CINÉMA D'HIER ET AUJOURD'HUI • JUIN 2015
USA, 1971, 1h42, VOSTF
avec Clint Eastwood, Jessica Walter, Donna Mills
NUM • RÉÉDITION
avec Clint Eastwood, Jessica Walter, Donna Mills
NUM • RÉÉDITION
Animateur d’une radio locale sur la côte californienne, David Garver passe des disques, principalement de jazz, sans se douter que l’auditrice qui lui réclame régulièrement de jouer "Misty" sera source de dangers. Rencontrée dans un bar, Evelyn Draper a tout d’une femme charmante à laquelle, bien sûr, David ne peut résister. Mais lorsque celle-ci s’avère schizophrène et confond aventure d’un soir avec "je t’aime", David se retrouve en plein cauchemar.
Séances
Samedi 20/06 21:00
Lundi 22/06 19:00
Mercredi 24/06 14:30
Vendredi 26/06 19:00
Dimanche 28/06 21:00
Lundi 22/06 19:00
Mercredi 24/06 14:30
Vendredi 26/06 19:00
Dimanche 28/06 21:00
-
"Ce film n'a qu'un défaut... Il lui manque le nom d'Hitchcock."
John Cassavetes
Pour Clint Eastwood la mise en scène n’est pas un caprice de star, mais un désir logique qu’il mûrit depuis des années.
"Après m’être heurté la tête contre les murs pendant 17 ans, hanté les plateaux, influencé parfois par mes propres idées les angles de prises de vue, vu les acteurs partir dans n’importe quelle direction sans être aidés, et travaillé avec des réalisateurs bons ou mauvais, je suis arrivé au point où je me sens capable de réaliser mes propres films. Je me souviens de toutes les erreurs mais aussi des bonnes choses. J’en sais assez pour contrôler mes propres projets et obtenir ce que je veux des acteurs".
Extraits de Clint Eastwood de Patrick Brion
"(…) Eastwood adopte dès son premier film quelques caractéristiques qui seront une constante dans ses œuvres. Son approche de la mise en scène lui ressemble : tranquille, fluide, sans efforts visibles. Il évite la frénésie mais accorde une grande importance au rythme. Pour mieux faire ressortir les moments qu’il juge importants, Eastwood contraste un rythme tranquille avec des accélérations soudaines et des pauses.
(…) Eastwood apprend empiriquement son métier et son manque d’expérience pratique se ressent parfois. Dans la séquence du festival la narration perd un peu de l’accumulation dramatique de l’histoire, éloignant aussi le spectateur. Mais à d’autres moments, il réussit à imposer une ambiance tendue sans sacrifier son rythme tranquille.
(…) Eastwood multiplie les symboles et allusions visuelles pour transmettre des sentiments, des émotions, des impressions. Que ce soit une tension sexuelle (plan des jambes nues d’Evelyn près du visage de Dave) ou la soumission (Evelyn accroupie, serrant les jambes de Dave), Eastwood connaît la puissance des images et sait les utiliser dans un film. Il choisit d’accentuer visuellement les sautes d’humeur d’Evelyn en la montrant dans un même plan passer du calme à la haine en quelques fractions de secondes… Eastwood utilise également l’image pour renforcer les différences entre les deux femmes. Tobie est montrée quasi-systématiquement dans des espaces vastes, ouverts à l’infini, au milieu de splendides paysages de nature. Cette imagerie romantique traduit visuellement la relation qui la lie à Dave, Tobie évoquant à ses yeux l’idéal, la pureté, la liberté, l’équilibre. Evelyn, au contraire, est souvent montrée à l’intérieur d’espaces clos, appartements ou cabine téléphonique, pour bien marquer l’opposition du personnage par rapport à Tobie et parce qu’aux yeux de Dave il n’y a pas d’idéalisation.
Le film montre une violence frontale, accentuée par le montage et les cris de fureur d’Evelyn, mais qui se base encore sur le visuel. Eastwood utilise l’imagerie de l’arme blanche et produit des images chocs, presque iconisées, menaçantes et souvent subjectives, qui marquent le spectateur. La dernière séquence est très violente et participe au réalisme savamment maintenu dans ses détails : Dave reçoit beaucoup de coups de couteau et se coupe même en prenant la lame dans ses mains. Eastwood se permet des petits clins d’œil furtifs à Hitchcock, et notamment avec Psychose. Dans la dernière séquence, chez Tobie, la caméra passe devant une salle de bains. On aperçoit rapidement, en arrière plan, un rideau de douche pendant qu’Evelyn, couteau à la main, donne de grands coups à répétition. On peut aussi noter que la fin du film, qui se déroule dans un décor impressionnant, spectaculaire, rappelle une tendance chère au maître du suspense qui terminait souvent ses films dans de tels lieux, où l’action est ainsi amplifiée. Le film se termine sur une audacieuse touche d’humour noir et de cynisme. La bande audio que Dave a enclenché pour pouvoir rejoindre Tobie, rediffuse une ancienne émission dans laquelle il dédicace ‘Misty’ à Evelyn, au moment même où l’on voit son corps flotter près des rochers. On note enfin, dès ce premier film, un dernier plan qui deviendra récurrent dans ses réalisations, presque une signature, quand la caméra (en plan large) s’éloigne du décor dans les airs."
