PROGRAMMATION JUIN-JUILLET 2004
Zona Oeste / La femme est sentimentale est le résultat d’un travail commencé dans le cadre de la Villa Medicis Hors Les murs 1996 de la AFAA, Ministère des Affaires Etrangères, section Arts Plastiques, sur un projet intitulé « Portraits Carioca ». Chaque tournage a eu lieu pendant des séjours différents au Brésil, le premier en 1997, les autres les années suivantes.
La femme est sentimentale est l’un de ces portraits dont il fallait faire un film. Zona Oeste est, lui, la réalisation d’une recherche de portraits croisés.
Zona Oeste a été projeté entre autres au Festival du film de Rotterdam, au Pacific Film Archive de Berkeley, au Centre Georges Pompidou et au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris. La femme est sentimentale est, jusque là, resté plutôt inédit
La femme est sentimentale est l’un de ces portraits dont il fallait faire un film. Zona Oeste est, lui, la réalisation d’une recherche de portraits croisés.
Zona Oeste a été projeté entre autres au Festival du film de Rotterdam, au Pacific Film Archive de Berkeley, au Centre Georges Pompidou et au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris. La femme est sentimentale est, jusque là, resté plutôt inédit
ZONA OESTE
de Olivier Zabat
France, 2002, 42 min, vidéo, VOST Français et Anglais
France, 2002, 42 min, vidéo, VOST Français et Anglais
Zona Oeste est en trois parties.
Dans la première intitulée O Lado certo a vida errada, quatre adolescents d’une favela de Rio de Janeiro, trafiquants de drogue locaux et membres d’une faction appelée Commando Vermelho, s’expriment sur leur condition de bandits qui vivent « du côté juste de la mauvaise vie ». Ils tentent de justifier leur choix par la situation très précaire dans laquelle ils se trouvent. Entre les moments où ils s’expriment devant la caméra, ils rejouent des meurtres qu’ils disent avoir commis et reconstituent une situation de riposte face à l’ennemi.
Dans la deuxième, Papa Mãe, deux hommes se présentant comme policiers militaires brésiliens parlent des contrats qu’ils effectuent en parallèle à leur activité de policiers. Après avoir rejoué l’appréhension d’un bandit suivie d’une exécution sommaire, ils tentent aussi de se légitimer en tant que « justiciers » qui « extirpent le mal » et qui sont « encore pires que les vauriens qui sont mauvais pour la société ».
Dans la dernière partie, Disparos para o alto (le temps de l’ignorance), il s’agit d’un prédicateur évangéliste brésilien de l’ « Assemblée de Dieu » qui a renoncé à la chaire qu’il exerçait dans son église pour devenir bandit. Responsable d’un point de vente de drogue au moment du tournage, il dit ne jamais avoir perdu la foi et regretter cette époque révolue « de joie et de fraternité » au sein du milieu religieux. Il souhaite revenir à l’Evangile comme le « fils prodigue », et est convaincu de sa rédemption car « quand quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ».
Dans la première intitulée O Lado certo a vida errada, quatre adolescents d’une favela de Rio de Janeiro, trafiquants de drogue locaux et membres d’une faction appelée Commando Vermelho, s’expriment sur leur condition de bandits qui vivent « du côté juste de la mauvaise vie ». Ils tentent de justifier leur choix par la situation très précaire dans laquelle ils se trouvent. Entre les moments où ils s’expriment devant la caméra, ils rejouent des meurtres qu’ils disent avoir commis et reconstituent une situation de riposte face à l’ennemi.
Dans la deuxième, Papa Mãe, deux hommes se présentant comme policiers militaires brésiliens parlent des contrats qu’ils effectuent en parallèle à leur activité de policiers. Après avoir rejoué l’appréhension d’un bandit suivie d’une exécution sommaire, ils tentent aussi de se légitimer en tant que « justiciers » qui « extirpent le mal » et qui sont « encore pires que les vauriens qui sont mauvais pour la société ».
