Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

LA SÉANCE DES CINÉ SUP'

Le bonheur (Schastye)


d'Alexandre Medvedkine



LA SÉANCE DES CINÉ SUP' • NOVEMBRE 2013

Russie, 1934, 1h03, muet
avec Pyotr Zinovyev, Mikhail Gipsi, Yelena Yegorova


Le bonheur (Schastye)
Ce chef-d'oeuvre du cinéma soviétique à la fois parabole politique et oeuvre poétique, film social et comédie ironique, raconte la recherche du bonheur d’un paysan naïf qui finit par le trouver après bien des vicissitudes en rejoignant un kolkhoze.

"Alexandre Medvedkine (1900-1989) a taillé ses lettres de noblesses de cinéaste à grands coups de marteau dans le marbre de la propagande socialiste. Dans les années 30, en pleine stalinisation, il lance son célèbre “train cinématographique” : son équipe parcourt l’empire soviétique de chantier en chantier, filme les ouvriers, développe dans la nuit les films pour leur montrer et galvaniser leur élan dans la construction de la nouvelle Russie. S’il faut encourager le peuple dans un geste héroïque, il faut aussi savoir le faire rire avec des vieilles histoires.
Dans "Le Bonheur", l’art de Medvedkine s’enracine dans le folklore des contes populaires. Le moujik Khmyr, paysan misérable, maladroit, subit les tourments du tsarisme de la grande Russie et part chercher le bonheur, impossible dans un monde injuste. Dans une envolée lyrique, Eisenstein n’hésita pas à comparer Medvedkine à Chaplin, sauf que “chez Chaplin, le gag est individualiste, chez Medvedkine, il est socialiste.” Socialiste, Medvedkine l’est dans son sens de la vignette et le charme d’un cinéma dépourvu de profondeur de champ, à la manière d’un théâtre de marionnettes. Le comique naît d’un certain sens de l’étrangeté, de la bizarrerie amusante, d’une stylisation extrême des décors et des personnages. Jusqu’à transformer des soldats tsaristes en pantins, avec des masques à la place du visage, la bouche ouverte, entre le cri de gloire et l’hébétude de poupée gonflable. Entre une stylisation de propagande et un réalisme très “nature morte”, la tension comique cède souvent le pas à une étrangeté à la limite du fantastique."

Luc Arbona, Les Inrockuptibles

Séance unique


Dimanche 10 novembre à 15h30