Stéphane Bauchet, DVDClassik.com
John Cassavetes
Pour Clint Eastwood la mise en scène n’est pas un caprice de star, mais un désir logique qu’il mûrit depuis des années.
"Après m’être heurté la tête contre les murs pendant 17 ans, hanté les plateaux, influencé parfois par mes propres idées les angles de prises de vue, vu les acteurs partir dans n’importe quelle direction sans être aidés, et travaillé avec des réalisateurs bons ou mauvais, je suis arrivé au point où je me sens capable de réaliser mes propres films. Je me souviens de toutes les erreurs mais aussi des bonnes choses. J’en sais assez pour contrôler mes propres projets et obtenir ce que je veux des acteurs".
Extraits de Clint Eastwood de Patrick Brion
"(…) Eastwood adopte dès son premier film quelques caractéristiques qui seront une constante dans ses œuvres. Son approche de la mise en scène lui ressemble : tranquille, fluide, sans efforts visibles. Il évite la frénésie mais accorde une grande importance au rythme. Pour mieux faire ressortir les moments qu’il juge importants, Eastwood contraste un rythme tranquille avec des accélérations soudaines et des pauses.
(…) Eastwood apprend empiriquement son métier et son manque d’expérience pratique se ressent parfois. Dans la séquence du festival la narration perd un peu de l’accumulation dramatique de l’histoire, éloignant aussi le spectateur. Mais à d’autres moments, il réussit à imposer une ambiance tendue sans sacrifier son rythme tranquille.
(…) Eastwood multiplie les symboles et allusions visuelles pour transmettre des sentiments, des émotions, des impressions. Que ce soit une tension sexuelle (plan des jambes nues d’Evelyn près du visage de Dave) ou la soumission (Evelyn accroupie, serrant les jambes de Dave), Eastwood connaît la puissance des images et sait les utiliser dans un film. Il choisit d’accentuer visuellement les sautes d’humeur d’Evelyn en la montrant dans un même plan passer du calme à la haine en quelques fractions de secondes… Eastwood utilise également l’image pour renforcer les différences entre les deux femmes. Tobie est montrée quasi-systématiquement dans des espaces vastes, ouverts à l’infini, au milieu de splendides paysages de nature. Cette imagerie romantique traduit visuellement la relation qui la lie à Dave, Tobie évoquant à ses yeux l’idéal, la pureté, la liberté, l’équilibre. Evelyn, au contraire, est souvent montrée à l’intérieur d’espaces clos, appartements ou cabine téléphonique, pour bien marquer l’opposition du personnage par rapport à Tobie et parce qu’aux yeux de Dave il n’y a pas d’idéalisation.
Le film montre une violence frontale, accentuée par le montage et les cris de fureur d’Evelyn, mais qui se base encore sur le visuel. Eastwood utilise l’imagerie de l’arme blanche et produit des images chocs, presque iconisées, menaçantes et souvent subjectives, qui marquent le spectateur. La dernière séquence est très violente et participe au réalisme savamment maintenu dans ses détails : Dave reçoit beaucoup de coups de couteau et se coupe même en prenant la lame dans ses mains. Eastwood se permet des petits clins d’œil furtifs à Hitchcock, et notamment avec Psychose. Dans la dernière séquence, chez Tobie, la caméra passe devant une salle de bains. On aperçoit rapidement, en arrière plan, un rideau de douche pendant qu’Evelyn, couteau à la main, donne de grands coups à répétition. On peut aussi noter que la fin du film, qui se déroule dans un décor impressionnant, spectaculaire, rappelle une tendance chère au maître du suspense qui terminait souvent ses films dans de tels lieux, où l’action est ainsi amplifiée. Le film se termine sur une audacieuse touche d’humour noir et de cynisme. La bande audio que Dave a enclenché pour pouvoir rejoindre Tobie, rediffuse une ancienne émission dans laquelle il dédicace ‘Misty’ à Evelyn, au moment même où l’on voit son corps flotter près des rochers. On note enfin, dès ce premier film, un dernier plan qui deviendra récurrent dans ses réalisations, presque une signature, quand la caméra (en plan large) s’éloigne du décor dans les airs."
Stéphane Bauchet, DVDClassik.com