Dans la dernière partie, Disparos para o alto (le temps de l’ignorance), il s’agit d’un prédicateur évangéliste brésilien de l’ « Assemblée de Dieu » qui a renoncé à la chaire qu’il exerçait dans son église pour devenir bandit. Responsable d’un point de vente de drogue au moment du tournage, il dit ne jamais avoir perdu la foi et regretter cette époque révolue « de joie et de fraternité » au sein du milieu religieux. Il souhaite revenir à l’Evangile comme le « fils prodigue », et est convaincu de sa rédemption car « quand quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ».
LA FEMME EST SENTIMENTALE
de Olivier Zabat
France, 2001, 11min, vidéo
France, 2001, 11min, vidéo
Sorte de complément-dénouement à Zona Oeste, La femme est sentimentale est filmé sur une plage de Rio.
C’est l’endroit par excellence où les cariocas (habitants de Rio) peuvent encore rêver et échapper au quotidien, sorte de forum démocratique où quasi-nudité et gratuité estompent momentanément les différences sociales.
Sur l’une de ces plages de rêve, deux jeunes femmes des favelas racontent la violence omniprésente qui régit leur existence : celle des bandits avec qui elles vivent comme celle de la police défendant aveuglement les classes aisées. Contraste, avec la cruauté de leurs paroles, le détachement quasi-philosophique qui les anime, forme d’insouciance salvatrice, loin de l’inconscience. Contraste aussi la musique chaloupée de la langue brésilienne, le visuel coloré, éclatant, mouvant… Comme si la beauté de ces femmes, tel le cadre dans lequel elles sont filmées, affirmait cette capacité de la vie à coexister avec la mort, sans céder.
C’est l’endroit par excellence où les cariocas (habitants de Rio) peuvent encore rêver et échapper au quotidien, sorte de forum démocratique où quasi-nudité et gratuité estompent momentanément les différences sociales.
Sur l’une de ces plages de rêve, deux jeunes femmes des favelas racontent la violence omniprésente qui régit leur existence : celle des bandits avec qui elles vivent comme celle de la police défendant aveuglement les classes aisées. Contraste, avec la cruauté de leurs paroles, le détachement quasi-philosophique qui les anime, forme d’insouciance salvatrice, loin de l’inconscience. Contraste aussi la musique chaloupée de la langue brésilienne, le visuel coloré, éclatant, mouvant… Comme si la beauté de ces femmes, tel le cadre dans lequel elles sont filmées, affirmait cette capacité de la vie à coexister avec la mort, sans céder.
OLIVIER ZABAT
Olivier Zabat, 39 ans, est artiste plasticien photographe et réalisateur. Il est particulièrement reconnu pour ses films mêlant l'expérimentation filmique, la recherche plastique et conceptuelle et le document sociologique. Son travail est donc présenté aussi bien dans les musées et centres d'art internationaux, que dans des programmations cinématographiques et des festivals de documentaires. Il a été lauréat de plusieurs bourses de recherche à l'étranger, notamment la Villa Medicis Hors Les Murs, pour ses projets artistiques au Brésil et au Kosovo.
UN FILM DOUBLE
Présentés dans un même programme, Zona Oeste / La femme est sentimentale est en fait constitué de deux films distincts.
En effet ceux-ci, tournés à Rio de Janeiro dans une période proche, présentent des traits communs évidents qui auraient pu constituer la toile de fond d’un film unique.
Mais si l’auteur a tenu à les séparer c’est qu’ils ne pouvaient pas véritablement prendre place ensemble, ni se contredire, encore moins s’accorder, ni véritablement co-exister —comme leurs protagonistes le font pourtant dans la réalité. En effet plusieurs choses les opposaient. Quand Zona Oeste s’invite chez les garçons, ils sont masqués pour narrer et mettre en scène leurs “exploits”. Quand La femme est sentimentale ne convie que deux femmes, elles s’expriment à découvert et se dévoilent humblement. Ils sont bandits ou flics véreux, acteurs de leur propres méfaits, elles sont témoins et victimes de cette violence omniprésente. Zona Oeste n’est tourné qu’en intérieurs, La femme est sentimentale se déroule sur la plage...
