France, 1982, 1h35
avec Dominique Sanda, Richard Berry
NUM • VERSION RESTAURÉE
avec Dominique Sanda, Richard Berry
NUM • VERSION RESTAURÉE
Un métallurgiste et ses camarades, une grève, une femme fatale mal mariée... Une ville d’enfance reconstituée, des dialogues chantés, une tragédie.
À cette époque le pont transbordeur enjambe encore la Loire, le premier plan fixe sur lequel se déroule le générique situe l’action avant 1958, année de démontage du pont. Demy a donc recours à un trucage cinématographique, le glass-shot : une plaque transparente interposée entre la caméra et le décor. Avant l’apparition des personnages le cinéaste introduit la ville, celle où est située la chambre, Nantes, décor de son enfance où il a vécu 18 ans. Jacques Demy a déjà ancré ses histoires dans des lieux identifiés dès le titre : Cherbourg, Rochefort. Cette fois, il veut raconter cette ville qui l’a vu grandir et les événements qui l’ont marquée comme cette longue grève de 1955 au cours de laquelle un manifestant fut tué par balle. À 51 ans il réalise enfin ce projet qu’il porte depuis plus d’une vingtaine années, d’abord sous la forme d’un roman, réécrit en scénario et finalement conçu comme un opéra populaire. Michel Legrand, son complice musicien, refusera l’aventure jugeant le script "désespérant", et finalement c’est Michel Colombier qui en composera la partition. Demy essuiera d’autres refus : Catherine Deneuve ne veut pas être doublée pour le chant, Gérard Depardieu décline aussi la proposition d’interpréter François. La production devient risquée et la distribution est intégralement remaniée, abandonnant Isabelle Huppert pressentie pour Violette, et Simone Signoret pour Madame Langlois.
Les dialogues écrits par Demy sont finalement enregistrés en studio, par des chanteurs professionnels à l’exception de Danielle Darrieux (la logeuse de François) qui chante elle même son texte. L’enregistrement est diffusé sur le plateau pendant le tournage et les comédiens jouent en play-back. Mais l’audace formelle de Demy ne se limite pas à une bande son qui met en relief des mots ordinaires parfois vulgaires et souligne le sens d’expressions éculées. Il crée une fois encore un uni-vers esthétique très personnel, véritable explosion de flamboyantes couleurs sur des papiers peints aux motifs improbables.
Le film tire deux fils narratifs : la passion d’Edith et François (Dominique Sanda et Richard Berry) et la grève des sidérurgistes, une histoire d’individus dans l’histoire collective. La dimension sociale s’invite dans les relations amoureuses pour finalement rappeler que, des ouvriers aux aristocrates déclassées, il est bien difficile de prétendre au bonheur. Madame Langlois, toujours soucieuse d’être bien mise même si on ne lui connait aucune relation, comble sa solitude par des petits verres répétés de Muscadet. Edith a commis l’erreur d’épouser Edmond, un commerçant bestial et dia-bolique (Michel Piccoli redoutable), Violette (Fabienne Guyon) éprise de François n’est pas aimée en retour…
Dans ce contexte de grève, la colonelle, autre nom donné à Madame Langlois, abordera de façon assez inattendue la question des classes sociales : "Moi, Guilbaud vous savez, j’emmerde les bourgeois, je ne leur appartiens pas […] je vous aime mieux que tous les bourgeois. Vous et les vôtres vous vous battez pour quelque chose." En 1955, à Nantes et Saint-Nazaire, les ouvriers se battaient en effet pour des augmentations substantielles de leurs maigres salaires. Le film lui, ne sera jamais très précis sur la question : on parle de négociations qui ont échoué, de piquet de grève, mais Demy préfère s’en tenir à l’atmosphère de la lutte et surtout à la solidarité qui unit les ouvriers.
Quand François demande à son camarade Dambiel (Jean-François Stévenin) s’il croit à la justice, celui-ci répond : "Non je crois à la solidarité. Je crois aussi à l’amitié". Cet ami discret, décrit par la colonelle comme celui qui sourit toujours, est l’antithèse absolue de l’outrance qui se dégage à certains moments du film et de l’animalité de certains personnages (Edmond bien sûr, mais aussi Edith, féline uniquement vêtue d’un manteau de fourrure). Étonnant de la part du cinéaste ? Toujours est-il que la brutalité des sentiments et du langage marquent Une chambre en ville. Lyrisme et premier degré s’y mêlent comme dans l’emblématique séquence d’ouverture, où les CRS et les manifestants s’invectivent et s’affrontent… en chantant !
À cette époque le pont transbordeur enjambe encore la Loire, le premier plan fixe sur lequel se déroule le générique situe l’action avant 1958, année de démontage du pont. Demy a donc recours à un trucage cinématographique, le glass-shot : une plaque transparente interposée entre la caméra et le décor. Avant l’apparition des personnages le cinéaste introduit la ville, celle où est située la chambre, Nantes, décor de son enfance où il a vécu 18 ans. Jacques Demy a déjà ancré ses histoires dans des lieux identifiés dès le titre : Cherbourg, Rochefort. Cette fois, il veut raconter cette ville qui l’a vu grandir et les événements qui l’ont marquée comme cette longue grève de 1955 au cours de laquelle un manifestant fut tué par balle. À 51 ans il réalise enfin ce projet qu’il porte depuis plus d’une vingtaine années, d’abord sous la forme d’un roman, réécrit en scénario et finalement conçu comme un opéra populaire. Michel Legrand, son complice musicien, refusera l’aventure jugeant le script "désespérant", et finalement c’est Michel Colombier qui en composera la partition. Demy essuiera d’autres refus : Catherine Deneuve ne veut pas être doublée pour le chant, Gérard Depardieu décline aussi la proposition d’interpréter François. La production devient risquée et la distribution est intégralement remaniée, abandonnant Isabelle Huppert pressentie pour Violette, et Simone Signoret pour Madame Langlois.
