemporain (son travail est aussi diffusé dans des galeries) et de la matérialité même du cinéma (ce qui le rapprocherait de « l’expérimental ») en raison d’un rapport fétichiste à la pellicule. Il s’agit ici d’un 16mm (ensuite gonflé en 35mm) imprimé par une vieille Bolex, dans un noir et blanc plein d’aspérités et d’accidents lumineux – cette pellicule est largement périmée –, le tout projeté dans un format Scope qui fait la part belle à l’espace. (...) Ben Rivers ne taille pas dans le temps, il l’épouse. L’étirement des plans marque cette volonté de coïncider avec la matérialité de l’écoulement temporel, ce qui donne toute sa cohérence au fait de filmer en pellicule (la fin de la bobine décide autant du montage que la traditionnelle coupe). Ce matériau est à la fois sensible et rugueux : des rayures, du grain, des incandescences. Difficile d’imaginer plus beau dialogue entre ce matériau hésitant et la présence au monde de Jake, et peut-être la nôtre. Au bout de ce chemin en compagnie de notre souverain, il nous reste à rêver éventuellement avec lui : la lueur d’un feu éclaire le visage du personnage, ses paupières s’affaissent, le regard faiblit, tout comme la lumière précaire diffusée par le tapis de braise dans l’âtre. Le fondu au noir finit par émerger de lui-même. La caméra tourne encore dans l’obscurité devenue totale, elle veille encore, un peu."
Arnaud Hée, Critikat
Séances
Samedi 2/05 17:00
Dimanche 3/05 16:30
Vendredi 8/05 14:30
Samedi 9/05 20:00
Dimanche 10/05 18:30
Dimanche 3/05 16:30
Vendredi 8/05 14:30
Samedi 9/05 20:00
Dimanche 10/05 18:30