Les rassembler dans un seul film aurait été comme les mettre sur le même plan, presque à égalité. Or ces femmes ne sont pas dans le même film d’action hollywoodien que les hommes, leur façon de considérer leur existence n’a pas la complaisance de ceux qui vivent enfermés dans leurs représentations.
Dans leur lutte pour la survie et le pouvoir, ces hommes composent avec d’absurdes valeurs où, religion, honneur et justice se mêlent à une conception clanique de la société. Mais si ces femmes vivent dans un même camp, celui des favelas et des gangs, elles ne s’y identifient pas et prônent l’espoir, contre la violence et l’archaïsme inégalitaire. Elles sont dans la légèreté d’un monde à venir, quand ils perpétuent le poids confus d’un passé trop présent…
Un même film n’aurait pas suffisamment dit ce qui les oppose. Mais tant de similitudes, d’échos, de renvois de l’un à l’autre, tant d’oppositions et de paradoxes aussi, invitait de manière insistante à les convoquer ensemble.
Détacher La femme est sentimentale de Zona Oeste, pour enfin les présenter conjointement sous le titre Zona Oeste / La femme est sentimentale continuait ce geste paradoxal de l’acte créateur, propre à Zabat et proprement cinématographique : séparer pour composer...
En effet ceux-ci, tournés à Rio de Janeiro dans une période proche, présentent des traits communs évidents qui auraient pu constituer la toile de fond d’un film unique.
Mais si l’auteur a tenu à les séparer c’est qu’ils ne pouvaient pas véritablement prendre place ensemble, ni se contredire, encore moins s’accorder, ni véritablement co-exister —comme leurs protagonistes le font pourtant dans la réalité. En effet plusieurs choses les opposaient. Quand Zona Oeste s’invite chez les garçons, ils sont masqués pour narrer et mettre en scène leurs “exploits”. Quand La femme est sentimentale ne convie que deux femmes, elles s’expriment à découvert et se dévoilent humblement. Ils sont bandits ou flics véreux, acteurs de leur propres méfaits, elles sont témoins et victimes de cette violence omniprésente. Zona Oeste n’est tourné qu’en intérieurs, La femme est sentimentale se déroule sur la plage...
Les rassembler dans un seul film aurait été comme les mettre sur le même plan, presque à égalité. Or ces femmes ne sont pas dans le même film d’action hollywoodien que les hommes, leur façon de considérer leur existence n’a pas la complaisance de ceux qui vivent enfermés dans leurs représentations.
Dans leur lutte pour la survie et le pouvoir, ces hommes composent avec d’absurdes valeurs où, religion, honneur et justice se mêlent à une conception clanique de la société. Mais si ces femmes vivent dans un même camp, celui des favelas et des gangs, elles ne s’y identifient pas et prônent l’espoir, contre la violence et l’archaïsme inégalitaire. Elles sont dans la légèreté d’un monde à venir, quand ils perpétuent le poids confus d’un passé trop présent…
Un même film n’aurait pas suffisamment dit ce qui les oppose. Mais tant de similitudes, d’échos, de renvois de l’un à l’autre, tant d’oppositions et de paradoxes aussi, invitait de manière insistante à les convoquer ensemble.
Détacher La femme est sentimentale de Zona Oeste, pour enfin les présenter conjointement sous le titre Zona Oeste / La femme est sentimentale continuait ce geste paradoxal de l’acte créateur, propre à Zabat et proprement cinématographique : séparer pour composer...
SEANCES
SAMEDI 12 À 20H30
DIMANCHE 13 À 18H30
MARDI 15 À 20H30
DIMANCHE 13 À 18H30
MARDI 15 À 20H30