Le Cinematographe
Le Cinématographe
Le Cinématographe, salle de cinéma à Nantes et Education à l'image

LA LOI DU GENRE

Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath)


de John Ford



LOI DU GENRE • NOVEMBRE 2016

USA, 1940, 2h10, VOSTF
avec Henri Fonda, Jane Darwell, John Carradine, Charles Grapewin

Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath)
Au début des années 30, après quatre années d’incarcération dans un pénitencier de l’Oklahoma, Tom Joad (Henry Fonda) s’apprête à rejoindre la ferme familiale. Les USA connaissent alors une crise économique majeure pendant laquelle les banques s’approprient les terres des paysans endettés. Comme tant d’autres, le clan Joad prend la route de la Californie, cette terre promise pour tous les délaissés de l’Amérique. Mais le chemin est long et l’Eldorado n’est qu’une belle utopie. Il faut se battre pour survivre et tenter d’y croire encore…

"En 1940, Les Raisins de la colère marque non seulement une étape charnière de la filmographie de Ford mais aussi un rapport entre la route et le peuple. Voici venu le temps des road movies contraints. Tom Joad est bien le héros fordien qui se réinvente au contact de ceux qu'il rencontre, mais le peuple après quatre années de prison a changé. Dès la séquence d'ouverture s'exprime le sentiment nouveau d'un peuple déjà constitué mais qui se fracture sous les coups de boutoir de la crise économique. Le bras posé contre un nommé "cross roads" (la Nation à la croisée des chemins ?) de l'insouciance d'un homme et d'une femme qui ne semblent pas connaître la crise, comme si eux et lui partageaient le même cadre mais n'habitaient plus le même monde. Émergence de deux Amériques : l'Amérique des exploitations agricoles familiales (la génération condamnée du grand-père Joad) et celle de l'ère mécaniste qui se regardent désormais d'un œil circonspect, inquiet, jaloux et parfois agressif, un rapport conflictuel dont le film dépliera toutes les manifestations - l'échange musclé entre Joad et un camionneur méfiant, celui qui l'oppose à un shérif local (Ward Bond, grand bénéficiaire des mutations économique), le rituel fordien de la fête perturbé par le surgissement de casseurs, de lynchage de Casy par un posse improvisé (scène reprise à distance dans Easy rider, comme si s'était joué et perdu ici une certaine image du grand peuple américain.)
Après le moment idéalisé de la construction du peuple, voici venu le temps du risque du démembrement. soit la tâche nouvelle de Tom Joad : non pas étendre les limités de la communauté, mais fabriquer un nouveau lien entamé par la Dépression, établir un dialogue entre deux peuples et, plus précisément, entre deux Amériques que la crise a opposées. Nul doute qu'à partir des Raisins de la colère, la route dans les films de Ford change de nature : elle célébrait jusque-là l’édification d'un peuple, désormais elle tente de contenir son éclatement." Bernard Benoliel et Jean-Baptiste Thoret, Road Movie, USA, éditions Hoëbeke, 2011

Séances

mercredi 2/11 20:30 - - vendredi 4/11 18:30 - - samedi 12/11 16:30 - - lundi 14/11 18:30

> Programmé à l'occasion du cycle L'Amérique des marges en octobre-novembre au Cinématographe