Les dialogues écrits par Demy sont finalement enregistrés en studio, par des chanteurs professionnels à l’exception de Danielle Darrieux (la logeuse de François) qui chante elle même son texte. L’enregistrement est diffusé sur le plateau pendant le tournage et les comédiens jouent en play-back. Mais l’audace formelle de Demy ne se limite pas à une bande son qui met en relief des mots ordinaires parfois vulgaires et souligne le sens d’expressions éculées. Il crée une fois encore un uni-vers esthétique très personnel, véritable explosion de flamboyantes couleurs sur des papiers peints aux motifs improbables.
Le film tire deux fils narratifs : la passion d’Edith et François (Dominique Sanda et Richard Berry) et la grève des sidérurgistes, une histoire d’individus dans l’histoire collective. La dimension sociale s’invite dans les relations amoureuses pour finalement rappeler que, des ouvriers aux aristocrates déclassées, il est bien difficile de prétendre au bonheur. Madame Langlois, toujours soucieuse d’être bien mise même si on ne lui connait aucune relation, comble sa solitude par des petits verres répétés de Muscadet. Edith a commis l’erreur d’épouser Edmond, un commerçant bestial et dia-bolique (Michel Piccoli redoutable), Violette (Fabienne Guyon) éprise de François n’est pas aimée en retour…
Dans ce contexte de grève, la colonelle, autre nom donné à Madame Langlois, abordera de façon assez inattendue la question des classes sociales : "Moi, Guilbaud vous savez, j’emmerde les bourgeois, je ne leur appartiens pas […] je vous aime mieux que tous les bourgeois. Vous et les vôtres vous vous battez pour quelque chose." En 1955, à Nantes et Saint-Nazaire, les ouvriers se battaient en effet pour des augmentations substantielles de leurs maigres salaires. Le film lui, ne sera jamais très précis sur la question : on parle de négociations qui ont échoué, de piquet de grève, mais Demy préfère s’en tenir à l’atmosphère de la lutte et surtout à la solidarité qui unit les ouvriers.
Quand François demande à son camarade Dambiel (Jean-François Stévenin) s’il croit à la justice, celui-ci répond : "Non je crois à la solidarité. Je crois aussi à l’amitié". Cet ami discret, décrit par la colonelle comme celui qui sourit toujours, est l’antithèse absolue de l’outrance qui se dégage à certains moments du film et de l’animalité de certains personnages (Edmond bien sûr, mais aussi Edith, féline uniquement vêtue d’un manteau de fourrure). Étonnant de la part du cinéaste ? Toujours est-il que la brutalité des sentiments et du langage marquent Une chambre en ville. Lyrisme et premier degré s’y mêlent comme dans l’emblématique séquence d’ouverture, où les CRS et les manifestants s’invectivent et s’affrontent… en chantant !
CAMPBON • Cinéma Victoria
Mar 08/10/2019, 20:30
LA MONTAGNE • Cinéma Le Montagnard
Mar 08/10/2019, 20:30
SAINT-HERBLAIN • Cinéma Lutétia
Dim 17/11/2019, 18:00
SAINT-MICHEL-CHEF-CHEF • Cinéma Saint-Michel
Lun 18/11/2019, 20:30
BOUGUENAIS • Cinéma Le Beaulieu
Mer 04/12/2019, 20:00
SAINT-ÉTIENNE-DE-MONTLUC • Montluc Cinéma
Mar 10/12/2019, 20:45
ANCENIS • Cinéma Éden 3
Mar 17/12/2019, 20:30
LE POULIGUEN • Cinéma Pax
Jeu 02/01/2020, 21:00
LA TURBALLE • Cinéma Atlantic
Ven 03/01/2020, 20:45
NANTES • Cinéma Bonne Garde
Mer 15/01/2020, 20:30
DIVATTE-SUR-LOIRE • Cinéma Jacques Demy
Dim 19/01/2020, 17:10
VERTOU • Ciné-Vaillant
Jeu 13/02/2020, 20:00
HÉRIC • Cinéma Le Gén'éric
Jeu 20/02/2020, 20:30
SAINTE-MARIE-SUR-MER • Cinéma Saint-Joseph
Jeu 14/05/2020, 20:30
Mar 08/10/2019, 20:30
LA MONTAGNE • Cinéma Le Montagnard
Mar 08/10/2019, 20:30
SAINT-HERBLAIN • Cinéma Lutétia
Dim 17/11/2019, 18:00
SAINT-MICHEL-CHEF-CHEF • Cinéma Saint-Michel
Lun 18/11/2019, 20:30
BOUGUENAIS • Cinéma Le Beaulieu
Mer 04/12/2019, 20:00
SAINT-ÉTIENNE-DE-MONTLUC • Montluc Cinéma
Mar 10/12/2019, 20:45
ANCENIS • Cinéma Éden 3
Mar 17/12/2019, 20:30
LE POULIGUEN • Cinéma Pax
Jeu 02/01/2020, 21:00
LA TURBALLE • Cinéma Atlantic
Ven 03/01/2020, 20:45
NANTES • Cinéma Bonne Garde
Mer 15/01/2020, 20:30
DIVATTE-SUR-LOIRE • Cinéma Jacques Demy
Dim 19/01/2020, 17:10
VERTOU • Ciné-Vaillant
Jeu 13/02/2020, 20:00
HÉRIC • Cinéma Le Gén'éric
Jeu 20/02/2020, 20:30
SAINTE-MARIE-SUR-MER • Cinéma Saint-Joseph
Jeu 14/05/2020, 20:30